Considéré comme une œuvre mineure dans l'immense filmographie de John Ford, Mister Roberts n'en reste pas moins un film très intéressant, s'inscrivant pleinement dans les thématiques chères à celui dont ont dit souvent, à raison, qu'il est la Bible de l'Amérique.


L'action se déroule durant la guerre du Pacifique à bord d'un cargo, dont l'équipage complètement démotivé, n'a pas eu de permission depuis plus d'un an, à cause d'un commandant tyrannique joué par James Cagney. Au milieu de tout cela, le lieutenant Roberts (Henry Fonda), qui représente une figure d'autorité positive pour les matelots, espère lui, obtenir l'autorisation de rejoindre les combats sur un autre navire.


Faux film de guerre, dénué de toute séquence de bataille, Permission jusqu'à l'aube se présente comme une chronique sur la vie des soldats de la Navy. Nous allons alors suivre le quotidien de ses hommes à bord du cargo, entre travail, inertie et bagarres ainsi que la guerre psychologique qu'ils mènent face au capitaine Morton.


À travers cet équipage, Ford reprend alors le grand thème qu'il a revisité durant toute sa carrière, à savoir la communauté et comment unir celle-ci entre tradition et ouverture afin de la maintenir face à l'adversité. Personnage Fordien par excellence, Henry Fonda aura ici un rôle crucial pour faire de cette somme d'individualité un vrai équipage, uni et travaillant les uns pour les autres. Il va représenter pour ces soldats une figure de respectabilité et un meneur à suivre, d'autant plus que celui-ci ne s'intéresse pas aux galons et autres décorations. À l'image du duel opposant John Wayne et ce même Fonda dans Le Massacre de Fort Apache, le lieutenant Roberts va régulièrement tenir tête, et ce de manière insolente, au capitaine Morton, obtenant ainsi le respect de ses hommes.


Si l'ensemble du film tient de la comédie avec de nombreuses séquences non dénuées d'humour, comme toujours chez Ford, la fin du métrage s'avère extrêmement touchante et tire alors vers le drame de manière totalement inattendue et avec d'autant plus de force que l'on se dirigeait plutôt vers un happy-end. Malgré la tristesse qui s'en dégage, celle-ci n'en reste pas moins très belle et valide l'union de cette communauté si chère à Ford.

Si celui-ci n'était pas au mieux de sa forme sur le tournage à cause notamment de problèmes d'alcoolisme et en conflit ouvert avec Henry Fonda, ce qui se ressent dans la mise en scène parfois un peu plate du film, Mister Roberts reste tout de même une œuvre tout à fait honorable dans la carrière du maître. À découvrir sans hésiter.

Christophe-Parking
7

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de John Ford et Les Parkings d'or 1955

Créée

le 8 janv. 2024

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