Retour au Bates Motel pour une nouvelle séquelle au ‘’Psycho’’ d’Hitchcock, trois ans après le second volet, voilà qu’Anthony Perkins prend lui-même les affaires en mains, pour proposer une œuvre dispensable. N’étant pas metteur en scène, ce qui se ressent, le cinéaste en herbe maîtrise assez peu son film, dont de nombreuses scènes sont foirées, et ses comédien/nes sont en roue libre totale.
Rarement convaincante, cette troisième incursion dans la psyché malade de Norman Bates est des plus poussive. Ne parvenant jamais à proposer une variation novatrice et complémentaire dans l’approche comportementale du personnage, comme une redite sans imagination du précédent film. Norman noue une amitié forte avec une jeune femme, l’assistant qu’il engage pour l’aider à faire tourner le motel à une autre vision du business, ce qui a le don d’agacer Bates, qui retombe alors peu à peu dans ses travers de psychopathe.
Ayant assez peu à raconter, le métrage ne parvient jamais vraiment à être drôle, bien que ce soit l’orientation prise depuis le second volet. Norman Bates devient un grand dadais cabotin à côté de la plaque. Doux dingue bien fracassé dans sa tête, maladroit et mal dans sa peau. Une attitude dans le prolongement du premier film, mais qui atteint ses limites, Perkins livrant une interprétation caricaturale, en lieu d’un portrait approfondis et enrichissant.
Sur les trois protagonistes du récit, aucuns ne semblent jouer dans le même film. Perkins est dans la variation étirée jusqu’à la corde de son Norman Bates. Jeff Fahey, interprète de l’assistant gérant, s’est égaré dans une série B où il en fait des caisses. Et Diana Scarwid, qui incarne Maureen, une none ayant quittée les ordres qui noue une relation amicale avec Norman, se trouve elle dans un drame sentimental ésotérique.
Le récit, organisé autour de ces trois entités, est desservit par un scénario pantouflard, ne donnant jamais de texture, ni d’envergure à des personnages fonctions, présents dans le récit uniquement pour remplir des cases vacantes. Copier/coller du précédent volet, ‘’Psycho III’’ ne parvient jamais à se trouver une identité qui permettrait de le placer confortablement dans la production horrifique. En 1986, le Slasher est de plus un genre déjà essoré, qui commence à s’enfoncer dans la médiocrité de productions d’exploitations sans envergure.
Le film d’Anthony Perkins arrive ainsi trop tard, mais surtout il est vide de sens. Le tour du personnage a été fait à plusieurs reprises, en additionnant ‘’Psycho’’ et ‘’Psycho II’’. Il est fou, il est malade, il essaye d’être normal, mais sa condition le rattrape sans cesse. C’est donc plus de la redite qui est proposé, en lieu et place d’un contenu véritablement original.
Toutefois, le film ne semble pas avoir de grandes prétentions, ne sortant jamais des carcans de la série B à petit budget dans lesquels ils s’est échoué. Tel une partition répétée inlassablement, par un acteur/cinéaste star sur le déclin. Perkins a 54 ans au moment de la sortie de ce film, et n’est pas parvenu à briller dans d’autres productions, prisonnier d’un personnage qui lui colle à la peau, et qu’il exploite au maximum durant les années 1980.
Cette saga ‘’Psycho’’ est en ce sens plutôt atypique dans le paysage hollywoodien, puisqu’au départ c’est un film coup de poing, véritable chef d’œuvre, dont la suite ne débarque que 23 ans plus tard. À une époque où Hollywood est habitué aux productions violentes et gores. Quand ‘’Psycho II’’ sort, le contexte est totalement nouveau. Voir des gens se faire trucider par un tueur sanguinaire, en 1983 c’est la mode. C’est même certainement cette mode qui a motivé des producteurs à mettre en chantier la première suite.
Mais pour ce qui est de cette troisième suite, elle tombe dans le piège de l’exploitation primaire. Sans rien de nouveau, ni d’intéressant à conter, complétant une trilogie branlante, dont la qualité ne fait que décliner. Dispensable au possible ce troisième volet est un symptôme de la seconde moitié des années 1980, durant laquelle le cinéma horrifique cherche à capitaliser à mort sur des succès, parfois vieux de 10 ans.
Ainsi en 1986 une suite est donnée à ‘’The Texas Chainsaw Massacre’’ de Tobe Hooper en 1974, et Jason Voorhes apparaît dans la sixième suite de ‘’Friday the 13th’’. En 1987 une troisième suite est donnée au‘’Nightmare on Elm Street’’ de Wes Craven en 1984. Et Michael Myers revient en 1988, neuf ans après le ‘’Halloween’’ de John Carpenter. L’heure est ainsi à l’exploitation de franchises à tout prix. ‘’Psycho III’’ se place parfaitement dans cette mouvance.
Peu imaginatif, peu divertissant, peu amusant, cette troisième aventure de Norman Bates fait un peu triste figure. Bon, après elle possède quand même ce charme des années 1980, au cœur duquel il est toujours agréable de venir se perdre. C’est un métrage qui peut valoir quelque chose lorsqu’on a fait le tour du reste. C’est pas complètement mauvais, pour un ‘’Psycho’’ c’est vraiment bof, après comme Slasher c’est pas pire que certaines productions du genre sorti à la mémé époque.
Après des retours public et critique divisés, penchant quand même méchamment vers un consensus sur le fait que c’est un peu naze, il est légitime d’espérer que Norman Bates soit laissé tranquille. Une trilogie, inégale, mais existante, c’est amplement suffisant. C’est bien entendu ne pas prendre en compte l’avidité des producteurs, puisque Bates revient 4 ans après, dans une production relativisant grandement la qualité intrinsèque du troisième volet : Bof, mais pas catastrophique. C’est sans doute ce qu’il faut retenir.


-Stork._

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le 22 févr. 2020

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