Oeufs brouillés

Au départ je pensais que j'allais déceler une parenté avec Madoka Magica, et mais final ça me semble bien diffèrent (même si j'avoue ne plus avoir que des souvenirs vagues de Madoka Magica).
Malgré le coté grave de l'intrigue qui (semble-t-il) est censé contraster avec la jeunesse des héroïnes, je trouve que dans Wonder Egg Priority il y a une homogénéité du tout. Dans MM par contre (je vais abréger à partir de maintenant parce que je gagnerai peut-être quelques secondes de vie en plus à utiliser pour flemmarder) il y avait ce truc qui me gênait, pour le coup un vrai contraste entre la vie collégienne de ces héroïnes pré-ados et les épreuves démentielles qu'elles traversent, sans déconner mon incrédulité a atteint ses limites.

Je ne vais pas aborder WEP en le comparant indéfiniment à cette référence récente de Shojo mature ni à d'autres, ça ne sert à rien. De toute façon comme je l'ai dit ce qui est bien dans WEP c'est que les héroïnes affrontent des situations bizarres qu'on pourrait même qualifier de très violentes mais de façon à peu près crédible. Cette crédibilité existe du fait que les personnages ont été assez développés et riches sans qu'on en fasse autre chose que ce qu'ils sont à savoir des adolescentes normales (Neiru étant clairement une exception, même si les scénaristes ont voulu le justifier par son coté «spécial», chose qui ne fonctionne pas bien à mon goût). Enfin oui elles sont normales mais ont chacune vécu la perte d'une amie (en plus de porter leurs propres failles) et c'est cela qui va les réunir. Pour une fois le postulat de base n'est pas trop gnagnan; on comprend clairement pourquoi chacune s'est lancé dans ce combat. Rien qui ne soit digne d'un shonen, des motivations crédibles et terriblement humaines.

Pour le coup, l'univers des rêves et des egg semble assez unique et attise la curiosité au début mais déçoit un peu du fait que ce n'est pas plus exploité que ça. Les incursions dans les rêves suivent la majeure partie du temps un même schéma; la lassitude guette bien vite. Heureusement que certains des épisodes prennent le temps de creuser les histoires personnelles (passé et présent) des héroïnes et sont de ce fait plus focus sur le monde réel.
Mais là aussi le bat blesse; finalement à part les héroïnes aucun personnage n'est suffisamment approfondi. Leurs parents et le sensei peintre ça passe mais les deux Acca ne sont au final que passifs et peu utiles à l'intrigue. Alors certes oui on nous sert leur histoire qui est censée être la cause de tout mais franchement les scénaristes auraient pu s'en passer, ça n'aurait rien changé à mes yeux tellement le truc est tiré par les cheveux et tranche avec le coté crédible qui existait jusqu'alors. Et je suis clair, mon incrédulité ne vient pas du coté fantastique avec les pouvoirs et tout ça mais bien d'autres choses.

Autre truc gênant dans la caractérisation des personnages principaux cette fois. Tout d'abord il y a la transidentité de Momoe. Aujourd'hui avoir un personnage trans ou LGBT de maniéré générale est plus un argument marketing pour promouvoir un film/une série; ça ne sert souvent à rien dans l'histoire. Dans ce cas-ci c'est tout le contraire, je n'en savais rien avant de mater la série (après ça m’étonnerait que ce soit un argument marketing valable au japon de toute façon même si pour l'export en occident ça aiderait sans doute haha) mais le problème n'est pas là. Cette caractéristique distinctive du personnage n'a rien d'un gadget inutile, ça s’intègre tout naturellement à l'histoire et apporte à mon sens une variation bienvenue.
Le problème est que l'on a aucun indice sur le fait que Momoe soit une «fille dans un corps de garcon» ce qui fait qu'au début j'ai été largué. Je l'ai d'abord crue garçon manqué mais je n'ai pas compris le fait qu'elle soit mal à l'aise avec son apparence plutôt masculine selon les autres (alors que de mon point de vue on dirait juste une fille habillée en vêtements larges). Après elle a une voix de fille aussi, du coup quand elle raconte que son rendez-vous s'est mal passé parce que le garçon l'a trouvé masculine à cause de ses poils sur les jambes j'ai eu du mal à comprendre. Pourquoi? Tout simplement parce que rien sur les dessins ne laisse penser ça. Elle est représentée comme étant physiquement une fille sans aucune indice qui laisse penser le contraire, ce qui nuit à la cohérence globale du personnage.
Ce n'est que quand j'ai compris sa situation que le comportement du personnage m'a semblé cohérent.
Ensuite il y a Neiru; je ne compte pas trop m'attarder dessus parce que c'est le personnage le moins crédible des quatres héroïnes; c'est pourtant un personnage bien caractérisé, ce qui me rend encore plus perplexe quant à la raison de l'indigence de son background. Ça m'horripile.

La direction que prend la série au douzième épisode laisse augurer une fin bancale avec l'irruption d'un nouveau concept casse-gueule mais il me faudra voir la fin avant de savoir si cette histoire si prometteuse se conclura en beauté ou achèvera sa chute déjà amorcée.
Quelle idée d'espacer autant les deux derniers épisodes (je ne sais combien de mois), je comprends pas l’intérêt.

EDIT (07/07/21): Après avoir vu ce qui est censé être le dernier épisode je reste perplexe. La fin ouverte n'est pas un problème, l'absence de confrontation finale non plus d'ailleurs; par contre il aurait fallu mieux traiter les thèmes abordés plutôt que de rester en surface. Dommage quand on voit le potentiel certain de la série. Chers auteurs, fallait revoir vos priorités.