Je n'ai pas réussi à réellement rentrer dans le film, où la dimension du conte n'a jamais pu prendre le pas pour moi sur de nombreuses scènes toutes plus larmoyantes les unes que les autres. Je suppose que ce n'était pas voulu, mais l'omniprésence visuelle du monstre n'aidait pas à rester terre à terre.
Une histoire très simple, un jeu d'acteur très correct mais jamais fantastique n'ont donc pas suffi à m'enlever l'idée que j'étais en train de regarder Le Labyrinthe de Pan, en moins bien.
Loin pourtant de se limiter à une piètre comparaison, "Quelques minutes après minuit" développe un univers propre, moins glauque mais plus triste, et se caractérise par ce traitement narratif uniquement centré sur le deuil et la gestion de la maladie, là où son ainé y ajoutait à bras le corps des sujets aussi multiples que les rêves et une nation en pleine guerre.
C'est là que je n'ai pas accroché. Transformer une histoire sordide en conte permet de faire diversion, voire de sublimer un sujet qui pourrait se noyer lui-même dans une trop profonde gravité. Mais se servir du conte essentiellement comme un moyen grossier d'asséner des morales douteuses est un peu plus casse gueule. L'introduction du monstre, visuellement décevant, était à mon sens complètement ratée, alors que son coté "Père Castor" aurait pu être intéressant.
Là où les parties contées occasionnent un découpage clair et carré du film (4 histoires), il est dommage qu'un sentiment d'attente, puis d'ennui surnage entre les deux premières scènes fantasmées par l'enfant.
Et puis, pile au moment où on croyait se désintéresser de son histoire, le film change subtilement, laissant de coté son mimétisme premier (une relation de l'enfant pour une morale contée) pour venir enfin faire fusionner le rêve et la réalité au cours de la troisième histoire. Enfin de l'énergie, du mouvement dans ce récit moribond ! Tout s'accélère effectivement, pour enfin traiter le sujet qui nous était lentement mais surement mis en bouche : cette préparation au deuil. On en vient à comprendre ce découpage par étapes croissantes dans l'angoisse et la mélancolie du film, tout simplement calqué sur les étapes d'un deuil qui ne veut pas venir.
La fin, résolument larmoyante, marque pour autant un retour à un classicisme attendu, mais on ne voit pas comment il aurait pu en être autrement, mis à part dans sa réalisation poussive. La musique, présente tout au long du film, vient par exemple alourdir ce moment qui aurait mérité plus de simplicité.
En conclusion, si "Quelques minutes après minuit" n'est pas un mauvais film, il attendrira surtout une catégorie de personnes friandes de pleurs et de larmes au cinéma, d'histoires tristes en tout genre, et de mouchoirs Pampers, catégorie dont je ne fais malheureusement pas partie. Je dois dire être tellement passé par moment à coté du sujet que je me suis fait une réflexion toute bête : en fait, ce film raconte en une heure quarante-huit ce que Les Gardiens De La Galaxie sublime en cinq minutes d'introduction...