I'll Be There For You...(and you'll be punished).

Après quelques tentatives hasardeuses d'adaptations "Marvelesque" (Captain America, Spider Man, The Hulk...) plus ou moins ratées, Roger Corman (via sa boite de production/distribution New World Pictures) décide de passer à la vitesse supérieure en s'attaquant à un comics adulte: The Punisher.


Étant donné que Marvel Entertainment (et les droits ciné des comics) appartient à New World Pictures, Corman a donc toute latitude pour lancer ce projet inédit.
Pourquoi inédit?
Parce que jusqu'à présent (soit 1988), toutes les adaptations n'étaient plus ou moins que des comédies (volontaire ou non).
Pourtant, le concurrent DC Comics lance le projet Batman dès 1986 et tend déjà à situer son film dans une tranche adulte, mais les scénarios successifs ne conviennent pas encore à Bob Kane ou à la Warner...


En attendant, c'est Boaz Yakin (futur auteur du bon Fresh, mais aussi responsable du script de Dirty Dancing 2...) qui est chargé d'écrire le scénario du film.
Le producteur-scénariste Robert Mark Kamen (collaborateur de Besson) retouche pourtant le travail de Yakin et s'arrange pour créer la raison d'être du vigilante.


Mark Goldblatt (excellent monteur sur Terminator 1 et 2, Predator 2 et autre Starship Troopers) est choisit par Corman en tant que réalisateur,(malgré le fait que son premier essai donna l'horrible et dispensable Dead Heat) pour ses capacités à dynamiser les scènes d'actions.


Après que Michael Paré se soit désisté du rôle-titre (il était occupé sur sa série Houston Knight), c'est Dolph Lundgren qui hérite du cuir et de la moto.
Sortant tout juste du tournage de Red Scorpion, celui-ci décide de s'investir totalement dans la préparation de son personnage.


Il reprend le karaté (il a déjà été classé ceinture noire 2ème Dan en 1978), s'astreint à ne dormir que très peu et se teint même les cheveux en noir pour ne faire qu'un avec le Punisher.
Étant blond d'origine, son ombre de barbe est en fait un maquillage appliqué avant chaque scène.


Le tournage se finit fin 1988 mais le film brut est remonté pour obtenir un classement "R". Car dans l'état, il risque d'écoper du non-commercial NC-17 (interdiction totale aux mineurs et promotion du film fortement restreinte).


Ainsi le cut US se verra amputé de 1mn 14 (tous les plans de violence graphique sont allégés), alors que chez nous, on aura droit à la version Uncut.


Qu'en est-il du film?


Série B hard boiled, The Punisher s'éloigne plus ou moins du comics (ainsi, pas de tenue "à la super héros avec le fameux crâne et tous ses gadgets) et verse dans un actionner brut de décoffrage.
La réalisation de Goldblatt est efficace quoique plate et le scénario reste correct:


"Frank Castle et son co-équipier Jake Berkowitz sont des flics dans une ville indéfinie. Ils tentent de faire tomber le Parrain local et trafiquant de drogue Gianni Franco (accompagné de son associé Dino Moretti).
Une nuit, les deux flics et Samantha Leary (une jeune recrue se faisant passer pour une prostituée) ont vent d'une transaction entre Moretti et des dealers, dans un gymnase.
Tandis que Berkowitz et Leary couvrent les sorties, Castle s'introduit en catimini puis intervient.
Soutenu par son équipe, Frank Castle est en mesure d'éliminer les gangster mais Moretti réussit à s'échapper.


Berkowitz raccompagne Castle chez lui, où l'attend sa femme et ses deux filles.
Mais Moretti est aussi sur place, dissimulé de l'autre côté de la rue...


Le jour suivant, c'est day-off pour Castle (dont c'est l'anniversaire) et il passe donc une matinée en famille...jusqu'à ce qu'on le prévienne que Moretti et Franco tentent de fuir.
Castle se rue à l'aéroport et remet aux deux gangster une citation à comparaitre, leur interdisant donc de quitter la ville.
Franco demande alors à Moretti pourquoi celui-ci n'a pas encore réglé le problème Castle.
Moretti lui répond que c'est déjà fait...


En effet, lorsque Berkowitz raccompagne Castle chez lui, la Volvo familiale explose lors de leur arrivée devant la maison.
Castle se précipite pour tenter de sauver sa famille mais une seconde explosion se produit.


Franck Castle est officiellement déclaré mort, ainsi que sa femme et ses deux fillettes.


5 ans plus tard, celui que l'on appelait Frank Castle est devenu une célébrité de l'ombre. Bon nombre de gangsters ont péri sous ses coups.
Aujourd'hui, c'est au tour de Moretti.
Demain, ce sera Lady Tanaka (chef des Yakuzas) puis Gianni Franco.


Leur bourreau?


The Punisher !"


Voici donc un résumé succinct du film, incluant l'origine de ce Punisher 1989.


Bien sûr, certains d'entre vous se demandent s'ils ont vu le même film (ou s'ils n'ont pas loupé le début), étant donné que le prologue de 15 minutes n'apparait ni dans le cut US ni dans la version sortie chez nous.


En effet, cette présentation écrite par Robert Mark Kamen n'a pas été retenue lors du montage final.
Du coup, le film cinéma commence directement avec la relaxe de Moretti (accusé du meurtre de la famille Castle) et lorsque Sam Leary apparait, on ne comprends pas de quoi elle parle lorsqu'elle propose à Berkowitz de devenir sa partenaire.
Effectivement, elle lui rappelle qu'elle était undercover en tant que prostituée, 5 ans plus tôt.
On ne sait donc ni le comment ni le pourquoi de ce qui s'est passé en ce temps là et on s'énerve.


Par la même, nous ne connaissons pas le lien personnel qu'il y a entre Castle et Berkowitz et ne saisissons pas vraiment le pourquoi de la scène où ce dernier va rendre visite à un Castle en prison.


Le prologue nous les présentaient donc comme des équipiers ayant une certaine amitié l'un pour l'autre, genre Murtaugh/ Riggs dans Lethal Weapon (à ce titre, le temp-track dudit prologue n'est autre qu'une reprise du thème principal du film de Donner !).


De mon humble avis, ces 15 minutes restent donc essentielles pour la caractérisation des personnages. Il est donc regrettable qu'elles furent omises du montage final.


Pour le métrage en lui-même, il manque une vraie vision du réalisateur et l'acting général n'est pas des plus "oscarisable", mais rien de honteux non plus.
Lundgren est monolithique, mais ça ne dessert pas son personnage. Au contraire !
Sous son impulsion, Castle est une sorte de spectre vengeur, voué à vivre son temps dans l'obscurité.
S'en dégage une violence certaine et quelques scènes sont très bien foutues, quand même:



  • l'exécution des sbires de Moretti,


  • l'apparition spectrale de Castle lorsqu'il émerge sur le seuil du manoir en flamme de Moretti (rappelant celle du Prince of Darkness de Carpenter),


  • lorsque Lady Tanaka promène son auriculaire recouvert de métal sur le torse d'un Punisher enchainé sur une table,


  • la même Tanaka qui est jetée à terre par le fils de Franco (vu l'aura que Kim Myori dégage, on a l'impression que c'est un blasphème),



-dans le repaire des Yakuzas après l'explosion, une partie de l'action se déroule sous un éclairage rouge sang du meilleur effet,



  • et pour finir, le Punisher incitant Tommy Franco à l'abattre en apposant le canon du révolver sur son front puis -devant l'abdication du gamin- lui disant que si celui-ci ne devient pas un homme bien, il le traquera...


Bref, même si loin d'être un must, The Punisher 89 reste honorable dans sa tentative de livrer un film à la tonalité sombre certaine.
Le budget de 9M$ ne permettant pas de faire un spectacle grandiose, Goldblatt a tout de même réussi à ouvrir les portes d'adaptations de comics sur un mode adulte.


The Punisher 89 surpasse même la version 2004, où celui-ci s'égarait entre une comédie stupide et un actioner sadique.
Mais ceci est une autre histoire...


PS:
Version Finlandaise: 76 minutes approx.
Version US: 88 minutes approx.
Version Française: 89 minutes approx.
Version Workprint: 96 minutes approx.
Ma version: 105 minutes 04 secondes (simple, j'ai réintroduit le fameux prologue.de 15 minutes et en ai profité pour légèrement modifierle générique de début (musique, banc-titre et montage).


Voici donc le dit prologue en 2 liens YT:


1/2
https://www.youtube.com/watch?v=K7tKGFRkkgQ
2/2/
https://www.youtube.com/watch?v=EwXnqDEb3Fo

Créée

le 15 juil. 2017

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The Lizard King

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