Seulement quelques semaines après La Salle des Profs, sort sur nos écrans un nouveau film avec comme sujet principal un professeur pris dans l’engrenage infernal de la rumeur. Sans doute parce qu’il est inspiré du vécu de l’auteur/réalisateur, Pas de Vagues m’a semblé plus réaliste, le scénario moins forcé que dans le film allemand. Il souffre parfois des mêmes défauts dans la construction de son crescendo, mais de manière beaucoup moins marquée.

Le mécanisme narratif est le même, un fait anodin (ou du moins que n’importe qui penserait anodin) déclenche une réaction en chaîne qui va conduire le principal protagoniste à une situation invivable. Ici une élève accuse son professeur de harcèlement après qu’il l’a prise en exemple pour illustrer un poème. La réaction taquine de la classe va renforcer la mauvaise interprétation de la part de la jeune fille, entraînant très vite Julien dans un tourbillon absurde entretenu par la rumeur et les bruits de couloir. Livré à lui-même, il se heurte au peu de soutien du système et, forcé à faire son coming-out, à une bonne dose d’homophobie. Il doit en outre faire face à l’indifférence de la police, la mesquinerie voire la malveillance de certains de ses collègues, la lâcheté de sa hiérarchie et l’incompréhension de son entourage. Ne pouvant pas s’expliquer et animé par un profond sentiment d’injustice, le jeune homme perd complétement pied.

Si Pas de Vagues n’est pas exempt de maladresses, il ne sombre pas dans le cliché ni la thèse sociale. Il n’ambitionne pas de dresser un état des lieux de l’éducation nationale et se garde bien de faire de l’histoire de Julien une généralité. Le film évolue ainsi progressivement en un thriller social très efficace principalement construit autour du personnage de Julien, magistralement interprété par François Civil, quitte à éclipser les personnages secondaires.

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le 2 avr. 2024

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