Encore des légendes, des aventures, de l'humour et... de nouvelles gueules

Gore Verbinski étant allé au bout de la trilogie qui lui a été confiée, c’est Rob Marshall qui a relevé le flambeau pour trouver en la fontaine de jouvence la nouvelle convoitise de Jack Sparrow évoquée à la fin de l’aventure précédente.
Cette nouvelle aventure marque aussi le retour aux choses un peu plus terre à terre, davantage palpables, même si on reste dans l’exploitation des légendes. En l’occurrence, cette légende connue de tous et pas seulement des pirates, est convoitée par tous ceux en quête de rajeunissement. Pour exemple, les espagnols sont aussi sur le coup, mais ce n’est finalement pas développé, et ça en est presque regrettable, car ça aurait permis de changer un peu de la rivalité entre la Marine Royale et les pirates dont nous avons été les témoins privilégiés au cours de la trilogie de départ. Conséquence ou pas, cela donne l’épisode le plus court jusque-là : 2h20 tout de même ! Mais il est aussi le moins spectaculaire.
Toujours est-il que je le préfère aux deux épisodes précédents pour son côté un peu plus essentiel, un tantinet plus terre à terre. La petite touche fantastique n’a pas été laissée de côté pour autant, même si elle est un peu moins présente. Mais lorsqu’elle est mise en scène, ça rend bien à l’écran.
Tout comme Verbinski, Orlando Bloom et Keira Knightley ont quitté le navire, préférant voguer chacun de leur côté vers de nouveaux projets. C’est également le cas avec l’absence remarquée de Pintel et de Ragetti. Même si nous les aimions bien tous et que nous regrettons presque de ne pas les voir à nouveau de la partie, cela a permis d’intégrer de nouveaux personnages tous aussi marquants les uns que les autres ! D’où le fait que je disais que nous regrettions "presque" de ne pas revoir ceux qui sont partis. Oui presque, parce qu'ils manquent à l'appel, quand même.
Avant que les nouvelle têtes n'arrivent, le spectateur est d’abord très vite rassuré par une fracassante entrée en matière de Johnny Depp littéralement habité par ce rôle qui décidément lui va si bien. Puis les nouveaux personnages font un par un leur entrée en scène, comblant ainsi le vide laissé par ceux qui sont partis. Penelope Cruz débarque la première avec un personnage inattendu, prenant la place laissée vacante par Keira Knightley. Cette dernière avait fière allure, Penelope Cruz réussit à l’égaler. De plus, elle donne parfaitement la réplique à Johnny Depp, ce qui nous donne quelques scènes cocasses.
Ensuite, ce sont les gueules qui montent à bord. Le capitaine Davy Jones n’est plus, et on se dit que Jack Sparrow peut régner en maître sur les océans. Seulement voilà : il n’a plus le Black Pearl, chapardé par le fourbe capitaine Barbossa. Une nouvelle confrontation entre les deux pirates devrait donc avoir lieu. Oui et non. Car un troisième larron s’invite à la fête : le célèbre capitaine Barbe Noire, ce pirate que l’inquiétante réputation précède bien avant que la proue de son navire (le Queen Ann’s Revenge) ne soit visible à l’horizon. Certes nous avons plaisir de retrouver Barbossa pour de nouvelles banderilles humoristiques avec Sparrow, car on n’imagine guère de ne plus les voir ensemble tant ils fonctionnent comme un vieux couple. Mais on s’émerveillera devant la majestuosité du bâtiment de Barbe Noire, qui n’a d’égal que le charisme de Ian McShane, superbe d’assurance et de détermination quoi qu’il en coûte, n’ayant aucun respect pour la vie exceptée la sienne. En effet, il incarne avec brio un capitaine que rien n’effraie, peu enclin aux sentiments, poussé par une quête qui devrait lui permettre de prolonger son règne sur les mers.
Le maquillage et les costumes finissent de compléter parfaitement l’illusion, et on peut en dire autant à propos de Keith Richards dans la peau de papa Sparrow, pourtant peu présent. Peu présent certes, mais il trouve le moyen d’en imposer ! Malgré l’arrivée de nouveaux personnages, nous n’avons pas perdu tout le monde : monsieur Gibbs, le fidèle second de Sparrow est de la partie aussi, pour notre plus grand plaisir. Tout n’est pas pour autant parfait : les émotions sont un peu moins présentes, et l’absence des deux trublions Pintel et Ragetti se fait cruellement sentir. Au moins, ils amenaient un peu de de fun, d’originalité, enfin de ce que vous voudrez dans le genre, bien qu’ils soient totalement idiots. Ben oui, il faut se rendre à l'évidence : on aimait ces deux abrutis ! On sent même comme un gros creux de perplexité lorsque le prénom est donné à la sirène… enfin c’est indigne pour un film de cet acabit.
Cependant les mythes portés à l’écran ont été revisités pour les entremêler étroitement. Il en ressort une scène plutôt bien faite, laquelle se termine de façon explosive et non moins spectaculaire. Le tout est accompagné d’une bande originale toujours aussi plaisante, mais pas suffisamment renouvelée.
La photographie est également intéressante, tandis que la réalisation de Rob Marshall est plus classique que celle à laquelle Gore Verbinski nous avait habitués. C’est dommage, le film se serait bonifié s’il avait pris la peine de travailler un peu plus ses mouvements de caméra.
Quoiqu’il en soit, entre les costumes, les bois qui craquent, les imposantes voilures, les personnages qui marquent les esprits, et j’en passe, "Pirates des Caraïbes" continue à nous faire voyager au gré de ses épisodes dans des décors à chaque fois différents. "La fontaine de jouvence" n’échappe pas à la règle ; et au fond, qui de mieux que de nous faire visiter dans une ambiance surannée ces superbes décors par des gens qui nous sont sympathiques… et moins sympathiques ? N’est-ce pas là le principal ?

Stephenballade
8
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le 13 oct. 2020

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Stephenballade

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