Dieu aurait pitié. Pas lui...
Rambo nous avait promis de vivre au jour le jour dans le précédent épisode ? On le retrouve en asie, où il aide les bonzes à construire un temple, en faisant quelques combats de rue à l’occase pour ramasser un peu de fric. Mais voilà, Trotman aurait besoin d’un coup de main en Afghanistan pour faire passer des missiles Stingers. Rambo décline l’offre malgré la belle métaphore de Trotman et sa statue (le combattant que tu es, c’est dans ta nature ! Une thématique qui sera reprise de manière beaucoup moins pompeuse dans l’épisode suivant). Et quand Trotman est fait prisonnier, là Rambo vole à sa rescousse. On repart au casse pipe, en s’immergeant ici dans le monde des Moudjahidines, par lesquels Rambo passe afin de rejoindre le fort Afghans où est retenu son supérieur. Ainsi, leur philosophie est exposée pendant quelques minutes, et le film va même jusqu’à oser une comparaison avec le Viet-Nam pour montrer la détermination du peuple afghan à rester insoumis. Grosse prise de risque qui pourrait presque apparaître comme une tentative de repentir américaine en face de cette catastrophe. Sauf qu’elle est plaquée au milieu de dialogues caricaturaux qui ne servent en rien une quelconque cause humaniste. Si les personnages de Rambo II étaient clichés, nous avons droit ici à des caricatures. Le méchant chef russe (qui brûle lui-même des villages entiers avec femmes et enfants) interroge Trotman pendant 3 jours en roulant les « r », avant de commencer enfin les séances de tortures, qui se résument pour Trotman à quelques claques et à une sorte d’intimidation au lance-flamme (parce qu’à part intimider, je ne vois pas comment on peut torturer quelqu’un avec un lance flamme sans provoquer sa mort). Son acolyte, une russe de 120 kilos de muscles, ne parle pas à l’exception de quelques grognements. Quant à Trotman, il devient le sponsor de l’Amérique Reagannienne en balançant des répliques cultes à tout va (« Où sont les missiles Stingerrr ? » « Tout près… Dans ton cul ! » ou encore « Pour qui prrrenez-vous cet homme ? Dieu ? » « Non, Dieu aurait pitié, pas lui ! »). On aura aussi une tentative intéressante de mettre un enfant au cœur du conflit avec ce jeune Moudjahidine dont la famille a été entièrement massacré par les russes. Une occasion de montrer l’implication des gosses dans la guerre et de la violence des jeunes au combat… Las, la vision américaine du film ne permet pas cela. Le gosse ne sert donc finalement à rien, n’agissant jamais de façon utile, et son rôle se résumant finalement à se prendre une balle et à être porté par Rambo pendant tout le reste de la mission. Un gâchis total pour un élément qui aurait pu se révéler magnifique. Après, ce Rambo ne comporte pas que des mauvais points. Comme je l’ai dit précédemment, l’action est plutôt bien gérée, Rambo effectuant une mission dans un réalisme plutôt convaincant (certes, il explose tout le monde, mais les incohérences sont globalement peu visibles), et surtout, la topographie des lieux est plutôt bien utilisée. Rambo passe plusieurs fois par les mêmes endroits, explore à fond le camp ennemi, fuit par différentes voies…Niveau action, on ne sera pas déçu, et que détails un peu gras viennent relever le tout, comme cette cautérisation à la poudre noire et ce final avec un russe qui gueule « Rendez vous et vous aurez droit à un procès équitable ! ». Avec une intervention complètement prévisible des Moudjahidines en dernier acte et un combat final un peu ridicule par sa débauche de pyrotechnie (avec un duel hélico/tank), le script achève de se rendre ridicule par un nouvel échange culte complètement jouissif mais à 1000 lieues d’une dénonciation des atrocités des combats qui viennent d’avoir lieu. Enfin, le film se clôt sur un hommage, disant combien le peuple américain respecte le peuple afghan. Il est rare qu’un film fasse les frais de l’Histoire qu’il ne pouvait prévoir, mais en voyant un tel hommage dans les circonstances actuelles, il est difficile de ne pas éclater de rire tant de tels propos apparaissent maintenant comme hypocrites après la guerre que l’occident leur a balancé à la gueule (certes en réponse après les attentats terroristes). Résultat : Rambo 3 est largement le pire de la saga, mais il se révèle quand même un brin divertissant, assurant toujours son quota d’explosion. Maladroit et malchanceux, ce film mineur de la saga reste un film sympathique, assumant quelques aspects nanars mais respectant au moins son cahier des charges.