He disagreed with something that ate him

Au risque de surprendre je le dis franchement : A mon sens c'est le meilleur Bond des 30 premières années de la licence.


Combien ce Bond est meilleur que ses prédécesseurs, ça ne sauterait pas aux yeux de gens qui ne se sont pas farcis tous les Bond avec Moore peu de temps avant celui-ci. J'ai presque souffert devant certains tant ils étaient affligeants. Globalement trop légers et inconsistants, stupides (et un Bond stupide peut être agréable si au moins il est divertissant, or ils ne l'étaient généralement même pas) et bien entendu Moore bien trop vieux pour le rôle depuis... le début. Dès Vivre et laisser mourir il est au lit avec Jane Seymour qui a 25 ans de moins qu'elle, et dans son dernier Dangereusement votre il approche des 60 ans mais séduit 3 femmes qui ont la vingtaine... La rupture amorcée dans Tuer n'est pas jouer, le premier et avant dernier avec Timothy Dalton, faisait du bien mais avait ses défauts.


Il a fallu que j'attende 16 films pour me sentir investi dans un Bond. Pour plusieurs raisons : Déjà Bond bien qu'étant un agent entrainé et doué ne fait clairement pas super-héros à qui il ne peut rien arriver, on le voit plus fragile et sombre, en cela (paraît-il) plus proche des livres. On a la confirmation que Dalton était un très bon acteur, lorsque Bond découvre son meilleur ami mutilé et la femme de ce dernier sauvagement tuée, on sent tellement sa colère et son bouleversement en même temps. Certains de ses moments sont terriblement badass, cela tranche clairement avec le côté vieux playboy usé de Moore.


Le voilà en tout cas lancé dans une vendetta personnelle contre un surpuissant baron de la drogue, Sanchez. Une vengeance d'un certain raffinement, seul, il s'attaque intelligemment à cet empire en distillant une bonne dose de paranoïa dans l'esprit de ce dernier. Robert Davi le joue parfaitement, campant un méchant inhabituel dans la série plus habituée aux mégalomanes ultra clichés, il peut être appréciable dans certaines scènes. Le casting secondaire est de toute façon une réussite quasi complète :


Benicio del toro excelle en homme de main un peu tordu, mais sa notoriété acquise depuis éclipse la perf d'Anthony Zerbe qui fait du personnage de Krest une véritable saloperie qu'on aime détester. Carey Lowell est une des rares James Bond girl rivalisant avec ce dernier, et contrairement à ce que j'ai pu voir ça et là, le personnage de Talisa Soto (et même son jeu, mais si) a une véritable importance, autre que celle d'être agréable à l’œil j'entends. Et puis certaines personnes reprochent aussi à ce film "on ne se sent pas dans un James Bond". C'est oublier que Q a plus d'importance que jamais dans cet épisode, il permet d'avoir un visage familier et il apporte aussi un peu de légèreté.


Concernant l'action, la scène d'ouverture est remarquable question cascade, mais il est vrai que par la suite, le gros du film n'a pas de scène d'action mémorable durant un bon moment. Celle du bar par exemple étant assez oubliable. L'intrigue est assez bonne pour le compenser, d'autres scènes sont badass sans avoir besoin d'avoir des flingues et des explosions. Et si vous y tenez, il y a le climax : La dernière scène d'action du film est remarquablement exécutée. Paraît-il que dans Spectre en 2015, il y a eu la plus grosse véritable explosion de l'histoire du cinéma. Et pourtant, je trouve que deux des explosions de la fin de Permis de tuer rivalisent largement avec celle de Spectre. Notons de plus qu'on sent Dalton capable de faire certaines cascades lui-même, ce qu'il a d'ailleurs fait, (ce qui une fois encore tranche avec Moore) ce qui aide à crédibiliser la scène, et la musique de Michael Kamen amène une bande-son unique et radicale dans la saga, on reconnaît le style Die Hard et l'Arme Fatale.


Finalement le seul reproche que je pourrais faire au film est l'épilogue (non je m'en fous du plan sur la fontaine en forme de poisson qui cligne de l’œil) un peu trop convenu et "tout est bien qui finit bien" alors que pas tant que ça, mais je ne la spoilerai pas.


Cet opus beaucoup plus violent et sombre a rebuté pas mal de gens à l'époque, en ajoutant sa campagne promotionnelle ratée, le nouveau type de héros qui arrivait alors, et peut-être une certaine lassitude du public avec 16 films en 27 ans, ont fait de cet épisode le plus gros échec financier de l'histoire de la saga. Il est bon de voir que l'opinion du film remonte avec le temps, il le mérite tant pour l'écriture des dialogues que pour l'intrigue, le casting, l'acting, la musique, l'action, la scène de conclusion entre Sanchez et Bond... et j'ai failli oublier la chanson titre "License to kill". Une des meilleures en 24 films.

The Reg

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5

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