Avec Petite Solange, Axelle Ropert réussit le pari risqué que de filmer un drame — ici, la séparation d’un père et d’une mère — banal au premier abord, mais le rend intéressant en le filmant du point de vue immature et insouciant de Solange, une jeune fille de treize ans. L’audacieux choix de filmer cette histoire sur 35mm donne à l’image un grain particulier mais très élégant. Dans ce divorce douloureux pour chacun, la faute n’est rejetée sur personne. À l’inverse, au travers de Solange et de la vision de son point de vue qu’adopte le film, on grandit avec elle et on voit qu’elle comprend petit à petit la situation. Tous ces petits moments de silences gênés, ces syntagmes (venant du père, “ta mère” au lieu de “maman”), ces incompréhensions d’une petite fille de 13 ans, Axelle Ropert les capte avec grande précision. On peut parfois reprocher au film d’être caricatural dans ses personnages secondaires (par exemple les scènes au collège, professeurs et surveillants ne paraissent absolument pas naturels), également trop rapide dans son traitement (on aurait aimé voir Solange se reconstruire chez sa tante). Au delà de ces mineurs défauts, Petite Solange n’est pas sans rappeler Les Quatre Cents Coups, en témoigne le regard final — chez Truffaut, signe de désespoir ; chez Ropert, signe de libération. Le film reste très poignant grâce notamment à une Jade Springer qui, on l’espère, n’en est qu’au début d’une belle carrière cinématographique.

unknown_simon
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le 4 sept. 2022

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