Musique !


Dans un village pavillonnaire comme tant d'autres vit un jeune adolescent de douze ans nommé Conor O'Malley. Conor n'a pas la vie facile par chez soi ; à la maison, l'ambiance est démoralisante avec une mère ne faisant que, chaque jour, s'embourber dans un cancer des plus violent. A l'école, ce n'est pas franchement mieux ; Conor est bien souvent le souffre douleur d'une bande de jeunes pubères. On lui reproche de vouloir exister à l'école, on lui cache l'évidence au domicile. Pas évident à l'orée de l'adolescence. Un soir, tandis qu'il dessine dans sa chambre, minuit passé, une impression étrange le traverse. Au loin, à l'horizon, il y a un arbre millénaire qui semble...vivant. Conor va alors découvrir qu'entre ses rêves et la réalité, la frontière est mince...


"Je suis partagé", tels furent les premiers mots que j'échangeais avec Petitbarbu en fin de projection. Je suis partagé, disais-je, et cela m'embête un peu car le moment passé fut très agréable (d'où mon passage d'un 6 objectif à un 7, plus encourageant), parfois un peu dur, ma subjectivité et mon vécu n'y sont pas pour rien. En cela, je peux dire d'emblée que cette œuvre, je la recommande. Je la recommande pour sa vision d'une enfance vieillissante, jonchée de boue et de racines, pour le jeu de l'acteur principal qui se tient d'un bout à l'autre, pour la plaisante rêverie qu'inspire les petits contes évoqués, pour la symbolique du tout puissant monstre comme un feu intérieur, vivace mais encore inexprimable, si ce n'est dans la destructivité.


Le, ou plutôt les soucis sont, hélas, légion. Cet avis est purement personnel, bien évidemment. Je peux tout à fait comprendre qu'on l'apprécie sans avoir à faire des comparaisons. Cependant, cela m'a frappé lors du visionnage. Par bien des aspects, le film de Juan Antonio Bayona subit l'héritage visuel et sensitif d'un Guillermo del Toro, et pourtant, l'univers me semble très frileux. On manque de quelque chose, d'une exubérance, non pas forcément dans le traitement des personnages mais dans l'atmosphère. Quitte à nous plonger dans la rêverie d'un adolescent en devenir, autant allier la dure réalité de son quotidien à un fantastique nettement plus expressif. Le monstre n'est, certes, pas hideux néanmoins, il inspire parfois le sentiment très dérangeant de ne pas réellement être à l'image, ce qui fait sortir du film de suite.


Il y a donc un côté qui se voudrait Hispanique (auquel cas on ne penserait pas de suite au Labyrinthe de Pan) sans arriver à s'exprimer correctement, et un autre, très Anglais dans l'adaptation, m'a-t-on dit fidèle de l'œuvre originale. Coincé le cul entre deux chaises, Quelques minutes après minuit est un très chouette conte qui plaira, sans aucun doute, à un jeune public mais ne gagnera pas forcément le cœur des plus matures. Un beau film, esthétiquement un poil artificiel mais il reste beau. Les scènes en animation sont vraiment sympathiques soit dit en passant.

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le 30 nov. 2016

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Fosca

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