Dans sa nouvelle réalisation, Gus Van Sant se fonde sur le déploiement des zones de forages de la firme Global pour l'extraction du gaz de schiste aux Etats Unis. Néanmoins, Promised Land n'est pas un film sur le gaz de schiste. Van Sant refuse le "documentarisme" sur le sujet : ni puits de forage, ni eau en feu n'apparaissent à l'écran, et même les quelques vaches mortes qui pourraient trahir l'exploitation restent éternellement statiques, soigneusement reléguées aux documents papiers. D'ailleurs, si une telle exploitation soulève des interrogations sur le plan de la santé , elles demeurent sans réponse : là n'est donc pas la question. Pas de moralisation, pas de dénonciation, seulement un sujet comme un autre pour traiter d'un problème que l'on retrouve aussi bien en Amérique qu'en Europe : l'effondrement du système financier provincial due à la fermeture des grandes usines locales, et la traque des firmes internationales venant en aide à ces communautés en déclin par des propositions contractuelles alléchantes.

Gus Van Sant se pose avec son équipe dans ces contrées reculées où l'agriculture semble être la dernière activité possible pour les populations locales. Comme un chercheur en laboratoire, il apporte avec lui deux émissaires, Matt Damon et Frances McDormand et recréer en pleine campagne cette affaire mondiale. Sobrement, il filme les déboires d'un duo professionnel à la réussite basée sur le mensonge, et réduit les magouilles d'une imposante firme à un twist final provocateur et original. Au plus près de ses protagonistes, Van Sant cadre simplement les ressentis de chacun, les doutes, la nostalgie, et la sagesse un brin stéréotypée de Steve Butler (Matt Damon), en humaniste zélé, cédant à la pression du veritas. On retrouve par ailleurs Hal Holbrook dans son rôle de vieillard épanoui à la conscience tranquille, ouvert aux dialogues débarrassés de tout manichéisme.

Promised Land est tortueux par son sujet et simple par son traitement, qui se révèle certes dénué d'audace mais contrôlé de bout en bout. Loin de la maîtrise graphique et temporelle d'Elephant, un Gus Van Sant un peu essoufflé et impersonnel.
Pointofview
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le 26 avr. 2013

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