Perfect Days
7.4
Perfect Days

Film de Wim Wenders (2023)

Le film suit le quotidien de Hirayama (Köji Yakusho), un homme célibataire d’une 40e d’années, qui vit dans un modeste duplex à Tokyo. Chaque matin, il se réveille, se brosse les dents, s’habille et, après avoir avalé une boisson prise au distributeur dans la rue, monte dans son mini-van et part à son travail. Celui-ci consiste à nettoyer les toilettes publiques de Tokyo. Il y retrouve son adjoint, un jeune homme du nom de Takashi (Tokio Emoto), un tire-au-flanc semi-décérébré, qui ne pense qu’à en faire le moins possible et à retrouver sa copine.


Quand Hirayama a terminé son travail qu’il fait consciencieusement (on rêverait d’avoir, en France, des toilettes publiques aussi bien tenues !), il va manger un morceau dans une galerie marchande où il est connu comme le loup blanc, faire sa toilette dans des bains publics, ou prendre un verre dans un bar tenu par Mama, qui interprète quelques chansons pour le bonheur de ses habitués, il rentre chez lui, se couche et lit quelques pages des nombreux livres qui forment, avec ses bonsaïs, son seul luxe.


Sa routine tranquille et bienheureuse est bouleversée une première fois le jour où son adjoint lui emprunte son van et surtout lorsque sa nièce, qui a fugué, débarque chez lui. On s’attend à ce qu’elle soit impossible et qu’il la rejette mais au c’est tout le contraire qui se passe. La gamine est tout aussi taiseuse que lui et ils partagent ensemble quelques moments de contemplation que l’on n’aurait pas imaginé chez quelqu’un de cet âge.


Lorsque la sœur d’Hirayama, une grande bourgeoise richissime qui vient, à bord de sa limousine avec chauffeur, rechercher la fugueuse, on s’attend à un esclandre, mais l’échange reste feutré même si on comprend qu’un drame sépare le frère de la soeur.


Mon opinion


Film singulier, entre pseudo-documentaire et oeuvre de pure poésie. Ce film très lent, très zen, pourra paraître ennuyeux à certains. On ne pourra s’empêcher de penser au chef d’œuvre absolu de Wenders : Les ailes du désir où les anges contemplent la vie des humains sans pouvoir intervenir dans leur destinée et, s’ils interviennent, perdent leur immortalité. Hirayama est une sorte d’ange éthéré qui apprécie la vie simple qu’il a, sa routine quotidienne, photographie les ombres portées des arbres, la musique des années 70 qu’il écoute sur des cassettes, les livres qu’il lit, les gens qu’il rencontre. On est partagé entre la poésie d’un film où peu de choses se passent et l’ennui. Mais on devra reconnaître à Wenders une qualité d’écriture cinématographique qui n’appartient qu’à lui.



Créée

le 19 avr. 2024

Critique lue 27 fois

Roland Comte

Écrit par

Critique lue 27 fois

D'autres avis sur Perfect Days

Perfect Days
Procol-Harum
7

À la lumière des imparfaits

« Je ne sais préparer que du tofu… Les côtelettes et autres recettes chic, je laisse ça aux autres réalisateurs. » — Yasujirō Ozu Le tofu d’Ozu est avant tout une trajectoire, un cheminement...

le 1 déc. 2023

55 j'aime

6

Perfect Days
VizBas
2

La vie à coups de javel

Perfect Days version Wim Wenders, c’est la chanson au singulier de Lou Reed, sans l’âpreté de la voix de Lou Reed, sans l’ambiguïté de son “You’re going to reap just what you saw”, geste de...

le 16 déc. 2023

33 j'aime

11

Perfect Days
Plume231
8

Quelques jours de la vie de Monsieur Propre !

Wim Wenders n'a jamais caché sa fascination pour le Japon. Il suffit de voir son immense admiration pour l'immense Yasujiro Ozu, observateur des mutations de la société de son pays par l'angle...

le 1 déc. 2023

31 j'aime

2

Du même critique

Sibyl
Roland_Comte
4

Brouillon et nombriliste

Sibyl (Virginie Efira), psychothérapeute, décide d’arrêter l’exercice de sa profession pour revenir à sa première passion : l'écriture. Néanmoins, alors qu’elle a annoncé à ses patients qu’elle...

le 26 mai 2019

11 j'aime

6

Les Enfants de Timpelbach
Roland_Comte
8

La république des enfants

Les critiques des revues ou des sites spécialisés sur le cinéma n’ont généralement pas épargné ce film, sans doute trop atypique pour eux, mais cela ne saurait me surprendre tant ils adorent pouvoir...

le 11 nov. 2023

9 j'aime

Et au milieu coule une rivière
Roland_Comte
9

Ne croyez pas qu'un film sur la pêche à la mouche soit forcément ennuyeux;

L'action se déroule dans le Montana, au début du XXème siècle. Le film est fidèle au livre, en grande partie autobiographique, de Norman Maclean : nés dans une famille presbytérienne du Montana, deux...

le 19 déc. 2014

8 j'aime