Occupe-toi d'elle.

Remake du film culte Cible émouvante avec Jean Rochefort, Guillaume Depardieu et Marie Trintignant, Petits meurtres à l'anglaise était le film que l'on attendait au tournant. Dérivant quelque peu de l'original, il ne s'en montre pas moins éclatant.
Victor Maynard (Bill Nighy), le tueur à gages plus cher d'Europe, succombera au charme d'une de ses cibles, Rose (Emily Blunt), une voleuse, et décidera de la protéger. Se joindra par hasard à eux, Tony (Rupert Grint), jeune homme légèrement ingénu qui deviendra l'apprenti de Victor. Pourchassés par Hector Dixon (Martin Freeman), le second tueur le plus cher d'Europe, ils devront lutter pour leur survie.

Hormis un titre suintant de tous ses pores le piège commercial, il n'y a absolument rien que l'on puisse reprocher à cette comédie à l'humour oscillant entre potache, pince sans rire et corrosif comme seuls les anglais en sont capables.
Nombreuses sont les comédies à avoir tenté de démystifier le mythe de l'assassin, mais peu peuvent se targuer d'y arriver aussi bien. Notre personnage principal n'est jamais tourné en ridicule mais plutôt en dérision, ce qui est radicalement différent. Bill Nighy jubile dans son rôle de vieux coincé, toujours juste, et à la hauteur de sa réputation, et les deux trublions qui l'accompagnent n'en sont pas en reste. Emily Blunt est hilarante en voleuse intrépide, et quant à Rupert Grint on ne l'aurait jamais imaginé passer de Poudlard à ce rôle d'improbable apprenti, et pourtant, chacune de ses interventions ne cesse de nous faire rire.
Les tueurs lancés à leurs trousses n'en sont également pas en reste, l'adversaire de Victor, Hector Dixon, incarné par Martin Freeman s'en sort à la perfection dans son rôle de sadique, tout comme Geoff Bell qui lui sert d'acolyte incroyablement con.
N'espérez en revanche rien de vraiment surprenant pour ce qui est de la trame principale, prévisible et linéaire, mais dont l'efficacité est indéniable, l'humour fonctionnant à la perfection des premières minutes jusqu'aux dernières. Le côté barré de l'original est cependant revu à la baisse, penchant plus pour le politiquement correct et tout public que pour le film réellement allumé, loin de Petits meurtres entre amis, comme son titre aurait pu le laisser croire.

Bref, Petits meurtres à l'anglaise est une comédie rafraîchissante, qui si elle s'en sort parfaitement pour ce qui est de l'humour, n'en délaisse pas non plus le côté action, rondement mené, de façon propre et élégante, respectant le flegme british. Si le développement nous propose en revanche rien de vraiment substantiel, c'est parce qu'ici tout est misé sur le charisme des personnages, les situations et les dialogues.
Pour conclure, les amateurs d'humour fin et incisif ne pourront que succomber au charme de toute cette pléiade d'acteurs réunis dans une pochade suffisamment timorée pour s'adresser à un public large.
Mention spéciale pour Bill Nighy, souvent abonné aux seconds rôles, dont notamment celui de Viktor dans Underworld ou encore du père dans Shaun of The Dead, prouve ici qu'il est capable d'agir en véritable maître de cérémonie.