Le retour catastrophique de Paul S.W. Anderson dans la réalisation.

Après avoir visionné un troisième opus suffisamment potable pour le considérer comme un bon divertissement, j’espérais qu’on allait poursuivre dans la bonne direction avec le même cinéaste d'un premier opus acceptable. J’y croyais vraiment au potentiel de la réalisation mais en assistant à l’invasion improbable des Alices dans le QG d’Albert Wesker, je découvre qu'on part carrément dans un délire navrant et irrationnel. Je veux bien accepter qu’un réalisateur mise beaucoup sur l’action et sur les bénéfices de la 3D pour entraîner son public dans un déluge d'action distrayant, mais avec un scénario mieux travaillé, plus cohérent et plus sage aurait été beaucoup plus profitable comme expérience cinématographique. Ce réalisateur fait vraiment n’importe quoi, il ne s’est pas posé de questions et prend son public pour des crétins.


Je ne sais pas par où commencer tellement que le réalisateur enchaîne les incohérences et les aberrations, il y a clairement un manque de respect total de la série des jeux vidéo. Si je dois citer un défaut majeur, ce serait l’utilisation abusive des ralentissements. Paul S.W Anderson ralentit des images mouvementées qui n’ont aucun intérêt d’être au ralenti comme le clignement insignifiant des yeux d’Ali Larter face au bourreau géant ou même les coups envoyés à Albert Wesker pendant le combat final. Les ralentissements, c’est beau à voir mais à force d'en utiliser ou ne pas savoir les utiliser correctement, ça devient vite un spectacle lourd et esquintant. Des incohérences, comme je vous l’ai dit, il en y a un bon lot et je n'ai pas envie de les citer tous tellement que ça va à l’au-delà de la connerie.


Je peux citer par exemple le moment où Alice perd ses pouvoirs et malgré cet handicap, elle arrive tout même à survire au crash d’un hélicoptère qui vient tout juste percuter de plein fouet le flanc d’une montagne. Le réalisateur n'a aucun sens logique, il écrit ce qu'il veut, ne réfléchit pas et reprends avec considération que des éléments banals de la série des jeux vidéo comme la folie cannibale des zombies ou le bourreau géant et sa hache monstrueuse. Au niveau du casting, je dirais que c’est un peu la même chose que dans les autres opus. On note la présence d'une Milla Jovovich toujours aussi badass mais dépourvue de toute qualité morale pour bien camper ses personnages, Ali Larter est satisfaisante dans la peau d’une Claire Redfield amnésique et le reste du casting est passable dans l’ensemble.


La seule chose qui est décevante dans le casting, c’est l’interprétation minable de Wentworth Miller dans la peau de Chris Redfield, personnage emblématique de la série des jeux vidéo. Loin d’être aussi baraqué et charismatique que le tireur BSAA du jeu vidéo, Wentworth Miller n’a apparemment rien à foutre de son personnage, il joue son rôle comme cela lui chante. Heureusement qu'on peut compter sur un Shawn Roberts qui se montre très persuasif dans la peau de l’invulnérable Albert Wesker. Il a de la gueule, une ressemblance étonnante de l’antagoniste des jeux vidéo, une qualité d'interprétation bien plus que convenable mais malheureusement, son traitement est assez affligeant et il est peu présent en plus.


Il survit aussi au crash de l’hélicoptère mais curieusement, on ne le voie plus pendant une bonne partie du film et se montre à la fin, sans savoir nous dire comment il a survécu et de quelle manière il s'est transformé en un super-homme qui a la capacité d'esquiver les balles à la vitesse de l'éclair. Ce pouvoir inouïe est une idée qui est très bien reprise du jeu vidéo Resident Evil 5, comme d’ailleurs le combat final d'Albert face à la famille Redfield dont si on étudie les mouvements de combat, ce sont exactement les mêmes que ceux exécutés par Chris et Sheva lors de leur affrontement avec Albert sur la piste atterrissage dans le jeu vidéo. Le chorégraphe de combat ne s'est apparemment pas fait chier. Il a sans aucun doute joué au jeu vidéo, a mémorisé les mouvements et a dit aux acteurs de faire ça.


Et pour couronner le tout, le réalisateur agrémente ses ralentissements lourdingues par une jolie sonorité très tranquille, à la même tonalité qu'une berceuse à faire endormir les petits enfants dans leurs lits. Autant que fan de la série des jeux vidéo, je suis vraiment déçu. Le metteur en scène a sorti de bonnes idées mais il a vraiment fait n'importe quoi. On était bien parti avec un troisième opus correct mais Paul S. W. Anderson a cassé pitoyablement cet élan. Il pouvait faire largement faire mieux s'il avait à la limite pris plus de soin à la qualité du scénario. Je sens que le metteur en scène aime faire plaisir à son public, je reconnais sa bonne maîtrise de la caméra pour tourner des scènes d'action explosives et même les effets spéciaux sont bien travaillés pour accentuer quelques scènes distrayantes en intensité. Si je dois décrire le metteur en quelques mots, il a le sens du spectacle mais pas celui de la raison. 4/10




  • Joli atterrissage !

  • Techniquement, c’est plutôt un crash !


LeTigre

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