Pigs, les monstres sanglants ou "Daddy's Deadly Darling" en VO n'est pas, comme le suggère le titre français et l'affiche, un film de terreur animale. Il lorgne plutôt vers le film d'horreur/ thriller psychologique que vers la boucherie porcine, mais je n'ai pas été déçue pour autant, enfin si, un peu car voir des hordes de cochons becqueter du shérif ça m'aurait plus que botté. Quand même.

On suit donc Lynn (Toni Lawrence, la fille du réalisateur), jeune-femme d'une vingtaine d'années, qui a tué son père après que ce dernier ait tenté d'abuser d'elle. Une fois de plus, comprenons-nous. Elle en ressort traumatisée, niant le décès de son paternel et se voit internée en hôpital psychiatrique. Chouette départ dans la vie, n'est-il pas ?

Quelques jours, mois, années après ces faits (ceci est assez dur à déterminer) Lynn parvient à s'échapper de l'asile pendant un léger moment d'égarement de l'infirmière (en somme, celle-ci est bien trop occupée à jouer au docteur avec le médecin de garde) qui ne se rend pas compte que sa patiente, non contente de se faire la malle, en profite pour lui chourrer sa bagnole. Musique country, cheveux au vent : à nous la liberté ! Enfin à elle, mais on se comprend.

Après avoir roulé un laps de temps encore une fois indéterminé, elle débarque aux abords d'une petite ville et se propose comme serveuse dans le restaurant tenu par l'austère Zambrini (Marc Lawrence, réalisateur, acteur, scénariste du film, cette homme posséderait-il tous les talents hormis celui de mettre en place une chronologie un tant soi peu compréhensible ?). Ce Zambrini est également éleveur de porcs et il n'est guère apprécié dans le voisinage, on murmure ici et là qu'il nourrirait ses cochons de cadavres humains dérobés dans le cimetière tout proche. Sa voisine, une vieille bique bigotte bigophona même au shérif pour lui faire part de ses soupçons, ce à quoi le brave homme de loi lui répondit qu'à sa connaissance, aucune loi n'interdisait de jeter en pâture à ses pourceaux des macchabées fraîchement déterrés. Tranquille le gus, oui.


Finalement, les deux s'acclimatent plutôt bien, Lynn ne fouine pas et peu à peu une relation bizarre naît entre eux, Zambrini développant une affection presque paternelle pour la jeune-fille dont il ne tarde pas à découvrir les troubles mentaux plutôt très importants étant donné qu'elle a une fâcheuse tendance à zigouiller tout homme se montrant un tant soit peu charmeur envers elle. Problématique ? Pensez-vous ! L'éleveur la débarrasse des cadavres, hop : directement aux cochons ! Ces animaux se révélant des recycleurs à l'efficacité redoutable "Une famille : Un cochon", voilà mon idée de slogan pour tout écolo traînant ses guêtres par ici.

Hélas, les disparitions de tous les mecs à oeil lubrique du patelin finissent par éveiller les soupçons du shérif (sorte de benêt tellement obnubilé par les charmes de Lynn que l'on se demande s'il ne va pas finir par la soupçonner APRES la fin du film) et un détective privé engagé pour la retrouver vient mettre son groin un peu trop près de la porcherie... L'étau se resserre autour de celle dont l'état mental ne cesse de se délabrer, en témoigne une scène où, sous les grouinements des porcs, notre dingo se met à courir comme une dératée, remuant les bras au-dessus de sa tête en hurlant. Note personnelle : Si vous voulez avoir l'air ne serait-ce qu'un tout petit peu normal, une fois dans votre vie, ne faites JAMAIS ça !

Alors comme ça ça a l'air un peu bête, et ça l'est surement un peu, mais c'est pas mal fichu Pigs les monstres sanglants (bien qu'un chouïa menteur, une fois n'est pas coutume, je préfère le titre français), le groin euh grain de l'image donne un côté assez réaliste à l'histoire se déroulant sous nos yeux quand au contraire, lors des crimes ou cauchemars de Lynn, par une réalisation saccadée, des hurlements et des cris de cochons assourdissant, une musique décalée, on se croirait rendu dans un mauvais trip sous LSD, genre d'ambiance assez typique des réalisations de ces années-là.

Au niveau du casting, Marc Lawrence est parfait en Zambrini et l'on aurait pu craindre le pire en le voyant préférer faire tourner sa petite fille chérie plutôt que d'organiser un vrai casting, mais même pas. Toni Lawrence est habitée par son rôle, tant dans ses phases meurtrières que lorsqu'elle se montre plus fragile et désemparée. Les plus professionnels restant pour moi, les cochons, qui donnent tout dans une prestation grouikante et boueuse, on sent l'abnégation pour lard dans tous ces coups de groins donnés sans retenue, j'ai juste un peu peur pour le plus dodu d'entre eux car il m'a semblé apercevoir un client du resto déguster un sandwich au salami... Non, je ne veux pas savoir.

Bonne surprise donc, surtout que le film étant distribué par Troma, je m'attendais plus, je l'avoue, à au mieux un nanar sympa, au pire un navet longuet. Pigs est un film d'horreur sans prétention, plutôt efficace à condition de supporter les hurlements de porcs pendant 1h20 et qui sait proposer quelques scènes réellement angoissantes.


(Pour les curieux, le film est disponible dans son entièreté sur Youtube, en VO uniquement par contre http://www.youtube.com/watch?v=b9iguLopECs )
Pravda
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le 17 oct. 2013

Modifiée

le 18 oct. 2013

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