Le réalisateur de Precious revient sur le devant de la scène grâce à Paperboy, après avoir choqué bon nombre de personnes au festival de Cannes à cause de certaines scènes de mauvais goûts. Simple façon de choquer l’auditoire ou réelle plus valu ? Difficile à dire mais ce n’est pas là que réside le principal intérêt du film et il serait dommage de ne le lier qu’à ces scènes « choquantes ».

Paperboy est une réelle surprise, non pas à cause de son scénario, particulièrement classique et qui ne vous donnera d’ailleurs aucune réponse, mais plutôt grâce à une réalisation et un casting particulièrement maitrisé. Aussi parce qu’il excelle dans sa narration et dans son univers très bien mis en valeur à l’écran. Comme une sorte de vieille bobine ternie par le temps et qu’on aurait trouvé 40 ans après. Ainsi grâce à de simples filtres et à une bonne mise en valeur de l’image, on se retrouve déjà propulsé à une époque ou blancs et noirs se faisaient encore la guerre, malgré l’évolution des mentalités. C’est d’ailleurs cette constante tension, qui nous pèse durant tout le film, qui capte au départ l’intention. On découvre ce trou paumé d’Amérique durant l’été 69 où il fait une chaleur à crever et où deux journalistes arrivent, dans le but de libérer un homme condamné à mort et selon eux innocent.

Une enquête pas forcément passionnante mais qui se révèlera finalement captivante grâce à la seule force de ses personnages. Chacun à ses parts d’ombre ou un secret qu’il garde au fond de lui, priant pour qu’il ne soit pas révélé au grand jour. Ils essaient de résister ou non à leur pulsion, essaient de survivre dans un univers où ils ne semblent absolument pas adaptés. Tous un peu plus fou ou naïf les uns que les autres, ils agiront souvent mal, ce qui entrainera diverses conséquences plus ou moins grave, impliquant que ce film qui n’était au départ qu’un thriller, se transforme en voyage initiatique. Allant toujours plus progressivement dans la folie, le film impose littéralement une tension au point qu’on est pris aux tripes lors de certaines scènes.

La plus grande surprise dans tout ce beau monde étant probablement Zac Efron qui se retrouve être au cœur de l’intrigue et qui surtout se dote d’un jeu très agréable, bien loin de ce qu’on aurait pu imaginer. Certaines trouveront forcément à redire sur le fait qu’on voit souvent sa plastique mais qu’importe vu que le reste du casting n’est pas en reste grâce à une Nicole Kidman brillante en nympho cinglée, un John Cusack brillant de folie et un Matthew McConaughey qui se révèle être au fil du temps, un acteur toujours plus intéressant à suivre. Et c’est un véritable plaisir de voir un casting comme celui-ci aussi bien maitrisé.

Bref Paperboy est un film à voir pour toute ces qualités. Doté d’un casting solide et brillamment dirigé, d’une réalisation dans le ton et d’une intrigue toujours plus prenante, le film nous entraîne toujours un peu plus dans la folie tandis que les personnages, eux, essaient de s’en extirper. Tout y est poisseux, sale et vicieux et c’est au final un véritable plaisir, d’autant plus que celui impose progressivement une tension réellement viscérale jusqu’au dénouement final. On en oublierait presque ces scènes choquantes qui au final n’ont rien de bien marquantes (à part peut-être celle de la prison) tant elles s’intègrent au final bien dans le déroulement de l’intrigue. Jouissif, provocateur et prenant, Paperboy est un plaisir total.
Florian_Bodin
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le 28 oct. 2012

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Florian Bodin

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