Regarder un film des années 80 réalisé par Alain Delon, écrit par Alain Delon, produit par Alain Delon, et interprété par Alain Delon en 2016, c'est une sacrée épreuve... Ça cabotine du début à la fin, et c'est très mal fait, tellement mal fait qu'on se demande s'il ne s'agit pas de second degré. Ou d'autodérision ratée. À trop vouloir sortir de certains sentiers battus du polar français, le film finit par se perdre dans les méandres tarabiscotés de son scénario et rend le visionnage particulièrement désagréable. Beaucoup de seconds rôles sont encore pire que Delon, avec en tête Anne Parillaud qui est vraiment ridicule. Non seulement ridicule, mais également vecteur d'une forme de misogynie bien faisandée et très caractéristique de l'époque, difficile à avaler aujourd'hui. Je me fais violer mais je m'en fous, ce qui me gêne, ce sont les menottes. Aïe.
Pour le reste, les clins d'œil aux ami(e)s de Delon tombent à l'eau, que ce soit Mireille Darc qui manque de se faire écraser en se faisant gueuler dessus "Hey la grande sauterelle !" ou encore Brigitte Lahaie en infirmière lambda et Belmondo que Delon chambre bien comme il faut. Ce genre n'est vraiment pas ma tasse de thé, mais il me semble que si Delon a tourné dans de bien meilleurs films que Belmondo (notamment chez Melville et Deray), la moyenne des films de Delon est bien inférieure à celle de Belmondo... Mais je m'égare. Un détail particulièrement significatif : l'utilisation de la chanson d'Oscar Benton, "Bensonhurst Blues", plutôt sympa à l'origine, donnant un cachet étrange et inhabituel au film, mais qui finit par lasser terriblement tant elle est utilisée n'importe comment, quelle que soit la scène à illustrer (mais plus particulièrement lorsque Delon est sur sa grosse moto). Quelques bonnes idées mais beaucoup trop de mauvais goût.
(Avis brut #58)