Rebecca
5.4
Rebecca

Film VOD (vidéo à la demande) de Ben Wheatley (2020)

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Rebecca version 2020 est l’exemple parfait du film que nombre de critiques lynchèrent avant même sa sortie pour la seule raison qu’il ose offrir à l’œuvre littéraire de Daphné du Maurier une nouvelle adaptation après celle réalisée par Alfred Hitchcock en 1940. Sacrilège ! Les puristes dressent le bûcher. Comment ?! Prétendre rivaliser avec le maître ?! Or, c’est justement là que réside l’intérêt principal du long métrage de Ben Weathley : être face à Hitchcock comme la demoiselle de compagnie vis-à-vis de l’inégalable Rebecca. Contre la sophistication, la simplicité ; contre la psychologie, le drame romantique teinté de gothique.


Cette nouvelle mouture accentue la trajectoire identitaire du personnage principal qui, à terme, aura triomphé des spectres qui les hante, elle et son époux, pour trouver dans l’errance touristique autant de fenêtres ouvertes sur un ailleurs porteur de tous les possibles. Dans le mouvement réside l’amour véritable, celui qui échappe à la nostalgie douloureuse du manoir, de ses pièces gardées intactes, de son architecture qui, tel un coffre-fort, semble abriter un fantôme. Toutes les tentatives de la jeune femme pour ressembler à Mme de Winter échouent, ce qui la conduit, par réactions, à prendre conscience de son identité qu’elle circonscrit à mesure qu’elle heurte des murs. Le film a l’intelligence de s’ouvrir et de se refermer sur une figuration de la liberté sans attaches qui ne tient compte ni du passé, ni du présent, ni de la différence de classe sociale.


Les acteurs s’avèrent ici fort convaincants, à commencer par le duo de tête : Lily James et Armie Hammer. En gouvernante diabolique, Kristin Scott Thomas trouve un rôle à sa hauteur, qu’elle campe avec une froideur teintée de douleur, celle d’un deuil impossible. Rebecca n’est certes pas un grand film mais ne mérite en rien la réception critique négative qu’il a reçue. Comme si convoquer Hitchcock et se cacher derrière lui constituait un gage de qualité intellectuelle ; ce n’est, dans le cas présent, qu’un aveu involontaire de cécité.

Créée

le 27 mars 2021

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