Contester la visée mercantile de l’adaptation en long-métrage de la marque Playmobil ne doit pas occulter les qualités intrinsèques dudit métrage, dont la première est à coup sûr le soin accordé aux effets visuels, tous fort réussis et non dénués de puissance graphique. Règne une générosité qui va crescendo jusqu’à malheureusement atteindre les limites du supportable – les personnages finissent tous par se mettre à crier, ce qui est assez désagréable – mais qui n’oublie jamais la part d’imaginaire nécessaire à l’incarnation d’un univers ludique sur grand écran. Nous passons d’une plaine où s’affrontent des Vikings à une arène romaine, puis aux agents spéciaux avant de découvrir des extra-terrestres : l’impression d’éparpillement fonctionne ici comme une garantie d’étendue, la preuve que le petit monde Playmobil ne se cantonne pas à ce qui est montré, qu’il vit au-delà du regard et en totale autonomie.


D’où l’idée que l’enchaînement des séquences correspond aux mouvements d’un client dans un magasin de jouets : défilent devant lui les grosses boîtes avec leur gros prix et leur morceau d’univers dans l’espoir de se voir, un jour, réunies les uns aux autres. La métaphore du passeport est à lire dans cette optique : le jouet se donne à l’enfant comme un moyen de s’évader, d’arpenter des contrées inconnues ou inaccessibles, de s’ouvrir au monde tout en exerçant sa créativité. Les histoires enchâssées à l’intérieur d’un récit cadre (il faut sauver le frère perdu) font l’éloge de la diversité et des bigarrures qui résultent du croisement de leurs éléments respectifs : des chevaux s’envolent au pays des cow-boys, un dragon ailé affronte nos deux héros dans une arène romaine. Ça chante à tout bout de champ : vivre sa vie, s’affirmer, croire en l’imagination blablabla.


Mais après tout, si Playmobil ne réinvente rien, s’il emprunte même bon nombre de ses situations à d’autres œuvres aujourd’hui référentielles – à commencer par une ouverture chantée qui s’inspire de La La Land, et par un tyrannosaure tout droit sorti de Shrek –, il dispose d’une énergie et d’une sympathie suffisantes pour embarquer son spectateur pendant une heure et demie. Et en tant que divertissement familial, il vaut bien les productions Disney de ces dernières années.

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le 5 déc. 2019

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