L'histoire vraie de Murat Kurnaz, incarcéré et torturé à Guatanamo Bay, en rappelle une autre, vue au cinéma sous le titre de Désigné coupable. Au passage, il n'est pas inutile de dire, comme le fait le film d'Andreas Dresen, que, fin 2021, 39 personnes étaient encore incarcérées dans cette prison militaire de haute sécurité, attendant d'être jugées par un tribunal. Le cinéaste allemand nous plonge dans cette sinistre affaire, par un biais émotionnellement fort : celui de la mère de Murat Kurnaz, Rabiye, et de son combat acharné pour faire libérer son fils aîné de sa prison, ne doutant pas un seul instant de son innocence. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, le film est une comédie (peut-être parce que son "heureux" dénouement est connu) dont le moteur principal est le caractère bien trempé de cette citoyenne germano-turque, qui va aller plaider sa cause jusqu'à la Cour Suprême des États-Unis. Il y a un côté un peu désuet dans la mise en scène de ce long-métrage, qui mise absolument tout sur l'abattage de son actrice principale, Meltem Kaptan, et sur l'alchimie du duo qu'elle forme avec Alexander Scheer, soit une alliance du chaud et du froid, de la candeur et du professionnalisme. Même si la forme n'est pas époustouflante, il est tout bonnement Impossible de ne pas être touché par l'incroyable vitalité de cette mère courage dans un film qui ne s'attarde certes pas sur la personnalité de Murat Kurnaz mais qui, même de façon indirecte, pose la question de l'exercice de la justice et des limites à ne pas franchir, dans nos sociétés dites démocratiques, face au fléau du terrorisme.

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le 15 oct. 2022

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