Richard rencontre Ellen, jeune femme charismatique et impétueuse. Rapidement mariés, Ellen cherche à contrôler tous les éléments de la vie et de l’entourage de Richard, mu par un amour obsessionnel et possessif. Ne souffrant d’aucune compétition, sa peur de l’abandon et son besoin de contrôle la pousse de plus en plus loin, jusqu'au meurtre et aux fausses accusations.
Gene Tierney incarne magistralement la puissance et les jeux de domination de Péché Mortel, elle domine également ses co-acteurs. Si la mise en scène est dans l’ensemble assez sage, la scène de la barque se révèle d’une force rare, combinant les codes du suspense et le jeu subtil de l’actrice, la transformant en prédateur à l’affut, qui attend son heure pour frapper. Le chapitrage par lieu, présenté même comme des tableaux, souligne efficacement sa dégradation mentale et à l’inverse l’augmentation du malaise ambiant.
Ce qui m’a frappé au-delà d’un solide film noir, c’est la nouvelle lecture qu’on peut en faire aujourd’hui. Certes personnage dérangé, je ne peux m’empêcher de voir en Ellen un personnage tragique, dont l’amour ne sera jamais vraiment rendu par son mari, qui la délaisse volontiers ; les doutes d’Ellen s’avèrent par ailleurs justifiés quant à sa cousine.
Le final est cependant un peu brouillon, avec un retournement de situation favorable pour Richard qui manque de crédibilité et d’intérêt — les « gentils » ne pouvant pas « perdre ». Dommage que John M. Stahl n’aie pas tenté un final plus osé et cynique.