A tous les anciens et nouveaux fans de l’univers Pokemon, lâchez votre Pokedex et vos Pokeball, un long métrage vient de sortir sur nos écrans de cinéma. Pas d’animé, un film en prise de vue réelle proche de ce que « Qui veut la peau de Roger Rabbit » nous avait proposé en son temps. En compagnie du jeune Tim et de Pikachu, menez l'enquête dans les rues de Ryme City, métropole où Pokemon et humains vivent ensemble.
Pokemon la joue métafilm
Chaque fois qu’on pense qu’on a atteint les limites de la créativité, un autre film sort pour nous prouver le contraire. Détective Pikachu en est le parfait exemple et bien que son univers soit moins riche qu’on l’espérait, il n’en restera pas moins mémorable. Pokemon, série animée et jeux vidéo de mon enfance que j’ai par la suite délaissé au profit d’autres œuvres moins enfantines. Première fois depuis plus de 15 ans que je replonge dans cet univers et jamais je n’aurai pensé qu’il m’aurait autant manqué. Oh le design des nouveaux Pokemons n’est pas l’exemple parfait en matière de créativité mais ça amuse.
La Pokemon Compagny a donnée l’autorisation aux américains de produire l’adaptation américaine du jeu Détective Pikachu. La malédiction pesant sur les films inspirés de jeux vidéo plane maintenant au dessus de la tête de Rob Letterman et de son Détective Pikachu. En vue de tout ce qui a été fait en matière d'adaptation filmique de jeux vidéo et de la bande annonce récente de « Sonic » lui aussi réalisé en prise de vue réelle, les fans de la première heure étaient aussi anxieux que l'ait Psykokwak, le pokemon mi-aquatique, mi-psy. Changement de ton, dans Détective Pikachu, l'illustre Pokemon électrique a droit à un film où il est la star et en plus, il parle! Basé sur le spin off du même nom sortit en 2016 sur Nintendo 3DS, Rob Letterman propose une aventure familiale où vous évoluerez dans un univers différent de d'habitude.
Plus de chasse aux Pokemons (allez juste une mini scène), plus de combats (une petite séquence de 10minutes pour faire plaisir), ici, nous suivons une enquête où un jeune garçon enquête aux cotés d'un Pikachu sur la disparition mystérieuse de son père agent de police dans la ville de Ryme City. Ryme City, une ville où Pokemon et humains vivent en harmonie et s’entraident. Vous vouliez voir à quoi l’aptitude de chaque Pokemon pouvait servir dans la vie réelle ? Détective Pikachu vous le montre et c’est juste délirant. Dès ses premières minutes, Détective Pikachu joue la carte du métafilm (genre Last Action Hero) où le héros, tel le fan derrière son écran, rêvait de devenir dresseur Pokemon dans sa jeunesse.
Esthétiquement, nous sommes face à une vraie prouesse technique nous en mettant plein les yeux. Jamais on n’avait vu des Pokemons si réalistes. Alors oui, certains font encore très cartoon (Monsieur Mime, Salamèche ou les petits nouveaux du style Spododo, Golemastoc ou Ramboum), mais tout se marie à la perfection avec les décors et les acteurs de chair et d’os.
Vous êtes fan de la ville de Tokyo et du Los Angeles futuriste de Blade Runner ? Ca tombe bien puisque Ryme City donne clairement la sensation d’évoluer dans ces décors. Pas de voitures volantes pour autant. Petit chapeau en tweed, intelligence, Pikachu n’est pas seulement trognon et drôle, il possède une personnalité hors du commun. Bavard, plaisantin, hautain, sarcastique, vif comme l’éclair (c’est le cas de le dire), accro à la caféine, oubliez tout de ce que vous connaissiez de cette race de Pokemon dont l’une était le fidèle compagnon du jeune Sacha.
Ryan Reynolds, notre Deadpool adoré, a été mis au défi de donner vie à ce personnage emblématique et d’éviter de voir son jeu proche de l’anti-héros Marvel. Défi relevé et réussi. Exit l’humour noir, les blagues ras la ceinture, son interprétation de Pikachu a été pensée pour la famille. L’acteur et son doubleur officiel français n’ont rien perdu de leur célèbre tchatche et gout de l’absurde.
Energique, subtile, il arrive même à nous attendrir par plusieurs fois jusqu’à nous soutirer quelques larmes. Pikachu, sa petite bouille adorable, ses expressions si réalistes et sa fourrure donnant envie de câlinage intempestif (n’abusez pas pour autant, vous allez le mettre mal à l’aise), gagne notre cœur, sa présence brille au point de faire de l’ombre aux protagonistes humains. Puis l’on a son petit coté obsessionnel proche d’un Sherlock Holmes où notre Pokemon a le sens de l’observation et de la déduction.
Partant de là, apprêtez- vous à vivre une enquête proche du polar où aventure, humour, mignonneries, surprises, rebondissements et émotions vivront eux aussi en harmonie. On pourrait reprocher à ce film de ne pas posséder de musiques vraiment mémorables, on pourrait également lui reprocher d'être trop simpliste. Le placement de fan service, l'enquête allant dans la facilité et quelques blagues/gags un peu trop faciles. Toutefois, Détective Pikachu étant destiné à un public familial, on ne lui en veut pas.
100% américain, Détective Pikachu assume ce qu'il est avec son gros budget. Vous mettez les pieds dans du blockbuster spectaculaire épique et drôle s'inscrivant dans la lignée direct de ce que l'on peut s'attendre en regardant un film Pokemon sans pour autant faire film de Pokemon. Détective Pikachu a ce petit coté émancipé évitant d’offrir aux fans du genre quelque chose qu’ils connaissent déjà. Les Pokemons, la personnalité propre à chacun reste, le lieu de l’intrigue, l’enjeu de l’histoire change. Comme le sont nos animaux de compagnie, Détective Pikachu nous montrera la bonne intention qu'il a, celle de montrer que les Pokemons sont là pour faire ressortir le meilleur de l'être humain.
Rob Letterman n'a donc pas fait comme ces prédécesseurs en misant tout sur du fan service, l'élément clé pour avoir dans sa poche les nostalgeeks. Pour dire, Détective Pikachu n'ira ni droit dans la parodie, ni dans le film hommage. Un très bon point, surtout que malgré son coté facile, Détective Pikachu déverse dans l’émotion sincère, lorgne vers la sensation éprouvée en découvrant pour la première fois l’univers d’un Harry Potter ou d’un Star Wars. Ces mêmes petits frissons que même un adulte pourra ressentir et qu’importe si pour lui, Pokemon, c’est désormais du passé.
-Arrêtes de parler, t'es une hallucination.
-C'est toi l'hallucination.
Au final, réalisme, inventivité, humour enjoué, mignonneries, tendresse, sarcasme, photographie et mise en scène parfaites, duo attachant rappelant les célèbres buddy movie en un poil moins spectaculaire, Détective Pikachu, que vous soyez « ou étiez » fan ou non de l'univers, c'est à voir pour son concept, son envie d'explorer d'autres horizons et parce qu’enfin on a une adaptation de jeu vidéo réussie. Go acheter votre réplique en peluche de Pikachu ? Oh je vous vois venir !