Quand tous les arts se réunissent…

Persepolis…un film d’animation, ou un choc esthétique. Tout y est. Tous les arts. Toutes les émotions. Marjane Satrapi nous dévoile une partie de sa vie en 95 minutes qui en paraissent 2. Le film relate l’enfance et l’adolescence de Marjane Satrapi en Iran de 1978 aux années 90.
Persepolis n’est pas seulement un film d’animation, que beaucoup qualifieraient, à tort, de « dessin animé pour enfant ». Ce film ne plairait absolument pas à un enfant, c’est une œuvre à part entière. Premièrement, on y trouve une richesse au niveau graphique, les dessins sont simples voire enfantins, noirs et blancs, mais la sobriété des dessins participe à la beauté de l’œuvre. On trouve même des références artistiques à plusieurs reprises, on peut noter par exemple une étrange ressemblance au Cri de Munch, lorsque la jeune Marjane découvre la main d’une de ses amies après un attentat à Téhéran, ou encore la ressemblance de certains dessins à des miniatures persanes (héritage culturelle de la réalisatrice Iranienne).
En ce qui concerne les sons en général (musique, bruitage etc..), une fois de plus Marjane Satrapi est épatante, c’est comme si elle avait considéré chaque détail, tout semble pensé et travaillé. Du rire de la petite, à sa voix d’enfant, puis d’adulte (la voix de Chiara Mastroianni), les musiques enfantines, les musiques douces qui prennent à la gorge (cf. le passage où l’oncle Anouche raconte son combat, sa fuite et son retour).
Oui, tout y est, toutes les émotions, on passe du rire aux larmes, sans oublier la peur, voire même le dégoût. On rit quand on voit Marjane, encore enfant, crier « A bat le Shah ! » ou encore quand la grand-mère se met à débiter des insultes bien à elle. Mais on pleure, quand Marjane quitte l’Iran pour se rendre en Autriche, quand elle traverse une période de dépression à son retour de Vienne. Puis on est envahi par la peur quand Marjane a rendez-vous avec son futur mari, et qu’elle est à deux doigts de se retrouver aux mains de la police, connue pour torturer et frapper les femmes, en effet, je ne saurais dire quel choc j’ai ressenti quand j’ai entendu : « Soit vous payer, soit c’est les coups de fouet ? »
En plus d’être une palette d’émotion, ce film dénonce ce qui se passait…et (hélas) se passe en Iran : la condition des femmes, la surveillance permanente, l’Islamisme radical qui frappe le pays, les exécutions, la torture. Donc le dessin est un choix pertinent de la part Marjane Statrapi, premièrement parce qu’elle est l’auteure de bandes-dessinées, mais aussi parce que le crayon adoucit ce qui, en images filmées, pourraient fortement choquer.

En deux mots : une ŒUVRE.
CamilleMD
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les films les plus tristes

Créée

le 16 févr. 2013

Critique lue 2.1K fois

8 j'aime

Camille Martel

Écrit par

Critique lue 2.1K fois

8

D'autres avis sur Persepolis

Persepolis
Rawi
8

Le miroir de l'âme

On ose tout quand on est ado : J'ai découvert ce film en avant-première d'une manière assez drôle. Plus de place disponible, la séance affiche complet et voilà Rawi privée de sa rencontre avec...

Par

le 21 oct. 2014

66 j'aime

14

Persepolis
Adrast
4

Court d'Histoire, long de clichés.

Je partais avec un a priori négatif. Après quelques minutes, j'ai révisé mon jugement pour apprécier l'univers pas si niais et rondouillard que j'imaginais. Puis je me suis ravisé. Tout au contraire,...

le 27 mars 2011

24 j'aime

13

Persepolis
takeshi29
8

Tellement rafraichissant

La vraie réussite de ce film tient dans sa simplicité. C'est pur, franchement euphorisant et rafraichissant dans le monde de l'animation moderne.

le 17 sept. 2011

16 j'aime

Du même critique

Persepolis
CamilleMD
10

Quand tous les arts se réunissent…

Persepolis…un film d’animation, ou un choc esthétique. Tout y est. Tous les arts. Toutes les émotions. Marjane Satrapi nous dévoile une partie de sa vie en 95 minutes qui en paraissent 2. Le film...

le 16 févr. 2013

8 j'aime

Topaze
CamilleMD
8

"Les Hommes ne sont pas bons"

Marcel Pagnol ce n'est pas seulement Manon des Sources, c'est aussi Topaze, long métrage de 2h15, avec notamment Fernandel et Jacqueline Pagnol. L'histoire est celle d'un instituteur, Topaze...

le 30 janv. 2014

6 j'aime

1

Le Passé
CamilleMD
10

Ça vous prend à la gorge

Le passé c’est l’histoire d’une famille recomposée, une famille dans laquelle les êtres sont détruits, décomposés, perdus. Le personnage principal, Marie (Bérénice Bejo) pharmacienne, vit en France...

le 22 mai 2013

4 j'aime