Un film bien singulier.
Tel un India Song dénué de sa volupté, les habitants d’une contrée demeurent inertes, prisonniers de leur corps, lèvres scellées, où leurs paroles témoignent de leurs troubles. Le mouvement se veut rare et s’apprécie par les lents déplacements de caméra ou des quelques êtres ayant échappé à cette malédiction. Un contraste s’articule alors, entre la nature qui continue à se mouvoir et les Homme, obnubilés, animés en leur esprit.
Fantastique univers en lequel le naturel et le surnaturel se côtoient. On l’y parle de fantômes et de sorcières mais surtout d’une bête cachée dans les abysses de l’océan, coupable de tous les maux. Des histoires se content comme celle de sa venue accompagnée d’une lune rouge. Le film se structure autour de cela et le récit se re rend volontairement lacunaire pour y installer cette appréhension.
Red Moon Tide est d’une beauté picturale magistrale. Les campagnes et forêts, les intérieurs intimes, les pittoresques villages et champs, les décors industriels sont tous arborés par des plans millimétrés et de vives couleurs. Ce rythme lancinant et cette lugubre bande-son apportent au métrage son caractère inquiétant, mais d’une poésie qui transporte, fascine. Le long plan sur la cascade qui s’éternise sur plusieurs dizaines de mètres au point d’altérer nos repères ; cet océan sinistre où la lumière peine à s’aventurer ; les draps blancs recouvrant les corps, contrastant avec le paysage. L’œuvre ne s’explique pas. Elle se contemple, s’intériorise puis bouleverse.
Alors quoi ? Allégorie des conséquences de la pollution sur l’Homme ? Hommage vibrant à l’univers Lovecraftien ? Je ne sais pas. Mais la marque que m’a laissé ce film, quand bien même soit-elle floue, m’a affecté suffisamment pour en susciter un troublant coup de cœur.