When you’re up to your ankles, you’re gonna beg to tell me everything. When you’re up to your knees,

La musique de Michael Kamen dès l’apparition du gun barrel annonce la couleur, l’heure est grave et ça va être violent. La suite ne la fera pas mentir, Bond plongeant à corps - et esprit - perdus dans une vendetta suite à un traumatisme qui réveillera ses vieux démons. Dès lors James Bond fait voler en éclat toutes mesures, entrant dans une abnégation totale au point de s’aveugler lui même du vrai sens de sa quête. Il faut dire que la nouvelle intrigue concocté pour lui ne l’épargne que très peu. Bond voit ses amis succomber (Della, Sharkey) ou en grande difficulté (Leiter), ses fondations se fissurer en ne le soutenant pas (le service et M) et les autorités restant passives... Il est seul face à lui même et il va s’acquitter de sa vengeance tel un squale. C’est un James Bond furtif et expéditif, se jouant de ses adversaires, et lorsque la première attaque fait un peu trop de remous, il temporise, cherche un meilleur angle, et réattaque. C’est violent, c’est sanglant, même vicieux. Et Timothy Dalton est parfait dans sa composition. Bien que voulant la jouer solo, il entraîne (dans une sorte de volonté masquée à lui même) dans son sillage des soutiens de poids qui lui permettent de ne pas se perdre en chemin. Tout d’abord la magnifique Pam Bouvier (Carey Lowell), indic de la CIA, pilote émérite et femme d’action, adoptant immédiatement Bond et sa cause au point de revenir constamment vers lui, lui qui ne rate pas une occasion de filer et de la laisser en plan. Ensuite ce bon vieux Q, qui n’aura jamais autant participé aux péripéties de Bond sur le terrain, et de créer une relation totalement inédite entre les deux. Aucune trace d’une répartie condescendante de la part du vieux, pas de trace de répartie moqueuse de la part du jeune (une légère quand même sur le fait de savoir si Q ronfle ou pas la nuit), mais une vraie entente, et un respect mutuel. Nombre de fois Bond leur répètera qu’il veut qu’ils s’en aillent, que la situation devient trop dangereuse pour eux, comme si chaque action exécutée ensemble et réussie était un signe de ne pas forcer sur la chance. Lui a choisi d’être là et ne veux pas être responsable si quelque chose devait arriver à sa «nouvelle famille». Un autre soutien viendra de la sculpturale, magnifique, sexy, charmante (rayer la mention inutile... ou pas) Lupe Lamora (Talisa Soto). Maîtresse du grand vilain Sanchez, jouant de malchance en ayant voulu se soustraire d’une condition peu enviable (elle mit 15 ans à quitter son chez elle dont elle ne veut plus entendre parler, on n’en saura pas plus a ce sujet), pour tomber entre les mains d’un narco-psycho-macho-jalou ayant fait d’elle sa chose. Voyant dans l’arrivé de Bond une échappatoire autant que lui aura besoin de son aide, même involontaire. Bond n’aura jamais autant dépendu des femmes, sans elles ils seraient mort 15 fois dans cette intrigue (nombre fictif, je n’ai pas compté), et chose surprenante, par deux fois ce sont les femmes qui prennent les devants face à un Bond tentant de ne pas profiter des situations. C’est Pam qui l’embrasse sur le bateau, valant de la part de James la remarque «vous n’attendez pas qu’on vous le demande ?», et c’est Lupe qui l’embrasse et le couche sur le lit dans la demeure de Sanchez, Bond manifestant une «très légère» résistance. James/Timothy est tellement classe qu’il ne drague pas et ne force pas. Coté antagoniste Bond fait face à son pire, Sanchez (Robert Davi) et sa clique (Le très jeune Benicio Del Toro entre autre). Un business man psychopathe, traitant tout et tous le monde comme des marchandises remplaçable, sacrifiables, ... et du coup imprévisible. Sa désinvolture est terrifiante. Rien ne semble pouvoir le traverser. L’argent qui prend pourtant une place importante dans sa vie (et dans l’intrigue) et que Bond prend un malin plaisir à voler, détruire ou utiliser contre lui ne sera en rien l’élément provoquant sa chute. Un des meilleurs de la saga.
John Glen conclu sa participation à la franchise de façon magistrale, si Bond n’a jamais aussi paru tendu, nerveux, brut, c’est à son actif qu’on le doit, sans jamais non plus renier les bases et le passif, juste en les amenant ailleurs. Les Girls sont magnifiques et sexy mais ont un vrai rôle à jouer, Bond se fait plus violent, plus rude mais trouve toujours un moment de décontraction, un trait d’esprit... qui font qu’il est lui. Les séquences d’actions sont une fois de plus phénoménales. Les compositions de Kamen accompagnent parfaitement le dynamisme du visuel. On retrouve bien ici et là ses gimmicks rappelant Piège de Cristal, mais il s’approprie aussi les sonorités passées. Timothy Dalton faisait un parfait Bond qui aurait mérité plus de films (Dalton dans GoldenEye j’aurais aimé voir ça). Une autre totale redécouverte pour un des meilleurs Bond.


Le Générique :
Chanson - Gladys Knight, dont le timbre fait fortement penser à Tina Turner, pour un rock prenant. Très beau thème.
Visuel - Maurice Binder pour sa dernière participation semble encore moins inspiré, ici les incrustations ne sont pas ce qu’il aura fait de mieux.


LA James Bond Girl :
Plutôt LES. Talisa Soto et Carey Lowell. Charmantes, charmeuses, battantes, survivantes, impliquées, jamais dans la posture de la potiche, leurs personnages n’existent pas parce qu’elle son belles (bon faut pas se voiler la face, elles ont quand même été choisies sur ce critère, ça reste un James Bond Movie) mais parce qu’elles participent à égal avec Bond à l’intrigue... tout ce qui manquait à beaucoup de personnages féminins dans la franchise.


LA réplique :
«When you’re up to your ankles, you’re gonna beg to tell me everything. When you’re up to your knees, you’ll kiss my ass to kill you.»


Bond n’a jamais été avare en bon mot et punchlines, le Bond de Timothy Dalton a un peu revu à la baisse cette part du personnage et dans ce film le personnage de Sanchez le supplante à ce niveaux. James Bond ligoté pieds et mains, est placé sur un tapi roulant ayant pour destination une énorme déchiqueteuse. La scène rappelle un peu celle de Goldfinger où Bond attaché à une table et menacé d’un laser tentait dans un total désespoir de trouver les mots qui feraient douter son antagoniste de mener à terme son supplice. Même configuration ici, Bond allant jusqu’à balancer Heller de ses intentions de se saisir des missiles Stinger, mais issue différente et bien plus sanglante.


LA scène :
Ce n’est plus du tout une scène, mais carrément tout le final débutant dans le laboratoire de production de narcotique en flammes pour se finir en mano a mano entre Bond et Sanchez. Les morts particulièrement violentes s’enchaînent : Dario, Heller puis Sanchez,. Bond/Dalton semble possédé, il veut Sanchez. Les cascades avec les camions sont incroyables et le travail du réalisateur, du réalisateur de seconde équipe, des coordinateurs et des cascadeurs et l’implication de Dalton aux cascades font de ce moment un des grands de la saga.

SemWen
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le 11 févr. 2021

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