Porco Rosso
7.7
Porco Rosso

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1992)

Porco Rosso, j'ai décrété que c'était mon film préféré d'Hayao Miyazaki. Je ne suis pas certain que ce soit son meilleur film : son meilleur film, c'est peut-être Mononoké, ou le voyage de Chihiro… Mais mon préféré, c'est sans conteste Porco Rosso. J'espère que vous saisissez la nuance entre les deux…
C'est pourtant difficile de choisir un Miyazaki préféré : Totoro, Kiki la petite sorcière, Nausicäa, et les films déjà cités, sont tous des films que j'adore, ce qui prouve (mais ce n'est plus une découverte pour personne) à quel point Hayao Miyazaki est un immense réalisateur.
Alors, qu'est-ce qui fait pencher la balance pour Porco ?
Premièrement, il a un statut particulier dans mon coeur car c'est le film de Miyazaki que j'ai connu lorsque je ne connaissais pas encore Miyazaki… Il était sorti en cassette VHS en France alors que le reste de son oeuvre n'était pas encore connue chez nous. Donc pour moi ce n'était pas un film de Miyazaki, c'était "Porco Rosso". J'ai découvert le réalisateur plus véritablement bien plus tard. Du coup, Porco Rosso est un des films qui a bercé mon enfance, avec lequel j'ai forcément un rapport affectif fort.
Deuxièmement, c'est un film que je revois sans jamais me lasser. Beaucoup de films, en ayant une histoire précise à raconter, ont le défaut de se revoir avec moins d'intérêt lorsqu'on se rappelle bien d'eux. Mais Porco Rosso raconte une histoire assez simple, avec finalement assez peu de péripéties : pour moi, Porco Rosso est un film d'atmosphère, d'ambiances, et c'est ce qui fait qu'on peut le revoir sans jamais se lasser.
J'aime voir Porco sur sa minuscule île déserte de l'Adriatique et sauver ces petites filles, c'est une séquence d'ouverture formidable. J'aime beaucoup Gina qui chante dans son bar. J'aime énormément la scène de "flash-back", durant la guerre, où Porco perd tous ses amis et se transforme lui-même en cochon. C'est une scène magnifique, pleine d'étrangeté et de beauté. Le petit plan où Fiona l'aperçoit en humain…
Mais deux scènes en particulier me donnent carrément les larmes aux yeux : le flash-back où l'on aperçoit Gina et Porco jeunes, voler sur un engin pour la première fois; ça ne rate jamais, à chaque fois que je vois ce plan, que j'entends cette musique, j'ai une petite larme. Et aussi, le moment où Gina confesse ses sentiments envers Porco à Curtis, et où elle aperçoit Porco, qui vole autour de sa villa mais ne s'arrête pas…
Dans un genre complètement différent, j'aime énormément la course-poursuite lorsque son hydravion a fini d'être réparé (j'adore bien sûr aussi la dite-réparation de l'hydravion…).
Enfin, Miyazaki qui montre des hydravions qui s'envolent, planent, tourbillonnent les uns autour des autres, c'est beau. C'est des images qui, découvertes dans l'enfance, marquent la rétine pour toujours, et définissent un enchantement qui ne peut se briser…
Miyazaki propose un film presque sans magie, et qui s'inscrit dans une époque historique très précise : l'Italie fasciste pré-2è guerre mondiale. Tout en proposant un film beau, avec des personnages touchant et drôles, qui parle d'aventuriers, il apporte avec ce contexte une nuance… Ce sont les dernières années, d' "insouciance" si l'on peut dire, avant que les catastrophes ne s'enchaînent.
Ce sentiment particulier, de montrer une époque qui s'apprête à disparaître, est appuyée par la fin : alors que le spectateur se demande encore si Porco Rossa vient de se transformer en humain, Fiona nous confesse n'avoir plus jamais revu Porco, et nous explique qu'elle a cultivé par la suite une relation très forte avec Gina. D'un seul coup, tout le récit qu'on vient de voir gagne une distance infinie avec le spectateur : avec ces quelques mots de Fiona, on apprend que l'histoire qui nous est racontée est un temps complètement révolu…


C'est un film beau, enchanteur et puissant, mais aussi mélancolique et nostalgique. Miyazaki arrive à faire un film par ailleurs extrêmement féministe à travers les portraits de Fiona et Gina, alors que le récit se déroule dans un environnement très machiste (Porco le premier). Enfin, mention spéciale au doublage français : d'habitude, j'adore taper sur le doublages en français de films étrangers, y compris pour les films d'animations, mais Porco Rosso est une exception remarquable. Tous les doublages sont bons. Fiona en français est excellente, Jean-Luc Reichmann en Curtis est très très bien (ce qui est surprenant pour quelqu'un qui a présenté "Attention à la marche", comme quoi il aurait peut-être pu avoir une carrière différente), et Jean Reno a ma reconnaissance éternelle pour avoir doublé Porco…

Créée

le 26 mars 2016

Critique lue 904 fois

7 j'aime

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7

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