On ose tout quand on est ado :
J'ai découvert ce film en avant-première d'une manière assez drôle.
Plus de place disponible, la séance affiche complet et voilà Rawi privée de sa rencontre avec Deneuve, Chiara, Marjane et Danielle.
Réfléchissement Rawi et hop, je prends un billet pour la salle d'à côté qui diffuse un film dont je me fous complètement et qu'aujourd'hui encore, je n'ai pas vu. La jeune fille que je suis se faufille jusqu'aux toilettes et hop, elle bifurque pour pénétrer l'antre sacrée dans laquelle le saint graal tant convoité lui est promis.
Ni une, ni deux, je m'installe en deça des places "réservées" et j'attends. La personne qui m'accompagne n'a pas eu le temps de réagir jusque là et commence à se rendre compte et à me traiter de folle. Ce en quoi, je ne peux malheureusement pas la traiter absolument de menteuse. XD
En écoutant Marjane parler, je l'entends parler de ses souvenirs, de son enfanceet en même temps de l'engagement politique et sociale d'une enfant devenue femme dans un monde qui ne les considère pas comme des humains à part entière.
"Les femmes comme toi, je les baise contre les murs et je les jette aux ordures" aboie un barbu en mâle de virilité.
Le soutien de grands noms comme Deneuve, sa fille et sa maman de cinéma se comprend tout à fait quand on voit la force de conviction de cette petite brunette.
A ce moment là mon ignorance est totale, je n'ai jamais lu aucune planche de la BD que je dévorerai quelques mois plus tard, après avoir vu le film une seconde fois.

A travers son expérience, on entre dans un univers que l'on ne connait qu'à travers les livres. On fait patrtie de cette communauté opprimée, on se sent proche de ces gens révoltés contre un régime qui utilise la religion pour asseoir un pouvoir qui ne devrait pas lui échoir et qui cherche à le maintenir envers et contre tout par la force et la négation de la liberté individuelle..
Cette oeuvre autobiographique a ceci de très fort qu'elle mêle la peite histoire à la grande. L'enfant ne fait pas que se raconter. A travers elle, elle raconte son pays et l'histoire qui l'a agité. Le sens de l'épure qu'elle a choisi pour raconter cette page de l'Histoire, elle le reprend lorsqu'elle choisit de mettre ses personnages en mouvement.
Le trait et le noir et blanc sont respectés. Ils donnent à l'oeuvre ainsi adaptée une profondeur qui respecte la noirceur de l'oeuvre originale. Sans être exhaustive (4 tomes quand même) l'essentiel y est raconté. Sa grand mère en particulier. Quelle femme que cette grand-mère. Une personne exceptionnelle, moderne et cultivéei, libre, au franc parler délicieux mais aimant et bienveillant.

Le mouvement apporte de sérieux atouts à l'auteure car il permet d'enrichir les transitions et de souligner certains propos. Il souligne le contraste grandissant entre l'immobilisme du régime qui fige les populations à l'apprentissage de la liberté et donne une ampleur à la tragédie qui se déroule sous nos yeux. D'ailleurs les regards, les yeux font l'objet d'une attention toute particulière. On y lit, même s'ils ne sont que dessinés, cernés, énormément sur les personnages.

La leçon à ne jamais oublier, celle que Marjane veut absolument que son lecteur/spectateur garde en mémoire, c'est que l'ignorance et l'intolérance font bon ménage et se nourrissent l'une l'autre. Il ne faut jamais oublier de lutter contre la première pour anéantir l'autre.

Créée

le 21 oct. 2014

Modifiée

le 19 oct. 2014

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Rawi

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