Pigs, Les Monstres Sanglants ou Daddy's Deadly Darling pour son titre original est le second et dernier film réalisé par le comédien Marc Lawrence en 1973. Un film à petit budget mais pour lequel le réalisateur (également acteur, scénariste et producteur) mettra sa maison en hypothèque afin de terminer les huit petits jours de tournages. Un film presque familiale puisque le personnage principale est interprétée par la propre fille de Marc Lawrence, Toni Lawrence. Pigs, Les Monstres Sanglants est un titre certes accrocheur mais un poil mensonger tant les fameux cochons n'auront qu'un rôle assez secondaire dans un récit plus orienté vers le thriller psychologique.

Pigs, Les Monstres Sanglants c'est donc l'histoire d'une jeune fille qui se fait embaucher comme serveuse dans un rade paumé dont le propriétaire possède des cochons qu'il nourrit avec de la chair humaine.

Pour commencer il faut savoir que le film de Marc Lawrence en plus de ces nombreux titres (Pigs / Horror Farm / The Strange Exorcism of Lynn Hart / The Killers) est sorti sous divers montages dont un director's cut du nom de The 13th Pig, version qui est l'objet de cette critique. Dans cette version l'aura mystérieuse du personnage de Lynn Hart est préservé alors que dans d'autres montages on nous la montre en préambule exorcisée car possédée par un démon ou on nous explique tout son passé traumatique avec son père et sa fuite d'un hôpital psychiatrique. Ici le film commence juste par l'arrivée d'une jeune fille à priori sans histoires, sans passé ni attaches ce qui s'avère être peut être le choix le plus judicieux pour donner un peu de mystère au personnage. Car oui, Pigs, Les Monstres Sanglants n'est pas un film d'invasion animale avec des gorets anthropophages mais une histoire plus psychologique d'une femme fragile et perturbée recueillie par un fermier, patron de restaurant et ancienne gloire du cirque contraint de nourrir ses cochons avec des cadavres. On a presque parfois la sensation que le film télescope deux axes narratifs sans pleinement réussir à les fusionner entre eux. On nous explique par exemple au tout début que les cochons doivent être nourris de chair humaine les soirs de pleine lune après y avoir pris goût en boulottant un ivrogne endormi, une idée amusante mais qui sera totalement abandonné par la suite, les cochons ne servant plus qu'à se débarrasser de cadavres. Quant à cette histoire de jeune femme perturbée, obsédée par la figure d'un père absent, qui trouve refuge dans un endroit paumé et qui tue des gens lors de crises d'angoisse et bien le hasard a fait que j'ai récemment regardé Dream No Evil (1970) de John Hayes qui possède un sujet très similaire et dans lequel joue comme c'est étrange un certain Marc Lawrence.

Si il n'est pas désagréable à regarder Pigs, Les Monstres Sanglants est bien loin de convaincre ou passionner la faute sans doute à ce récit un peu bancal, presque tiraillé entre deux histoires et rempli de douces incohérence. Passe encore pour cette fille embauchée comme serveuse dans un rade dans lequel on ne voit jamais personne ou presque, mais il est plus difficile d'avaler l'incompétence crasse d'un serif dont la capacité à passer à côté des preuves et nier les évidences frôle le génie. Serveuse dans un restaurant fantôme et chien policier sans aucun flair, deux beaux exemples d'emploi fictif. Ce qui sauve un peu Pigs, Les Monstres Sanglants c'est un essentiellement ses deux interprètes principaux Marc Lawrence et sa fille Toni et leur relation trouble et fusionnel à l'écran. Même si elle n'aura jamais la carrière souhaitée par son paternel j'ai trouvé Toni Lawrence vraiment convaincante, pas forcément grande actrice, mais sa fragilité, ses hésitations, son naturel parfois un peu forcé conviennent à merveille à son personnage dérangé. Le film comporte également plusieurs petites choses qui fonctionnent assez bien comme ces grognements et couinements de cochons très agressifs utilisés dans la bande sonore et qui accompagnent parfois juste un violent zoom ou ces gros plans menaçants sur les visages lors de scènes de violence avec un sang bien plus rouge que réaliste mais très graphique à l'écran. Le film comporte également quelques séquences étrange comme lorsque les deux voisines et commères imaginent leur voisin Zambrini (Marc Lawrence) arriver chez eux grimé en clown plus proche du Captain Spaulding que de l’amical Bozo. A noter aussi cette séquence de cauchemar assez réussie dans laquelle dans un mélange de cris et de couinements porcins, Lynn (Toni Lawrence) image être lardée de coups de rasoirs par Zambrini (son propre père à la ville). Il y-a comme ça ici et là des petites choses qui sauvent le film d'une certaine et pleine médiocrité.

On ne va pas se mentir Pigs, Les Monstres Sanglants est loin d'être à la hauteur de son titre, de sa réputation et de son affiche; mais il reste une petite série B avec deux trois bonnes scènes à retenir et un bien étrange cadeau d'un père fait à sa fille dans l'espoir de lancer sa carrière.

freddyK
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le 26 mai 2023

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Freddy K

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