Je confonds toujours 'Le père de la mariée' avec 'Parenthood'. Ce soi encore j'ai cru que j'allais revoir le premier dont j'ai un souvenir agréable sans plus. Le second, en revanche, je ne l'avais jamais vu. Et voyant le nom de Ron Howard au générique j'ai vraiment pris peur. Il faut dire que le bougre n'est pas terriblement efficace dans le domaine de la comédie. La scène d'intro d'ailleurs, est assez évocatrice de ses lacunes. Les répliques sont filmées mollement et il est difficile de vraiment rire. Et puis petit à petit, je me rends compte qu'on n'est pas dans le genre de comédie que Ron a essayé de faire à plusieurs reprises. Le tempo lent amène ici quelque chose de particulier, et au final on est plus proche d'un film de Appatow que de Splash.

L'histoire est intéressante ; les scénaristes/producteurs y traitent de la famille en bien comme en mal. Un regard assez honnête sur une des valeurs les plus importantes aux états unis. Les situations sont amusantes, cocasses, bien écrites. On y retrouve la folie de situations autobiographiquement drôles. Pas d'excès. Les auteurs offrent également trois grands axes narratifs, c'est-à-dire trois familles liées par le sang rencontrant chacune des conflits. L'objectif est large, peut être un peu trop, mais identique pour chaque famille : faire en sorte que ça marche.

Peut être cela aurait il mieux fonctionné en tant que trilogie à la manière de Lucas Belvaux, c'est à -dire que les personnages secondaires d'un film deviennent les personnages centraux d'un autre. Le film tel qu'il est est très bien, et l'on ne s'ennuie pas malgré la disparité des objectifs, au contraire, on en veut plus! C'est pourquoi donner un film à chaque famille aurait pu ravir le spectateur. Il est d'ailleurs étonnant que le film n'ait pas connu de suite plus directe que les deux sitcom sorties (dont une toute récente, encore en cours, qui semble rencontrer un certain succès).

Ce que je reprocherai au film, c'est sa fin trop consensuelle. Alors que les auteurs démentellent le concept de famille, la fin sonne un peu comme une fuite face au sujet, ou une conclusion un peu hypocrite. C'est facile, c'est joli, c'est... une valeur américaine qui triomphe une fois de plus. Malgré ce que j'ai l'air de dire ce n'est pas tant pour ce point de vue morale que pour le manque de jusqu'au-boutiste qui me chiffonne. Car au delà des convitions, ce qui me chagrinne, c'est que cette fin désamorce toute la construction dramaturgique installée jusque là.

SPOILER
Par exemple, j'aurais préféré que l'avortement soit appliqué non pas à cause de mes convictions vis à vis du sujet, mais simplement pour montrer que parfois il faut se résoudre à faire ce genre de choix... la vie de famille n'est pas la réponse à tout. En même temps, cette hypocrisie me rappelle un peu celle mise en scène (de façon plus volontaire) par Apatow dans Knocked up. Le couple reste ensemble plus par responsabilité que par amour. N'est-ce pas là la marque d'une félûre américaine?
Fin du SPOILER

Techniquement le film tient la route. Le montage paraît lent au début et puis finalement se révèle très prenant. Le découpage fonctionne, Howard n'essaie pas de gagner un oscar et ça fait plaisir quand il filme de la sorte : c'est léger mais efficace. Les acteurs sont vraiment tous épatants. Tous ont percé à un moment ou un autre de leur carrière, donc le spectateur qui regarde un minimum de films ne se sentira pas dépaysé : Joaquin Phoenix en petit jeune bizarre, Keanu Reeves qui rappelle qu'avant de devenir un super héros interprêté les stoner à merveille, Rick Moranis qui se réjouit de jouer autre chose que du Rick Moranis, Steve Martin qui s'essaie également dans un registre plus posé, la ravissante Mary Steenburgen, et j'en passe!

Bref, Parenthood est un film de famille efficace mais qui souffre d'une fin justement trop familiale (car finalement le film est destiné à toute la famille). Dommage.

PS: Vous savez que Ron Howard est roux? Oui, tout le monde le sait, c'est normal personne n'aime les roux. Il paraît qu'ils puent et qu'ils font des trucs bizrres parfois. Et bien j'ai appris aujourd'hui que Ron était marié à... une rousse! En plus les roux se marient entre eux! C'est un peu congénital comme approche de l'amour non? Ou bien est-ce leur façon d'envahir le monde, en procréant ensemble afin de conserver les gênes du roux à une puissance maximale! Et soudain, la peur!
Fatpooper
8
Écrit par

Créée

le 6 nov. 2012

Critique lue 789 fois

2 j'aime

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 789 fois

2

D'autres avis sur Portrait craché d'une famille modèle

Portrait craché d'une famille modèle
SimplySmackkk
6

Portrait bien carré d'une famille modèle

Traduire le titre original "Parenthood" par « Parentalité » aurait été trop simple. Ron Howard aurait pu être Spielberg, s’il n’y avait pas déjà un Spielberg. Tout comme l’éternel barbu, il...

le 9 févr. 2020

5 j'aime

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55