John Carpenter, l’un des maîtres de l’horreur, nous arrive ici avec une oeuvre que je trouve très sous-estimée de tous, même des plus fervent admirateurs du réalisateur. "Prince des Ténèbres" fait facilement partie de mon top 5 de sa filmographie, et voici pourquoi.


Un professeur scientifique et ses étudiants vont dans une église de Los Angeles, afin d’étudier un mystérieux contenant ancien dont le contenu est une espèce de liquide verte qui est nul autre que le fils du Diable lui-même. À l’arrivé des étudiants, le fils de Satan se libère et se sert de l’équipe de recherche pour libérer son père de l’autre monde. Aidez par le prêtre Loomis, les étudiants devront trouver un moyen d’arrêter le Mal avant qu’il n’atteigne son but.


On ne peut se le cacher, même si nous ne croyons pas en Dieu, la religion catholique a une grande influence dans la culture nord-américaine. En fait, durant la Grande Noirceur, le Québec était catholique de l’Abitibi à la Gaspésie. Le clergé et la politique dirigeaient tout. De nos jours, les valeurs catholiques sont encore bien imprégnées dans notre quotidien. C’est pour cette raison que j’affirme que personne ne resterait insensible devant une fin du monde gouverné par le prince des ténèbres. C’est pour cette raison également que "Prince des Ténèbres" réveille une peur qui sommeil au plus profond de nous, et ce, depuis plus de 2000 ans d’histoires. Dès le générique, la peur se réveillait en moi. Plus le film avançait, plus ce sentiment grandissait. Ma peur était générée par tout ce que je voyais, et tout ce que je ne voyais pas. Le simple fait de penser qu’une force maléfique peut exister me terrifie. C’est pour cette raison que j’aime autant les films de possessions et de fantômes. "Prince des Ténèbres" joue avec la subtilité de ce thème.


Souvenons-nous des tableaux de Salvador Dali. Ce dernier avait une fixation pour les fourmis, qui représentait la mort. John Carpenter utilise le même concept pour la représentation du Mal. À chaque fois que nous voyons des fourmis ou autres insectes, cela veut tout simplement dire que le Mal n’est pas loin ou que la personne concernée est en rapport avec le Mal. Un exemple parfait est quand l’un des personnages voit des vers s’accumuler sur les fenêtres de l’église. Ce n’est pas grand-chose, mais dans notre subconscient, l’effet recherché est bien présent. De plus, la finale vaut définitivement l’attente et le coup d’oeil pour ceux qui pensent que le film dure une éternité. La tension y est à son comble. C’est d’ailleurs la partie que je préfère du film, et probablement à cause du personnage qui se transforme tranquillement au fils de Satan. Son apparence est vraiment effrayante avec sa peau pratiquement écorchée. Si j’avais vu ça étant plus jeune, j’aurais été traumatisé à vie par le Diable. Finalement, l’épilogue nous lance un dernier droit et nous tombons avec un esprit bouleversé.


Ce qui est intéressant dans "Prince des Ténèbres", ce n’est pas seulement le côté religion du film, mais c’est également l’idéologie symbiotique avec la science. Dès le début du film, nous avons l’impression que ces deux opposantes parties vont avoir le même chemin à faire. L’univers du film se penche sur l’existence du Mal du point de vue scientifique avec une question sur le temps en trame de fond. Même la religion est perçue comme étant mensongère dans le film sans y exclure totalement sa raison d’être. Tout ce que la science ne peut expliquer, la religion le peut. C’est d’ailleurs ce que l’équipe de scientifiques va comprendre durant le long de leur séjour d’expérience dans l’église afin de comprendre ce qu’est la matière dans le contenant caché sous le toit de Dieu. Le prêtre sera également chamboulé par les événements puisque sa foi sera mise en doute. Le film prend finalement une tournure zombiesque, mais plus du côté “humain contrôlé” que par ce qui est représenté dans les films de Romero.


Dans la distribution, nous avons la chance de voir un sosie de Chuck Norris dans ses jeunes années, soit Jameson Parker, qui offre une bonne performance dans le rôle principal. Le grand-père Mori Tanaka de la saga "3 Ninjas" est également de la partie, Victor Wong interprète le professeur Howard Birack. Nous avons également la chance de voir le très grand Donald Pleasence (La Nuit des masques", "New York 1997") dans le rôle du prêtre Loomis. Seulement, tous les rôles présentés dans le film demeurent dans le cliché et il n’y en a pas un qui se distingue plus qu’un autre. Finalement, le caméo revient au chanteur Alice Cooper, en clochard zombie.


Quand je pense à "Prince des ténèbres", je pense à son générique de début très emballant. Je pense à un gros 10 minutes où John Carpenter prend tout son temps pour présenter les différents personnages. Je pense à une mise en situation calculée accompagnée d’une magnifique trame musicale qui engendre l’inquiétude et la fascination. Avec tous ces facteurs réunis, le spectateur a le sentiment que quelque chose de mal va bientôt arriver dans le film, comme un parasite qui attend le bon moment pour attaquer. Malgré la durée du générique, ce dernier passe presque inaperçu. Il est assez étalé en longueur et saupoudré de scènes intéressantes, autant religieuses que scientifiques. On met l’attention sur des questions dont les personnages seront confrontés plus tard dans le film. Le générique de début de "Prince des Ténèbres" est parfait pour que le spectateur s’immerge dans le film et ainsi, faire un voyage fantastique dans un monde surréaliste.


Comme énoncé dans le paragraphe précédent, la bande originale est l’un des points forts du film. Elle a été composée par John Carpenter lui-même. Sans cette trame musicale, le film perdrait une grande partie de son identité. Cette dernière accentue le côté stressant et horrifique du film. Ce sont trois notes basses, qui par sa simplicité et sa régularité d’apparition dans la trame, génèrent chez le spectateur une grande inquiétude. On a qu’à penser à la bande originale des "Dents de la mer" qui fait environ le même effet. À chaque moment de tension, on perçoit la magnifique bande originale qui fait son travail. Les trois notes basses sont suivies par une mélodie plus légère, qui peut signifier un moment d’espoir dans la noirceur, et un peu de répit pour nos nerfs.


Selon moi, on remarque dans "Prince des ténèbres" toute la subtilité de l’horreur dans une ambiance sombre et ayant pour thème principal, la religion. John Carpenter signe ici une oeuvre très complexe et recherchée dont il a le parfait contrôle. Son film m’a captivé du début à la fin, qui d’ailleurs, porte à réfléchir sur le fatalisme. "Prince des Ténèbres" n’est peut-être pas LE meilleur Carpenter, mais c’est sans doute son oeuvre la plus mature et la plus angoissante.

VHS_Guy

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