Piranhas
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Piranhas

Film de Joe Dante (1978)

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Voilà l’exacte illustration de ce que peut donner l’optimisation d’un budget serré. Les productions Roger Corman, on le sait, jouent davantage sur le savoir-faire de leurs réalisateurs que sur leurs effets spéciaux rutilants et leurs acteurs charismatiques à souhait. Pour sa première réalisation, Joe Dante fait preuve d’une intelligence à toute épreuve. En bon élève du cinéma de Spielberg, et notamment des Dents de la mer qui a, de façon évidente, inspiré ce film d’exploitation, Joe Dante n’en montre pas trop. Caméras subjectives, plans larges, bruitages, il évite soigneusement de trop montrer ses petites bêbêtes carnassières de peur de tuer l’effroi dans l’œuf. Les têtes d’affiche occupent des seconds rôles d’épaisseur tandis que les premiers rôles sont embarqués dans une série de péripéties qui les met plus en action qu’autre chose. Tant et si bien que l’ensemble ne semble jamais souffrir de son petit budget, les quelques effets sanglants étant, par ailleurs, fort bien réussis et placés à bon escient.


Le résultat est habile, truffé de scènes à prendre au second degré et de références assumées à des œuvres ou à des artistes (Ray Harryhausen par exemple) qui empêchent le film de tomber dans le nanar de série, propre à ce type de productions. Au contraire, Joe Dante parvient à hisser l’ensemble jusqu’à une série B de bon niveau, nerveuse à souhait et bien conduite. Les attaques des piranhas sont bien vues, provoquant une terreur semblable à celle provoquée par le requin blanc lorsqu’il se rapprochait, trois ans plus tôt, des plages garnies de touristes. Le film a, en outre, de nombreux messages politiques à faire passer. La société américaine toute puissante y est ainsi visée, prête à toutes les horreurs pour remporter ses guerres (même celles qui ne sont pas les siennes) ou prête à faire prendre des risques à des gamins pour faire du fric (c’était déjà la même thématique chez Spielberg). Les militaires en prennent pour leur grade, la presse aussi.


Il fallait quand même un certain talent pour élever ainsi le récit d’un film appelé à être une simple série d’exploitation en une bonne série B. Steven Spielberg, qui s’y connait un peu dans le domaine, avait estimé que ce film, dans la masse qu’il a engendrée, était le seul à valoir le sien. On regrettera que la carrière de Joe Dante, après les années 1980, sombra progressivement et que ce dernier finit par tourner des épisodes de Hawaï Five-O. Son talent méritait bien mieux.


Play-It-Again-Seb
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le 12 mai 2023

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PIAS

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