Belle réalisation, scénario sans grand intérêt...
C'est un peu comme "Bullitt", mais avec la sensualité des années 1970 et Steve McQueen en moins.
Attention, spoilers.
ça se passe à Los Angelès. Un jeune flic, Chance, veut attraper un artiste faux-monnayeur, Rick Masters (Willem Dafoe). Son ancien coéquipier, Jimmy Hart, se fait tuer à trois jours de la retraite, alors qu'il espionnait sur l'atelier clandestin de Masters.Chance fait désormais équipe avec John Vucovic, qui essaie de le calmer, mais les bavures s'enchaînent : preuve subtilisée sur une "crime scene", tentative de dérober 50 000 $ cash à un acheteur de diamants volés pour pouvoir donner un acompte à Masters et le coincer (l'acheteur se révèle être un agent du F.B.I. sous couverture)... Jusqu'à l'arrestation de Masters, qui foire complètement : Chance est tué, sans qu'on s'y attende. Vucovic tue Masters dans son atelier en flamme après avoir manqué de se faire brûler lui-même.
Comme "Bullitt" donc, il y a de magnifiques scènes de poursuite en voiture (la fameuse séquence dans les canaux d'écoulement, avec 3 Chevrolet gonflées, est superbe). Les flics sont sous pression et - comme vous l'avez compris - sont des êtres humains qui commettent des bavures. C'est suffisamment rare dans le cinéma américain pour être signalé, même si Chance n'a pas le charisme de Popeye dans "French connexion". Voilà les deux points forts du film - on pourrait rajouter aussi les scènes de sexe particulièrement osées entre Chance et son informatrice, Ruth.
Il y a une forme d'humour noir, par exemple l'arrestation de Carl Cody (John Turturro), où Chance plaque Cody contre le mur, avant qu'un flic ne gueule : "Police !" le gun à l'air, puis que Vucovic n'arrive en criant à son tour "Secret Service !", après quoi un grand gars arrive et dit : "Ho, I just wanted to take a leek".
Maintenant les points faibles.
Celui qui saute aux oreilles, c'est la musique : la B. O. de Wang CHung est ce qui se fait de pire dans les années 1980. Attendez-vous donc à de la boîte à rythme, du synthétiseur et de la basse d'ambiance. Il ne manque que le saxophone cliché. Pire, la musique est utilisée à contretemps et bousille une photographie très réussie. La plupart des scènes d'action sont complètement ringardisées à cause de cela. Si je pouvais je regarderais le film sans la B. O.
L'action suit un rythme plutôt lent. L'introduction des personnages n'est pas des plus réussies, si bien qu'on peine à s'attacher à eux. La fascination de Chance pour le saut à l'élastique, par exemple, aurait sans doute pu être mieux exploitée au niveau dramatique. Au niveau direction d'acteur, en dehors des scènes d'action très carrées, on reste dans la convention - la dispute entre le flic et l'attorney, etc... Pire, certaines scènes d'action ne sont guère vraisemblables, alors que le point fort du film, c'est de se situer plutôt à hauteur d'homme.
Le titre français, "Police fédérale Los Angelès", est plutôt idiot, puisque nos compères sont plutôt des services secrets. A noter que de Los Angeles, on verra surtout le port, des ponts, des routes, un peu de désert et un night club, mais guère plus.
"Police fédérale Los Angelès" est un film d'action à la belle photographie, qui a mal vieilli, parce que tout en reprenant l'univers des films policiers east-coast des années 1970, il a déjà les défauts des années 1980 : goût pour le spectacle et les retournements de situation au détriment de la vraisemblance et surtout bande-son horrible.