Il y a environ 1 an, je me suis lancé dans un pèlerinage en hommage à Steven « Saumon Agile » Seagal puisque j’étais jusque-là vierge de tout film du bonhomme. Ce pèlerinage a commencé par Nico (1988), son premier film, et se terminera par Beyond The Law (2019), son dernier à l’heure où j’écris ces lignes, soit 56 films. Enfin, si j’y arrive et si mon cerveau n’a pas fondu et n’est pas sorti par mes oreilles avant. Mais j’y vais doucement, histoire de ne pas faire trop rapidement une overdose. Et après le foireux mais néanmoins bourrin et rigolo Terrain Miné (1994), on arrive à Piège à Grande Vitesse (1995), la suite du sympathique actionneur Piège en Haute Mer (1992), son plus gros succès. Seagal reprend donc ici son rôle de Casey Ryback pour ce coup-ci non pas un remake de Die Hard dans un bateau, mais dans un train lancé à presque vive allure (parce que « grande vitesse » mon cul oui). 60M$Us de budget tout de même, pour un box-office mondial de 105M$US, un succès très très mitigé mais un film qui se rattrapera avec les ventes en VHS puis en DVD. Alors est-ce que Seagal et son regard de bulot font ici un meilleur boulot que Terrain Miné ? Oui. Mais la pente descendante est amorcée et le résultat n’est pas flamboyant non plus…
Dans Piège à Grande Vitesse, il est question en gros d’une prise d’otage pile dans le train dans lequel Seagal se trouve. Et hop, il va casser des mâchoires. Voilà, pourquoi s’emmerder à faire plus complexe ? Même chose au niveau du développement des personnages. Les méchants sont très méchants, et Seagal c’est le gentil qui va sauver la situation. Voilà, pas besoin de creuser plus en profondeur. Une fois de plus, il affronte seul les méchants et va les éliminer un par un comme le veut le cahier des charges, dans le but d’empêcher l’arme de destruction massive de tout casser, de sauver le train mais aussi sa nièce irritante qui se trouve là. La production du film a été compliquée, entre la difficulté pour trouver qui incarnera le méchant (Gary Oldman, Laurence Fishburne, Julian Sands ou encore Jeff Golfblum ont refusé le rôle), les soucis d’audition à cause d’un Seagal qui demandait aux actrices de se déshabiller alors qu’elles n’avaient pas de nu dans le film, ou encore ce dernier venu foutre un peu le bordel en salle de montage, ça n’a pas dû être simple pour Geoff Murphy (Young Guns 2, Freejack) de mettre le film en boite. En plus de Steven « j’ai qu’une expression faciale » Seagal, on retrouve au casting une toute jeune Katherine Heigl et plusieurs têtes bien connues des séries B d’action des années 80/90 telles que Jonathan Banks, Peter Greene, ou encore Kurtwood Smith. En guise d’antagoniste, Eric Bogosian, le méchant le moins charismatique du monde qui, avec sa tête, aurait été bien plus efficace en faisant office de sidekick rigolo. Le jeu d’acteur est complètement aux fraises, et ils balancent de toutes façons des dialogues qui le sont tout autant. Et comme tout ce bordel semble avoir été fait avec le plus grand sérieux, certains moments en deviennent tellement ridicules qu’on pourrait en rire sans aucun souci.
La mise en scène va du correct au raté. C’est parfois maladroit, les effets spéciaux ont très mal vieillis, et les miniatures sont bien plus visibles que dans par exemple les deux films précédents. Le scénario ne s’embête pas avec les incohérences et les facilités parce que, on s’en fout, on est là pour voir la bagarre ! Et Saumon Agile, il aime ça la bagarre, et en plus ici, il est presque invincible. Comment ça comme d’habitude ? Bon, par contre, là ou Piège en Haute Mer et son gigantesque bateau permettaient de varier un peu les décors, de varier un peu la construction des scènes, dans un train, c’est un peu plus compliqué. L’ensemble se fait un peu répétitif. Lorsque Seagal est sur le toit, le moindre sbire qui sortira la tête par la fenêtre se fera déglinguer. Même chose à l’intérieur des wagons où les cachettes ne sont pas légion. Un mec le cherche, le trouve, se fait péter un bras, une jambe ou se prend une bastos dans la tête, il meurt et ça recommence. Même quand il se prend une balle par un sniper sur le toit à l’autre bout du train et qu’il semble tomber du train, ah ah, il n’est pas mort, il s’est accroché sur le train et pfff, ce n’était qu’une égratignure. Ils n’ont pas compris que Steven Seagal est fait d’acier trempé ? Il se bat seul contre 30 ou 40 gonzes et il s’en sort avec une égratignure au biceps et une éraflure à la joue. Balèze. Pourtant, malgré tout ce qui ne va pas, on passe un moment pas désagréable devant ce sous Die Hard. Parce que le voir défourailler du méchant sbire par pack de 12 a quelque chose de réjouissant. Parce que le voir suspendu dans le vide sur fond vert dégueulasse ne peut que faire marrer. Parce que le film fait malgré tout ce qu’il faut pour être un minimum divertissant. Alors ce ne pas très bon, mais ça se regarde sans trop de mal.
Piège à Grande Vitesse est du même acabit que Piège en Haute Mer mais localiser l’action dans un espace retreint comme un train n’était pas la meilleure des idées. Le spectacle reste regardable, se fait parfois fun, mais la longue descente aux enfers de Steven Seagal est amorcée.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-piege-a-grande-vitesse-de-geoff-murphy-1995/