Une union politique contre-nature scrutée avec une ironie délicieuse

Alors que l’année de l’élection présidentielle approche à grands pas, Présidents, le film d’Anne Fontaine anticipe ce moment en nous proposant un postulat de départ improbable. En effet, comment deux ex présidents, que tout oppose,uniraient leurs forces, via une double candidature, pour battre Marine le Pen? Pourtant, cette idée de commencement est intéressante quand on voit comment l’histoire distribue les jeux de rôles entre Nicolas S et François H. Tout en gardant les pedigrees de base des deux hommes, entre le petit excité ( ne mesurant pas 1,82m et portant des talonnettes) et le « modéré » ( qui pète des plombs de temps en temps quand même en Corrèze),Anne Fontaine amuse le spectateur lorsque ces deux animaux politiques se perdent dans leurs postures à en oublier leurs réflexes passés.C’est pour cela que la première partie parisienne est beaucoup moins évocatrice que la partie corrézienne où François et Nicolas se rencontrent de nouveau, se jaugent avant de faire les quatre cent coups pour que la France persiste.Au-delà de la partie de campagne ( le vert, les vaches, les produits du terroir), Anne Fontaine distille de croustillants moments de non-dits dans la mise en scène ( quand Nicolas n’a personne en dédicace, quand la seule question posée lors du meeting des deux hommes en campagne ne leur est pas adressés, le mot compliqué du Scrabble retrouvé dans la scène avec la vétérinaire),Grégory Gadebois et Jean Dujardin, entre caricatures et tentatives d’incarnations des deux hommes politiques dans leur privé, arrivent à tirer leur épingle du jeu, car ils projettent deux hommes auxquels ils ne veulent pas ressembler mais faire ressortir des vérités alternatives.C’est la qualité primordiale du film dans cette exposition proposée ne voulant évidemment pas chercher une quelconque adhésion.La projection sur la campagne de la présidentielle permet aussi un épilogue bien senti et bien vu prouvant que le candidat idéal peut jaillir contre toute attente. Récréatif, réinventant les compagnes des deux ex-présidents ( mention spéciale à Pascale Arbillot incarnant une femme décidée et indépendante sans en faire des tonnes)proposant des intermèdes musicaux pour saisir des moments bien précis du récit,Présidents reste un film intelligent et drôle pour décrire une union politique contre-nature scrutée avec une délicieuse ironie.

Specliseur
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Des films à la télé,peut-être au ciné en 2021

Créée

le 30 juin 2021

Critique lue 657 fois

6 j'aime

Specliseur

Écrit par

Critique lue 657 fois

6

D'autres avis sur Présidents

Présidents
Cinephile-doux
7

Le mou et l'énervé

Le point de départ de Présidents a tout d'une vaste blague. Hypothèse farfelue que celle d'une rencontre corrézienne entre deux anciens présidents de la France et de leur inattendu attelage vers les...

le 3 juil. 2021

13 j'aime

4

Présidents
Sabri_Collignon
6

La République des anciens

Une agréable satire politique qui imagine avec malice le retour sur le devant de la scène d'un duo présidentiel plutôt antinomique en apparence pour contrer la Marine nationale en vue de 2022. Le...

le 6 juil. 2021

12 j'aime

Présidents
Heurt
6

Flamby et l'enervé

L'histoire d'associer les deux derniers présidents (en leur donnant une mission) ressemble fortement à quelque chose. Cela fait furieusement écho à la bd signée par Sfarr et Sapin Héros de la...

le 17 janv. 2023

6 j'aime

3

Du même critique

Eiffel
Specliseur
8

Un biopic alternatif remarquable

Ce qui marque d’entrée dans Eiffel est la qualité des scènes d’époque du côté de Bordeaux où de Paris. Martin Bourboulon effectue une mise en scène épatante où chaque détail compte. Les extérieurs de...

le 13 oct. 2021

40 j'aime

Paddington
Specliseur
7

Un petit ours débonnaire dans un film drôle et optimiste

Je comprends mieux pourquoi nos voisins britanniques ont une affection si particulière pour Paddington.Ce petit ours péruvien et déraciné qui débarque à Londres a déjà un regard naïf mais pas tant...

le 14 déc. 2014

25 j'aime

3

Les Frères Sisters
Specliseur
5

Le western: pas un background pour Jacques Audiard

Quand j’ai lu,comme beaucoup de monde,que les Frères Sisters était une proposition de John C Reilly au réalisateur,j’ai commencé à avoir quelques doutes sur la nature de ce film pas véritablement...

le 20 sept. 2018

19 j'aime