Boire le calice jusqu'à la lie ? Non quand même pas !
Je ne vais pas être trop sévère avec Jérôme Le Maire, réalisateur et coscénariste de ce film : ce n'est que son deuxième film et c'est déjà courageux de sa part de ne pas se limiter à devenir tâcheron de la télé. Si j'en crois ses commentaires, l'idée de départ était de faire un film sur la Bourgogne ? Et bien là c'est complètement loupé ! On se croirait plutôt dans le bordelais (pas loin de la mer) et de toutes façons, dans toutes les régions de France il y a des vignobles, même dans le nord ! Côté tourisme, on repassera et il eut été préférable de concocter un scénario avec Philippe Gougler ou Pierre Bonte !
Et puis le casting (complètement délirant dans ses choix) va à l'encontre de cet objectif : aucun cul-terreux ou vigneron potentiel crédible genre Carmet, Le Person, Préboist du temps jadis ou autre, mais plutôt style Dechavanne et sa ferme-célébrités : Jalil Lespert donne envie de se marrer ! Quant à la cuisinière, Maïté eut fait des prodiges mais Laura Smet, quel désastre ! C'est comme si on lui avait fait traire les vaches "à l'ancienne" : on frise là le burlesque et le monde de l'irréel d'autant qu'elle n'a de comédienne que le nom...
Ce film aurait sombré comme le Costa Concordia s'il n'y avait eu Gérard Lanvin et Frédérique Tirmont qui nous font croire à leurs rôles, heureusement. C'est bien trop peu, même s'il règne dans cette histoire une ambiance rurale qu'on sent là tout près, à portée de main, mais que le scénario est impuissant à nous faire admettre !
Pêché de débutant, manque d'orgueuil ? Jérôme Le Maire a laissé son film lui échapper : cette histoire d'oenologue tombait déjà mal : ça ressemble au "Sang de la Vigne" mais quand même en bien meilleur ! Pas de cadavre ici dans les cuves de fermentation ! Le réalisateur aurait dû choisir un scénariste, et un bon plutôt qu'ajouter à ses propres ambitions de plumitif deux tâcherons comme Rémi Besançon et Vanessa Portal : ça lui aurait permis de se consacrer entièrement à une mise en scène encore perfectible. Une aventure écrite à trois, c'est la certitude d'un récit impersonnel, sans rythme et sans âme ! A vouloir trop,on déshumanise ce qu'on voulait écrire...
Même constat affligeant : le réalisateur s'est laissé imposer par le producteur (Alain Terzian) le système "Salut les copains" où il n'a pas le choix des comédiens : d'où des acteurs qui plombent leurs rôles car ils n'ont pas de talent ou ils ne sont pas le meilleur choix pour le rôle, comme Smet entre autres ! Et là encore, il vaut mieux un bon directeur de casting que trois comme ici tombés d'on ne sait où comme Elodie Demey et Bénédicte Guino...
Enfin, il manque le "caractère", c'est à dire ce que gagne le bon vin en vieillissant, ce qui manque probablement encore au réalisateur qui peut certainement faire bien mieux...
Cette cuvée-ci n'a guère été rentable : 325 000 entrées en salles malgré Gérard Lanvin... Comme dans le film, il faudra attendre que le raisin croque légèrement sous la dent...
La Une (RTBF) le 03.08.2018