Tu te souviens ? C’était l’époque où Tim Burton était un génie barré et imprévisible, incapable d’être là où tu l’attendais, le mec tenait pas en place et supportait pas les cases. L’époque où ses films sentaient l’artisanat amoureux, pas cheap pour deux sous, mais on sentait que le rouleau-compresseur de l’argent n’avait pas encore bouffé tout le talent de ce visionnaire. Il n’était pas encore englué dans ce côté sombre et gothique qui semble être le seul qu’il sait encore nous montrer. Pee-Wee est son premier et tu vois, il a encore réussi à me surprendre parce-qu’il ne se prend pas une seconde au sérieux le Tim, tu sens le môme qui s’éclate avec un nouveau jouet et qui a compris qu’il peut faire des miracles avec un bout de carton et des crayons aux couleurs électriques.

Bon, faut quand même que je t’avoue que le Pee-Wee, j’ai un peu eu envie de lui casser la tronche au début, sa touche de grand dadet attardé, sa voix qu’on dirait ma femme qui chante, un supplice d’inquisiteur. Sans parler de cette maison transformée en gigantesque salle de jeux et qui semble habitée par le dernier des débiles. T’as un peu l’impression de voir le péquenaud de la classe devenu héros de film, tu gardes quand même l’envie de le gifler dès qu’il se marre. Ce rire débile c’est pas possible ! Tu sursautes à chaque fois que tu l’entends ! En fait, je crois que Pee-Wee m’a bien gonflé jusqu’à ce que ce gros saindoux de Francis lui choure son vélo. Bon, y a bien eu la toute mimie Dottie pour me rendre le tout supportable mais bon, si tu la vois cinq minutes c’est bien l’ tout. Oui parce-que Pee-Wee, figures-toi qu’il a le vélo de Bond, rouge et blindé de gadgets, un gars qui en jette quoi !

Après, Pee-Wee se barre en voyage à la recherche de sa bicyclette et là c’est vraiment la meilleure partie et Burton s’éclate à faire de chaque image une surprise pleine de n’importe quoi. Les rencontres sont toutes dingues et partent en vrille : Pee-Wee et la camionneuse-surprise, Pee-Wee fait du parachute en décapotable avec un prisonnier évadé, Pee-Wee devient bikers et danse sur la table du bar en talons hauts et pour finir, Pee-Wee fout le bordel à la Warner Bros. C’est le meilleur moment du film, une course poursuite délurée à l’ancienne avec des moyens de transports parfois …surprenants. Mais y s’en fout Pee-Wee, il s’amuse alors il est content. Tu te dis qu’en fait, même s’il est un peu neuneu, Pee-Wee c’est le mec le plus heureux, qui s’éclate avec son train électrique, qui prend son pied à faire des acrobaties sur son vélo, qui prend des petits déj’ pas du tout équilibrés et allez comprendre pourquoi, Dottie à un béguin de dingue pour lui ! Et pas pour moi !

Tu sais quoi ? J’ai fini pas m’y attacher à ce Pee-Wee, il reste agaçant c’est sûr, il se la raconte un tout petit peu des fois. Mais il est sincère Pee-Wee, c’est un mec heureux qui veut rendre les autres heureux. Bon, ça l’empêche pas d’être un peu égoïste quand tu touches à sa petite reine. Non pas Dottie (mais c’est une petite reine quand même, mais pas la mienne), je voulais dire son vélo. C’est pas le meilleur Burton c’est sûr, faut dire c’est le premier, mais ça reste bien au-dessus de plusieurs de ses dernières croûtes. Y a de la fraicheur, de la naissance de talent à revendre et surtout le type, il ose tout sans rien respecter des codes de ses ancêtres cinéastes, une nouvelle vague à lui tout seul, mais une vraie cette fois !
Jambalaya
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le 6 mars 2014

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Jambalaya

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