Il n’y a que trop peu de cinéma dans Premier de la classe. Et pourtant, à force d’excès et de caricatures naît un je-ne-sais-quoi de juste dans son approche du système éducatif en zone prioritaire : les poncifs finissent par brosser le portrait d’une impasse culturelle à laquelle se propose de répondre ledit film, soit en donnant à chacun des frères une place en fonction de leurs capacités et qualités personnelles. Se définit peu à peu une foi sincère en l’école synonyme d’intégration sociale, dans un profond respect des valeurs républicaines. Car la pénibilité des réalités n’est en rien éludée : les conditions d’enseignement sont à l’image des infrastructures dans lesquelles se tiennent les cours, les professeurs sont ou blasés ou en maison de repos, les directives vont parfois à l’encontre des urgences et des besoins rencontrés sur le terrain. Les élèves, eux, attendent, s’amusent, passent le temps : ils souffrent d’une situation d’incommunicabilité avec un corps enseignant spectral dans lequel les convictions premières semblent à jamais étouffées.


En pensant le mensonge comme révélateur des travers d’un système, le long-métrage déconstruit lentement les hiérarchies en place pour prôner un vivre-ensemble où les statuts s’amuïssent, où élève et professeur travaillent main dans la main – rappelons que l’un ne va pas sans l’autre, et inversement. C’est alors que les carences artistiques de notre comédie, carences qui la condamnent à répéter une somme de séquences peu inspirées et visuellement laides, deviennent les reflets d’un dysfonctionnement sociétal : tout est mort, paraît condamné à le rester. Et non. Un père croit dans le travail. Il suffit de voir la pièce de vêtement qu’il porte fièrement et les visages des présidents de la République qui s’y succèdent, pour comprendre la démarche adoptée par le film : chanter, sur une tonalité burlesque, l’importance des valeurs communes dans la définition d’un patriotisme source de vitalité et de réussite. S’installe une bonne humeur que les quelques revirements dramatiques ô combien conventionnels viennent perturber un temps : la famille, l’école et les amis fusionnent dans une mascarade générale, assez proche en cela d’une scène de carnaval, où triomphe l’intégration.


Aidé par de bons comédiens – dont le succulent Pascal Nzonzi –, Premier de la classe dispense une énergie pleine d’entrain et de bienveillance que nous aurions tort de bouder en ces temps de fracture du lien communautaire.

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le 22 nov. 2019

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