Impairs de famille
Pusher 2 est dédié à Hubert Selby, Jr., (avec lequel Refn a bossé auparavant sur sa première tentative américain, Inside Job), patronage on ne peut plus limpide, et dans la lignée des glauques...
le 31 mai 2016
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Si Nicolas Winding Refn partage bien un point commun avec Frank le personnage principal de son premier film, c’est celui de se retrouver endetté après la sortie de son troisième long-métrage Fear X. Dos au mur, il va tenter le pari risqué de réaliser deux suites à Pusher afin de renflouer les caisses de sa société de production. L’occasion pour lui d’aborder le milieu du crime sous un nouveau point de vue, celui de Tonny interprété par Mads Mikkelsen entre temps devenu l’un des meilleurs acteurs Danois de sa génération. Tout comme Refn, il va s’agir pour cet antihéros d’une tentative de résurrection après son passage à tabac l’ayant laissé pour mort. Après sa sortie de prison, Crazy Tonny va donc chercher à s’élever dans l’organisation de son criminel de père dit « Le Duc » qui l’a toujours considérer comme un bon à rien et un idiot, dans l’espoir d’obtenir enfin son respect, une valeur qu’il lui échappe tellement qu’il se l’est d’ailleurs fait tatoué à l’arrière de son crâne d’âne bâté.
Pour tenter d’impressionner Le Duc, Tonny va ainsi voler une superbe voiture de sport avant de se faire engueuler comme un gamin pour son manque de jugeote et de responsabilité. Refourguer une Ferrari n’est pas vraiment recommandé quant on cherche à ne pas trop se faire remarquer par les autorités. Quant il participe à un casse ambitieux pour le compte de son père, c’est pour mieux s’allonger dans le coffre d’une bagnole faute de place vacantes ainsi que pour lui infliger une nouvelle forme d’humiliation devant toute le monde. Dans le même temps, ce dernier apprendra qu’il est devenu papa et qu’il doit reverser une pension alimentaire. Comme il a besoin d’argent, il se tourne vers ses mauvaises fréquentations, comme son ami Kurt « Le Con », histoire de refourguer de l’héroïne qu’ils vont acheter auprès de Milo, le baron de la drogue auquel Frank (le héros du premier film) devait beaucoup d’argent. Mais quand les hommes de main du parrain arrivent en retard pour effectuer la transaction, Kurt qui porte bien son surnom est pris de panique et balance la came dans les toilettes de peur de se faire attraper par les flics. Sans drogue ni argent, ça devient forcément compliqué de faire du blé et de rembourser son créancier, qui n’est autre que Le Duc lui même. Dans la merde jusqu’au cou, Kurt va demander à Tonny de l’assister tout en l’entraînant malgré lui dans sa déchéance.
Finalement, le parcours de Tonny ne sera pas tellement si différent que celui de son ami et prédécesseur qu’il avait trahi. Entre son attitude lourdingue, sa maladresse naturelle et ses mauvaises décisions pour tenter d’obtenir l’approbation de ses paires, Crazy T va se retrouver dans des galères qui ne vont guère améliorer l’opinion de son père. Voué à rester dans l’ombre de ce dernier, et à demeurer le demeuré non désirés de la famille. On s’attache beaucoup à la vulnérabilité de ce looser pathétique atteint d’un complexe d’infériorité à l’égard du Duc, surtout pour ceux comme l’auteur de ses lignes qui ont déjà connu ce genre de relation infantilisante et toxique. Le tour de force de cette suite est justement de s’intéresser au drame et à l’intimité de cet ancien junkie qui va encaisser les déconvenues et tentatives méprisantes de son entourage visant constamment à le rabaisser et à l’utiliser dans le cadre de leurs intérêts. Pour réussir et s’affranchir, il faut parfois savoir couper le cordon et ignorer les opinions. Le Respect commence par soit-même. La voie de la rédemption ne se présentera que lorsqu’il aura compris la leçon. Si à l’issue du premier volet, Frank semblait ne pas voir plus loin que le lendemain, Tonny dans sa fuite en avant entraperçoit enfin le bout du tunnel. Il était grand temps.
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le 4 avr. 2023
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