Il était enfin rentré chez lui, pensait être en paix malgré les blessures d’un passé continuant à le hanter. La guerre le rattrape sous une nouvelle forme. Vous connaissez son nom, sa légende, vous savez de quoi il est capable. Ils ont versés le premier sang, il versera le dernier. Prenez-lui son cœur au sens figuré, il prendra le vôtre au sens propre. 11 ans plus tard, Sylvester Stallone revient dans Rambo : The Last Blood. Personne ne pourra l'arrêter.


L’épisode le plus profond de la franchise


Sa guerre n’est pas terminée. Avant que son pote Schwarzy reprenne ses anciennes habitudes de Terminator dans Terminator : Dark Fate, au tour de Sylvester Stallone de retrouver un des personnages qui l’a rendu célèbre. On pensait qu'il avait enfin trouvé la paix en rentrant chez lui. La fin de John Rambo bouclait superbement la boucle créée dans Rambo 1. La mort rodant toujours autour de lui et emportant toutes les personnes auxquelles il tient, aucun happy ending possible pour notre héros de guerre. En tout cas, vous pouvez oublier la fin où John vivra heureux en compagnie d’une femme et de son enfant.


D'un coté je suis heureux, surexcité et impatient de retrouver Rambo, de l'autre, je ne vais pas vous mentir, j'ai eu peur du film de trop, celui qui casse toutes les bonnes intentions de son prédécesseur. Un point attise cependant ma curiosité : à quoi ressemble désormais le quotidien de John ? Sa personnalité reste-t-elle inchangée ? Est-il toujours ce type solitaire et mutique hanté par les souvenirs de la guerre ?


John Rambo est de retour et beaucoup de choses ont changé. Nouveau look, nouvelle vie, John, tout en jouant les bénévoles pour la police grâce à ses talents de pisteur, est devenu dresseur de chevaux dans la ferme familiale. Plutôt intéressant de voir comment notre ancien vétéran du Vietnam fuyant son passé et toutes civilisations liées à son pays, a réussi à se réadapter jusqu’à devenir un peu plus bavard, a surtout apprendre à aimer même si la rage et le traumatisme du passé continuent de le hanter.


Son traumatisme était si lourd qu'il lui était impossible d’avoir une famille. Pas même un animal de compagnie. Il a vu trop de morts, assisté à trop de destructions, il a eu le cœur brisé trop de fois, il ne peut n’y connaitre la paix, ni obtenir la rédemption. Rambo était mort de l'intérieur. Puis en revenant chez lui, il a retrouvé un semblant de paix et ressenti quelque chose qu’il n’avait jamais ressenti. Grace à l’innocence, la pureté et la bienveillance de Gabrielle, John a un peu guéri, sait enfin ce que l’on ressent lorsque l’on aime quelqu’un plus qu’on ne s’aime. Cette jeune fille qu’il a élevé comme l’enfant qu’il n’a jamais eu, lui a permis de retrouver le sourire, de retrouver un semblant d’espoir en l’être humain. Retirer lui cet amour, vous pouvez être sûr qu’aucun médicament ni aucune parole ne l’empêcheront d’exploser.


Dès lors, Rambo n’est plus un homme, il devient un être primitif incontrôlable, capable de commettre les pires atrocités au monde. Celles dont on ne se remet jamais. Tant d’injustices ont envahi ce monde, nombreux sont les criminels continuant leur activité librement, détruisant des vies sans que personne ne puisse faire quelque chose. Rambo lui, il fera quelque chose et ça sera plus barbare. Comprenez la raison pour laquelle les fans aiment tant des franchises telles que Rambo. Parce que grâce à leur héros quasi increvable, la justice est rétablie. Rambo The Last Blood fonce tout droit vers le « revenge movie » avec tous les éléments qui ont fait le succès de Rambo.


Pas le "revenge movie" bête et méchant assommant à coup de violence gratuite. Pourquoi John Rambo va de nouveau laisser ressortir la bête sauvage demeurant en lui? Lui qui pensait sa part sombre enterrée à jamais en Birmanie?


Pas d’effets spéciaux (juste une scène), pas de mises à mort suggérées, Stallone, comme il l’avait fait pour John Rambo, continu d’illustrer la violence, la vraie. Membres arrachés par les tirs de balles de gros calibres ou d’armes blanches, c’est un véritable carnage, un carnage voulu, loin des carnages édulcorés des films d’aujourd’hui (quelqu’un me parle d’Hobbs et Shaw ?).


La violence est son art. Et quel art ! Passé la première heure et après quelques petites séquences de mise en bouche, Rambo veut vous mettre mal à l’aise, vous montrer l’horreur entrainant une fusillade ou toute confrontation avec un être hostile. Cette fois-ci pas de shérif ripoux usant de son pouvoir pour le pourrir la vie, Rambo s’attaque carrément à un Cartel Mexicain spécialisé dans la prostitution. Pour le repas de ce soir, John Rambo vous propose en plat principal son émincé de cartel Mexicain à la sauce Texane.


Imaginez replonger dans "Maman j'ai raté l'avion" mais que l’âme de Rambo a élue domicile en Kevin McCallister? « Maman j’ai raté l’avion » version Hardcore ? C’est ce qui vous attend dans la dernière partie de Last Blood et c’est le pied. Arc, couteau « de retour après une absence remarquée dans John Rambo », explosifs fabriqués maison, armes à feu, Rambo offrira un large éventail de choix d’instruments de morts et de mises à mort. Imaginez les scènes qui vous attendent. Après avoir souffert le martyre physiquement mentalement aux cotés de notre héros, il était grand temps de laisser éclater sa colère et verser un peu de sang. Vous n’êtes pas venu pour rien. Ce sera du pur défouloir, à l’ancienne où vous irez installer votre plan de bataille à la ferme de Rambo.



J’ai pas changé, j’essaye juste de me contrôler jours après jours.



Quand tu ne t’imaginais pas verser une larme dans un Rambo


Clint Eastwood avait son "Impitoyable", Hugh Jackman son "Logan", Stallone a son "Rambo The Last Blood". Vraie conclusion pour John Rambo? Pour ce cinquième épisode, la franchise ira plus loin en nous prenant au dépourvu. Verser des larmes dans Rambo ?! Impossible pour une série de ce genre. Pas quand la personnalité de certains personnages font tellement écho à votre vie que vous vous y attachez, pas quand au-delà des répliques typiques du genre « je vais t’arracher le cœur » il y en a des plus poignantes, authentiques, inspirantes et humaines.


Il faut le voir pour le croire. Détracteurs ou non, difficile de ne pas éprouver ce sentiment déstabilisant. Pendant trois bons quart d’heure, pour la première fois depuis sa création, la franchise Rambo embrasse pleinement le coté dramatique de son histoire et celle de son personnage. Un retour aux sources à la manière du quatrième opus ? Oui mais en plus concret.


Parce qu’on connait son parcours, qu’on a en quelque sorte vécut ce qu’il a vécut, qu’on a saisit toute la philosophie se dégageant de lui et parce que Sylvester Stallone livre une prestation aussi authentique et bouleversante que celle qu’il avait livré dernièrement dans Creed 2, ces trois premiers quart d’heure marchent à la perfection au point où la touche action prenant de la puissance au fur et à mesure jusqu’à exploser sous un déluge de violence bestiale et défoulante, permet à Rambo : The Last Blood d’aller au-delà du simple « action movie » stéréotypé.


Pour ces raisons, pour les interactions, le jeu et l’aura dégagés par les personnages de Maria, Gabrielle et Rambo, pour sa musique sublime décuplant l’âme mi-héroïque, mi-mélancolique de ce film (retour du thème musical propre à Rambo), Last Blood est une réussite totale. Agé de 73 ans, Sly nous prouve une fois de plus que quelque soit son âge, le sang d’un action hero continue de couler dans ses veines et continuera jusqu’à sa mort.


Au final, sauvage, old school, Clubber Lang rajouterait « Mon pronostic ? Une boucherie ». On savait à quoi s’attendre avant même de rentrer dans la salle de cinéma. Sauf qu’on n’imaginait pas une seule seconde que Stallone accentuerait si bien la tragédie entourant le personnage qui l’a rendu célèbre. Il ne nous a pas menti sur la marchandise, il est même allé au-delà. Le Rambo le plus humain et émotionnel de la franchise, c’est Rambo : The Last Blood. Merci Sly pour ce long voyage aux cotés d’un personnage si attachant.

Jay77
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le 25 sept. 2019

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