Au cœur de cette interminable plongée soporifico-léthargique dans une Polynésie ramenée à une succession de paysages colorés, chromos rosâtres au charme daté de vieilles cartes postales kitchouilles, il y a cette vague préoccupation qu’agite un groupe d’acteurs qui improvisent ensemble des dialogues bredouillés maladroitement. Au centre de ce cirque dépouillé au xanax, englué dans cette lascivité tropicoqueer de pacotille, Benoit Magimel, un politicien local, finit par se prendre au jeu et démarre une vague enquête un peu floue sur la possible reprise d’essais nucléaires dans le coin. Quelques ronflements plus tard, et de discussions molles en virées diverses, (en bateau, en avion, à pied, on fait un petit tour)… il mène une enquête dont visiblement il s’agit de se contrefoutre. L’artificialité du dispositif, des dialogues et des personnages donne un air de spectacle de fin d’année au film. Tous ces personnages, empotés dans leurs déguisements ridicules, semblent partager silencieusement le hurlement de détresse aphone qui m’a saisit durant ce film d’une longueur scandaleuse. De temps en temps, un petit monologue essaye de secouer un peu ce trip sous xanax pour fustiger la politique et les magouilles des gens d’en haut qui s’en foutent des gens d’en bas. Mais rien ne fait sens, à aucun moment ces gens ressemblent à autre chose qu’à de pauvres victimes à qui on a filé un costume et à qui on a demandé d’improviser n’importe quoi. Le film se donne parfois de faux air d’être, ou pas, un thriller parano sur un sujet réel alors que le sujet est traité par-dessus la jambe d’une manière insultante. Lorsqu’on ne sait pas de quoi on parle, et qu’on a visiblement rien à foutre de son sujet parce qu’on est tellement au dessus de la trivialité du réel, on pourrait verser dans la grosse bouffonnerie. Et quelque part, ce spectacle sans queue ni tête pourrait presque paraitre touchant si tout ce merdier ne puait pas la prétention pédante de ces cuistres persuadés que leur vision peut s’affranchir de toute décence formelle et intellectuelle. A force de s’enfoncer lentement dans le désespoir, on finit par atteindre une sorte de catatonie sensorielle. Je n’étais plus en état de réagir lorsque durant 20 minutes, l’espèce de tronche de poivrasse que le réalisateur a déguisé en Amiral pour son film s’est mis à danser avec un type musclé vêtu seulement d’un slip blanc sous une lumière noire en suivant maladroitement le rythme amorphe d’une musique aussi merdique que détestable. In fine, j’ai réussi à retrouver quelques facultés pour pouffer d’un rire gêné et consterné devant le discours absolument ridicule qu’improvise, pour finir le film, le rigolo dans son costume wish d’Amiral fait un discours absolument ridicule avec la tête concernée du type persuadé que son rôle sera coupé au montage. Une sacrée merde qui n’a rien d’autre à proposer que sa spectaculaire prétention, seule à pouvoir se mesurer a son insondable vacuité.