Voilà un projet bien incongru que ce ‘’Psycho II’’, suite directe du film d’Alfred Hitchcock, sortie 23 ans après ce dernier. L’histoire reprend alors que Norman Bates est libéré de prison, pour revenir dans son motel, où il découvre un nouveau gérant ayant transformé le lieu en lupanar. Peu d’accord avec cette nouvelle orientation, qui rapporte pourtant un peu de sous, il entre en lutte pour réprimer ses pulsions meurtrières, qui pointent à nouveau le bout de leur nez.
Anthony Perkins reprend son rôle de Norman, qui en guise de réinsertion sociale travail dans un restaurant comme cuisinier. Il y fait la rencontre de Mary, une jeune serveuse avec qui il noue une véritable amitié. Mais des visions de sa mère défunte commence à envahir petit à petit son quotidien. Au point qu’il ne parvienne plus à faire la différence entre réalité et imagination. Sombrant doucement vers ce qui ressemble à de la folie.
à aucun moment ‘’Psycho II’’ ne parvient à rivaliser en quoi que ce soit avec son prédécesseur de 1960. Que ce soit dans une mise en scène plutôt plate, opérée par Richard Franklin, cinéaste médiocre sans réelle personnalité, ou bien dans une histoire laborieuse qui essaye de jouer sur le faux-semblant mais est bourrée d’incohérences, souvent dû à une facilité reflétant une certaine fainéantise derrière la caméra.
Cependant, en faisant abstraction de sa nature de suite d’un chef d’œuvre incontesté, et incontestable, du cinéma hollywoodien, et bien c’est pas si mauvais que ça en a l’air. Comme petite production d’épouvante ça tient même plutôt bien la route. Si le récit est parfois inutilement alambiqué, que la mise en scène montre ce qui était suggéré chez Hitchcock, brisant l’effroyable nature de Norman, et que le final est tiré par le cheveux, l’ensemble s’avère plutôt marrant, arborant le sceau particulier apposé aux œuvres horrifiques des années 1980.
‘’Psycho II’’ est scénarisé par Tom Holland, un cinéaste sympathique responsable de l’excellent ‘’Fright Night’’ en 1985, ou derrière la première aventure de Chucky la poupée tueuse en 1988, avec ‘’Child’s Play’’. Estampillé réalisateur des eighties, il eut un impact certain sur le cinéma d’horreur de cette décennie. Il a aujourd’hui un peu disparu, ses dernières réalisations étant vraiment pas top. Mais ici, il injecte tout un savoir-faire de l’époque Faisant de cette suite un pur produit d’exploitation horrifique made in 80’s.
Mis en scène avec une certaine idée du second degré, il semble clair que les créateurs du film n’ont absolument aucunes volontés de rivaliser avec l’original. Au point même que dans le générique il est rappelé tout le respect dû à l’héritage de Sir Alfred Hitchcock, remercié pour son influence. Il n’y a ainsi aucunes velléités de marcher dans les pas du cinéaste britannique. Du fait, le film à un peu la pellicule entre deux projecteurs, ayant des difficultés à trouver une identité propre. Toujours placé dans l’ombre du prisme de son ainé.
Néanmoins, le film est fort de ce charme désuet, inhérent aux productions de la même époque, qui le rend sympathique. Une fois qu’il est accepté qu’il s’agit d’une suite, qui n’a pour prétentions que de divertir, et bien ça devient une petite aventure plaisante à suivre, tout comme retrouver Anthony Perkins dans le rôle qui aura dominé sa carrière.
Dans l’ensemble ‘’Psycho II’’ est plutôt fun et bien ficelé. Au point que son twist final un peu tordu, se montre des plus jouissif. Il n’atteint certes pas la puissance dramatique du premier, qui était une sorte de feu d’artifice horrifique. Mais, il est amusant de suivre cette nouvelle descente de Norman vers la folie, bien qu’elle ne soit jamais précisée, laissant spectateurs et spectatrices dans un flou organisé, pour mieux surprendre à la fin. Le scénario est suffisamment malin, et riche pour tenir en haleine.
Suite singulière, ‘’Psycho II’’ se révèle être un pari gagnant, puisque la magie finie par opérer. Au point de rendre l’ensemble des plus plaisant à suivre. Il faut ainsi reconnaître que l’investissement des acteur/rices en est pour beaucoup. Anthony Perkins tout d’abord, qui reprend sa partition avec une justesse qui fait froid dans le dos. Ou bien Denis Franz, le nouveau gérant du motel, qui propose tout ce que son jeu peut avoir de plus sale. Mais si palme il y avait à distribuer, elle irait à Meg Tilly, une superbe comédienne, tenant la dragée haute à Anthony Perkins, au point de le surpasser dans certaines scènes.
Alors comédienne débutante, ce n’est que son quatrième rôle au cinéma, elle illumine de sa prestance toutes les séquences dans lesquelles elle apparaît. Loin d’être le personnage féminin secondaire fonction, elle incarne Mary en offrant une véritable texture dans son interprétation. Le personnage étant plutôt riche, cachant également un lourd secret.
Passé le fait qu’il s’agisse d’une suite inutile à ‘’Psycho’’, l’œuvre de Richard Franklin s’avère des plus efficace, fonctionnant étonnamment bien. Sans doute du fait d’une période où l’Horreur/Épouvante furent comme touchés par la grâce. S’il ne rivalise absolument jamais avec ‘’Psycho’’, il a au moins le mérite d’éviter la redite, proposant une histoire différente, qui prolonge néanmoins la psyché tordue de Norman Bates, au cœur de laquelle il garde vigoureusement ses secrets les plus noirs.
La démarche aurait vraiment pu être inutile, mais parvient avec charme à proposer une expérience cinématographique paradoxalement originale. D’autant plus que par la suite, seront proposées deux autres suites, bien plus dispensables. Mais en 1983 Norman Bates était de retour, dans une œuvre imparfaite certes, mais convaincante, et plutôt fun.
Comme le disait l’accroche du film à l’époque : ‘’Nous sommes 22 ans plus tard. Et Norman Bates est de retour à la maison.’’. Sous une autre plume au scénario, sous un autre œil derrière la caméra, pour proposer une œuvre différente, qui si par moment semble impersonnel, parvient tant bien que mal à se trouver une identité pour exister au-delà de ‘’Psycho’’.
Sans jamais jouer dans le même court, un peu comme si ses créateurs refusaient toute rivalité, C’est avant tout un moyen de faire revenir un personnage ayant marqué le cinéma d’Épouvante, dont sa place dans le Hollywood de 1983 est totalement justifié. Surtout à un moment où le Slasher est un genre en pleine expansion. Genre que ‘’Psycho’’ en 1960 à participé à créer. Il y a là comme une boucle qui semble se boucler.


-Stork._

Peeping_Stork
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Slashers

Créée

le 22 févr. 2020

Critique lue 113 fois

Peeping Stork

Écrit par

Critique lue 113 fois

D'autres avis sur Psychose II

Psychose II
Jackal
7

Mommy issues, again

Norman Bates a passé 22 ans en asile psychiatrique, il est maintenant libre, au grand dam de Lila, la soeur de Marion Crane (la victime de la douche). Il veut reprendre son motel en main, trouve un...

le 23 mars 2013

17 j'aime

Psychose II
Ugly
7

On prend les mêmes et on recommence, sans Hitch

Quelle audace il fallait pour oser donner une suite 23 ans après au chef-d'oeuvre de Maître Hitchcock ! Je me souviens quand le film est sorti, il avait déclenché la fureur de puristes irrémédiables...

Par

le 15 nov. 2017

14 j'aime

19

Psychose II
Hawk
7

Une suite sympathique : ça change.

Quel plaisir de retrouver Anthony PERKINS dans le rôle de Norman BATES !!!! La réalisation reste fidèle à celle d'Hitchcock puisqu'elle est efficace et précise. Quant au scénario écrit par Tom...

Par

le 7 nov. 2010

10 j'aime

Du même critique

The Way Back
Peeping_Stork
10

The Way Back (Gavin O’Connor, U.S.A, 2020, 1h48)

Cela fait bien longtemps que je ne cache plus ma sympathie pour Ben Affleck, un comédien trop souvent sous-estimé, qui il est vrai a parfois fait des choix de carrière douteux, capitalisant avec...

le 27 mars 2020

16 j'aime

6

Gretel & Hansel
Peeping_Stork
6

Gretel & Hansel (Osgood Perkins, U.S.A, 2020, 1h27)

Déjà auteur du pas terrible ‘’I Am the Pretty Thing That Lives in the House’’ pour Netflix en 2016, Osgood Perkins revient aux affaires avec une version new-Age du conte Hansel & Gretel des...

le 8 avr. 2020

13 j'aime

2

The House on Sorority Row
Peeping_Stork
9

The House on Sorority House (Mark Rosman, U.S.A, 1982)

Voilà un Slasher bien particulier, qui si dans la forme reprend les codifications du genre, sans forcément les transcender, puisqu’il reste respectueux des conventions misent à l’œuvre depuis 3 ans,...

le 29 févr. 2020

10 j'aime