Comme Valley of Stars, son surprenant film précédent, Pig, signé Mani Haghighi, se nourrit de genres très différents et le mélange, assez explosif a priori, n'est pas aussi détonant qu'attendu. Mais au moins, Haghighi tente et assume cette volonté rebelle et iconoclaste qui n'a pas grand chose à voir avec ce que l'on croit, à tort, constituer l'essence du cinéma iranien (néo-réaliste, contemplatif et psychologique). Avec ses tee-shirts dédiés aux groupes de Heavy Metal, le héros de cette pochade parfois adolescente qu'est Pig n'a rien de conventionnel. Interdit de tournage par les autorités, il assiste impuissant aux meurtres en série de ses amis réalisateurs, de plus en plus jaloux de ne pas figurer parmi les victimes. Sujet rock'n roll que Haghighi illustre avec une pincée de gore mais sans véritablement jouer à fond la carte du thriller. Il semble plus intéressé par la satire du petit monde du cinéma en Iran, avec ses metteurs en scène égocentriques, tout en s'attaquant à la censure de son pays, avec une certaine insolence d'ailleurs. Mais ce sont surtout les réseaux sociaux, aussi nuisibles en Iran qu'ailleurs, qui sont l'objet principal de son courroux. Il pousse le bouchon un peu loin dans la caricature mais c'est la signature du film tout entier qui est marquée par ce goût de l'excès, que ce soit dans le réalisme, l'onirisme ou l'absurde. Cochon qui s'en dédit semble marteler le cinéaste qui effectivement a réalisé un film bien imparfait, moins drôle qu'espéré mais suffisamment perché pour qu'on le regarde avec intérêt.

Cinephile-doux
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le 26 déc. 2018

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Cinéphile doux

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