Predestination ou Prévision, à vous de choisir... (Edit)

Avis sur Prédestination

Avatar Victor Tsaconas
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(III) Predestination, le nouveau film des frères Spierig, qui furent remarqués grâce à la comédie horrifique Undead en 2003, mais surtout par Daybreakers en 2009, relecture dystopique du vampire sous le prisme de la science. Leurs nouveau film est adapté de la très grande ( mais très courte ) nouvelle de science-fiction de Robert A. Heinlein, All You Zombies, considéré comme étant le paradoxe temporel parfait. Mais malheureusement, même si le film est plutôt bon, il est loin d’être parfait. Il se découpe clairement en deux parties. La première, beaucoup plus classique dans la narration, est un long dialogue entre deux des protagonistes, l’un racontant une histoire à l’autre ce qui amène un découpage narratif fait de flash-backs. Beaucoup plus classique dans la conception comme dans la mise en scène, cette première partie est très efficace car elle introduit lentement mais avec intérêt une histoire qui ne semble avoir aucun rapport avec ce que l’on attend du film, préparant ainsi le premier retournement de situation de la narration, intervenant vers le milieu du film. Cette longue mise en place habitue le spectateur à un découpe et renforce ainsi la conception éclaté et labyrinthique de la deuxième partie. Dans cette dernière, le spectateur est alors constamment baladé entre les époques, et la timeline commence à se remplir de complications et de paradoxes temporels. C’est là que le film perd de son efficacité. Le rythme de la narration est considérablement ralenti à cause de l’ennui de la redondance qui s’installe. Je ne connaissais pas la nouvelle de Heinlein avant de voir le film, mais j’ai malheureusement compris les différentes révélations finales lorsque l’on passe de la première à la deuxième partie. Le découpage de la fin du film n’aidant pas à masquer quoi que ce soit, j’ai eu la fâcheuse impression d’être tenu par la main jusqu’à la fin, sans pouvoir m’évader d’une narration qui s’embourbe elle-même dans le labyrinthe qu’elle met en place. En effet, les metteurs en scènes, sûrement par peur de n’être pas clair, ressasse la même chose jusqu’à la conclusion : on a le droit aux mêmes séquences sous différents angles selon les protagonistes dont on adopte le point de vue. La musique tout le temps présente accentue l’impression que l’on a de stagner dans une boucle temporelle dont on a déjà défait les nœuds. À vouloir être trop clair dans le paradoxe qu’il avance, le film perd de sa crédibilité narrative et devient vite prévisible. La direction artistique reste tout de même intéressante dans les époques qu’elle recrée, et le travail de transformation effectué sur les acteurs est impressionnant et convaincant. Malgré une mise en scène qui s’englue, l’histoire reste terriblement originale et contemporaine, puisqu’elle s’intéresse entre autres à la transsexualité, thème trop rarement abordé. Je ne peux en dire plus sans révéler les clés de compréhension du paradoxe exposé, et j’invite les anglophones à lire la nouvelle de Robert A. Heinlein, All You Zombies.

  • Edit suite au deuxième visionnage -

(...) Quant au long-métrage, je pense qu’il se bonifiera avec le temps puisqu’à sa deuxième vision, il m’a déjà offert un champ de questionnement plus vaste et prouve qu’il est plus complexe qu’il ne laisse paraître. L’histoire terriblement originale en laissera plus d’un pantois, et l’audace et la qualité de la direction artistique, malgré le faible budget, prouve qu’un bon film se fait grâce à l’imagination de quelques créateurs, et non grâce au porte-monnaie du producteur.

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