Je le balance dès le début (c'est ce qui se retient le plus après avoir vu Petite Solange !), le gros (seul !) point positif de ce film, c'est sa jeune comédienne principale, Jade Springer. Elle a déjà tout d'une grande par son talent, mais aussi par un charisme et une photogénie incontestables. La caméra l'aime. C'est triste à écrire, mais sans sa présence, l'ensemble perdrait tout son intérêt. Elle illumine chacune de ses apparitions en jeune adolescente qui devine le divorce à venir de ses parents tout en se refusant à accepter l'inévitable.


Pour en venir au film dans sa globalité, la réalisatrice Axelle Ropert a pour ambition de filmer un drame familial à hauteur d'adolescente, donc en prenant son point de vue. Et pourquoi pas. D'autant plus que ce choix d'optique a donné quelques œuvres fameuses à l'instar de Cría cuervos (d'ailleurs, Springer fait un peu penser physiquement à Ana Torrent, avec quelques années en plus !) ou de L’Incompris (dont la référence est balancée visuellement sans la moindre subtilité !).


Il n'empêche que Ropert fait l'erreur de s'éloigner de temps en temps de ce regard (dont une grande tendance naturelle à la sensibilité est exacerbée en apprenant par la force des circonstances ce que peut être la vie des adultes !) en y intercalant quelques séquences dans lesquelles ce biais est absent. Cette erreur en est bien une par le fait qu'elles n'apportent absolument rien sur les plans psychologique et informatif ou alors auraient pu être remplacées, pour certaines d'entre elles, par d'autres ne lâchant pas la protagoniste.


L'autre gros problème, ce sont des ellipses paresseuses passant sur ce qui sont pourtant des parties importantes de la vie et de l'évolution psychologique de notre caractère, qui auraient pu permettre au spectateur ou à la spectatrice d'être encore plus investi(e) émotionnellement. Le tout s'étend sur une heure et demie (sans parler d'enlever les scènes inutiles précédemment évoquées !), ça aurait demandé vingt ou trente minutes de plus de mettre en scène la construction mentale de la malheureuse héroïne d'une manière plus progressive, plus profonde, plus percutante, sans faire dans l'extravagance en ce qui concerne la durée (deux heures ou un peu moins n'a rien d'exceptionnel au cinéma, bordel !).


Ah oui, une élève sérieuse qui se met à discuter pour la première fois en classe a aucune chance de se faire envoyer en colle par un prof bienveillant envers elle jusqu'ici alors qu'un simple rappel à l'ordre pour la faire taire suffisait largement. Et en outre, un pion qui double une colle pour un motif futile, sérieux ? Euh, on voit bien que Ropert ne connaît absolument pas le milieu scolaire d'aujourd'hui. Et tout ça pour la faire croiser un personnage secondaire qui sert à que dalle par la suite.


C'est très bien d'avoir à sa disposition une débutante qui a déjà tout d'une grande artiste, mais ce n'est pas une raison pour ne s'appuyer que sur elle tout en se montrant négligeante sur l'écriture.

Plume231
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le 3 févr. 2022

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