2 Septembre 1992, je n'étais pas né mais en revanche une légende du cinéma pointait le bout de son nez, le maintenant plus que célèbre et souvent adulé Quentin Tarantino nous explosait la tronche avec son premier film, un huis clos ultra violent et aux dialogues fascinants. Je ne connais pas la réaction des spectateurs à l'époque, tout ce que je sais maintenant c'est que ce film est un culte absolu et qu'il a révélé un cinéaste blindé de talent et dont j'attend impatiemment ses nouveaux films.

On parle souvent de "Pulp Fiction", deuxième chef d'oeuvre du fameux Quentin sorti trois ans plus tard, mais il ne faut pas pour autant oublier ce premier film, des pépites comme ça on en voit rarement, surtout pour un début de filmographie. Même si Tarantino avait auparavant tourné un film de 70 minutes dont plus d'une trentaine furent perdues dans un incendie il faudra bien attendre "Reservoir Dogs" pour que le gars soit reconnu.
Et ça aurait été bien moche de passer à coté d'un spécimen du genre, avant d'être un cinéaste Quentin Tarantino est un cinéphile, ce qui n'est pas le cas de tout réalisateur, ce qu'aime Quentin c'est faire se qu'il aime, ni plus ni moins, avoir une liberté totale et s’éclater, et on peut clairement voir à travers ses films que son vœu est exaucé.

"Reservoir Dogs" nous place dans une situation simple, un vieux hangar avec quelques mecs en costards qui débattent sur l'éventuelle présence d'une taupe dans le groupe, car ils sortent tous d'un braquage qui a mal tourné où les flics se sont pointés bien trop tôt pour que ça ne soit pas une embuscade. C'est tout bête comme histoire, mais quand on nous la livre avec une mise en scène brillante et un style hors norme on ne peut que tomber amoureux de ce film. Et ce qui est on ne peut plus novateur et intelligent comme choix c'est de ne pas avoir montré à l'écran le dit braquage, c'est simple, nous passons d'une intro dans un resto placé sous le signe de la discutions déjanté à la Tarantino à un plan dans une voiture pleine de sang où un des membres du groupe hurle à plein poumon, entre les deux nous n'aurons qu'un générique au ralenti sublimé d'une musique fabuleuse.
En bref, on ne voit aucune partie du braquage, et ceux durant tout le film, c'est plutôt culotté pour un film de "gangsters", mais ça relève finalement du génie, de plus le film nous offre également des flashback maîtrisés, le tout est comme avec tous ses films, jouissif à souhait, et bien évidement sanglant mais pour les connaisseurs cette précision est futile. Peu peuvent se féliciter d'un premier métrage aussi parfait et unique, il ne plait certes pas à tout le monde, ce qui n'est pas étonnant car rien au monde ne fait l'unanimité mais moi j'en suis dingue, ce qui est normal car je suis dingue du cinéma du monsieur, aucun de ses films ne m'a déçu et ce n'est certainement pas celui ci qui ouvrira le bal.

J'ai beau l'avoir vu plusieurs fois et avoir beaucoup d'autres œuvres à voir mais j'ai voulu le revoir, ce que j'ai fais pas plus tard qu'aujourd'hui, et en VO qui plus est, pour la première fois, et quel bonheur, tout est parfait dans ce film, en plus d'un scénario atypique et captivant nous retrouvons une réalisation incroyable pour un jeune réalisateur. Surtout qu'il s'est débrouillé avec très peu de budget et de moyens, à tel point qu'une des voitures du films appartient à l'un des acteurs, les décors sont peu nombreux et cela n'est pas bien surprenant pour un huis clos, enfin nous nous retrouvons à l’extérieur du hangar à plusieurs reprises mais le cœur du film se déroule dans ce vieux bâtiment, dans ce réservoir en gros, où des chiens se battent, d'où le titre.
Pour ce qui est du casting Tarantino mélange nouvelles têtes et vieux de la vieille, Harvey Keitel par exemple, bien connu grâce à Scorsese, il est en quelque sorte la tête d'affiche du film et il tient son rôle avec beaucoup de talent, Lawrence Tierney également connu avant, ou encore Steve Buscemi révélé par les frères Coen, mais à coté de ça on retrouve des moins connus, déjà acteur certes mais a qui on a pas vraiment prêté attention comme Tim Roth qui maintenant est sans être une star absolue très connu, Michael Madsen qui lui n'aura jamais vraiment de succès à force d’enchaîner les films de séries B, mais quand on le retrouve chez Tarantino il est excellent, Chris Penn, le frère de Sean lui aussi se fait connaitre grâce à ce film même s'il n'a jamais vraiment explosé non plus, et puis vint Quentin Tarantino lui même qui se joint au groupe.
Un casting qui de nos jours est en plus d'être excitant juste génial quoi, outre cette technique grandiose et ce casting croustillant nous découvrons, enfin pour ceux qu'ils l'ont connu au début, sa fascination pour la musique, depuis la sortie de ce film et encore maintenant il ne se passe pas un de ses films où la bande son soit exquise, elle fait partie intégrante de chacune de ses œuvres et celle de "Reservoir Dogs" doit faire partie des meilleures, ce n'est pour rien que j'ai acheté le disque de la bande son. Rien que le morceau "little green bag" sur le générique du début me rend dingue, et quand je repense à une des musiques du film je l'associe directement à celui ci, bien que ce soit des morceaux non composés pour l'oeuvre, comme souvent Tarantino privilégie les musiques déjà existantes et ce n'est pas plus mal.

En bref, ce fabuleux film que nous offre Tarantino n'est pas devenu un culte pour rien, c'est une bête à tous les niveaux et son réalisateur qui fait parti de mes préférés à ma reconnaissance éternel, un tel homme et un tel fan de cinéma devrait vivre éternellement !

Créée

le 13 janv. 2015

Critique lue 616 fois

18 j'aime

-MC

Écrit par

Critique lue 616 fois

18

D'autres avis sur Reservoir Dogs

Reservoir Dogs
Sergent_Pepper
8

Omniscience fiction.

Il faut 7 minutes et 40 secondes au jeune premier Tarantino pour apposer sa patte unique au 7ème art, au cours d’une séquence dialoguée qui déclare avec autant de fracas que de nonchalance toute sa...

le 12 mars 2016

127 j'aime

6

Reservoir Dogs
Gand-Alf
10

Mad Men.

Flash-back. Seconde moitié des années 90. Je dois avoir douze ou treize ans, je délaisse petit à petit le monde de l'enfance pour celui de l'adolescence, les dinosaures et les transformers s'effaçant...

le 28 avr. 2013

124 j'aime

4

Reservoir Dogs
Strangelove
9

Master of puppets

Ils ne sont pas nombreux à avoir tapé juste dès le premier film et Reservoir Dogs est un coup de maître. Et quand on connait son histoire, on ne peut qu'admettre que ce film est un miraculé. Car si...

le 20 janv. 2016

81 j'aime

4

Du même critique

Mad Max - Fury Road
-MC
10

WHAT A LOVELY DAY !

Voilà que le film se fini, les lumières se rallument, ni une ni huit je fonce rejoindre mon Interceptor (ouais enfin ma punto quoi, un peu d'imagination !), je démarre le moteur et v'là qu'il...

Par

le 23 mai 2015

57 j'aime

7

Interstellar
-MC
9

Quand vient l'espoir

Vous connaissez "Interstellar" ? Un petit film peu connu réalisé par Dolan ou Nolan je ne sais plus, non parce que moi je l'ai trouvé très sympa et j'aimerais qu'il soit plus connu. Non sans...

Par

le 17 nov. 2014

57 j'aime

31

Once Upon a Time... in Hollywood
-MC
10

Mélanchollywood

Tarantino a déclaré il y a quelques années, en parlant des films Western et donc forcément de Sergio Leone, que d'après lui, on ne peut se prétendre réalisateur de Western qu'une fois qu'on en a...

Par

le 14 août 2019

53 j'aime

36