Faut pas en vouloir au style; la lenteur, l'atonie, tout cela est voulu. Une fois cette idée en tete et l'apathie ambiante acceptée, on peut essayer de voir objectivement ce que le film recèle.
Déjà, c'est un film qui en dit beaucoup trop peu. Ça tient plus de l'assemblage d’instantanés que de l'intrigue développée. Et tous ces moments ne se valent pas; certains semblent plus ou moins importants, d'autres juste inutiles. Vu la durée du truc c'est assez étonnant.
Malgré le caractère rébarbatif du film, on peut pourtant trouver ici et là des choses intéressantes à défaut d’être vraiment importantes. L'exemple le plus marquant est la conversation avec le policier:
« Est-ce qu'on ne peut pas admettre que des hommes capables, intelligents, et à plus forte raison doués de talent ou même de génie — donc indispensables à la société — au lieu de végéter toute leur vie soient dans certains cas libres de désobéir aux lois ?
— Cela me paraît difficile, et dangereux.
— Pour la société ce serait tout bénéfice.
— Et qui distinguera des autres ces hommes supérieurs ?
— Eux-mêmes, leurs consciences. »
c'est l'un des rares moments où on apprend quelque chose sur Michel sans être aiguillé par une voix-off (la sienne). Cette voix-off en elle-même n'a rien de dérangeant; elle a même le mérite de donner un minimum d’intérêt à cet enchaînement de scènes, vu qu'elle permet au protagoniste principal de se dévoiler (très peu certes mais vu comment ça partait je m'attendais à rien du tout, y a qu' à écouter la première phrase).
A défaut de susciter de l'empathie, Michel titillera donc au moins ma curiosité.
Ayant vu Mouchette et Au hasard Balthazar, je peux le dire, ce cinéma n'est pas ma tasse de thé. Si dans le fond, ça semble vouloir capter le "vrai" (et pas forcement le réel), dans la forme c'est très artificiel. Imaginez qu'on puisse voir la vie avec une sorte de filtre capable de retirer au monde toute sa vitalité; c'est mon ressenti.
Après, faut l'avouer, arriver à faire ça c'est quand même un sacré tour de force.