Le fils bâtard de Fast & Furious et 60 Secondes Chrono, façon production Besson

Jusque-là habitué aux seconds rôles hollywoodiens (Fury, Suicide Squad, Fast & Furious 8, Snowden…) après avoir été lancé par son paternel, le grand Clint (*Mémoires de nos père*s, Gran Torino et Invictus), voici que Scott Eastwood se retrouve propulsé en tête d’affiche d’un long-métrage international. Qui plus est un film d’action estival, ce qui peut avoir un impact plus que conséquent sur sa carrière. Malheureusement pour lui, le résultat ne penchera clairement pas en sa faveur. Si les raisons sont nombreuses, il faut en retenir principalement deux. La première étant le fait qu’Overdrive est sorti le même jour qu’un autre actioner, Atomic Blonde, sur le papier beaucoup plus prestigieux. Et la seconde, un constat qui coule de source dès le visionnage de la bande-annonce : le long-métrage n’est, ni plus ni moins, que le fils bâtard de 60 Secondes Chrono et Fast & Furious, mariné à la sauce production Besson.


Et pour cause, Overdrive reprend le même genre de trame qu’avec Nicolas Cage, à savoir une histoire de vol de voitures. Le tout se voulant aussi fun, débile et spectaculaire (le film propose quand même une caisse roulant sur un pont qui s’écroule) que la saga de Vin Diesel, sans en oublier le cadre exotique (les Calanques de Marseille), l’ambiance musicale façon playlist et les jolies pépés. Pour le moment, rien de bien méchant si ce n’est que le film ne fait que reprendre une formule ayant déjà fait ses preuves auprès du public. Pas de nouveautés sous le soleil du Sud de la France ! Mais rien qu’avec ça, le long-métrage aurait pu se montrer suffisamment sympathique pour passer un agréable moment entre amis, le temps d’une séance. Il suffit de voir comment démarre l’ensemble. Par le biais d’une séquence d’introduction, un casse routier, qui se révèle être assez énergique, efficace et spectaculaire. De quoi nous mettre dans le bain illico ! Sauf qu’une fois le générique de début passé, les racines du producteur vont très vite rattraper Overdrive


Il s’agit du français Pierre Morel. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, c’est un cinéaste ayant fait ses armes auprès de Luc Besson en tant que cadreur et directeur de la photographie, avant de s’attaquer à la réalisation de productions signées EuropaCorp. : Banlieue 13, Taken et From Paris with Love. Étant donc un poulain du papa de Nikita et Léon, il fallait donc s’attendre à ce qu’Overdrive subisse la méthode, à savoir un projet qui ne s’intéresse qu’à faire venir des acteurs américains chez nous au point d’en négliger grandement le reste. À commencer par le scénario qui, souffrant déjà d’un classicisme désespérant, se vautre dans un vide abyssal sans nom. Enchaînant sans aucune pudeur les retournements de situations tirés par les cheveux. Les personnages aussi fades qu’inutiles, interchangeables au possible. Un humour lourdingue qui faisait déjà défaut à la séquence d’introduction (le personnage joué par Freddie Thorp est une véritable tête à claques). Des scènes qui n’ont aucune logique entre elles. Et des répliques d’une incroyable médiocrité (le coup de « Je suis bonne », même Carambar n’aurait pas osé !). Pour paraître divertissant, Overdrive aurait pu s’amuser de toute cette débilité d’écriture, comme le font les Fast & Furious. Mais non, le film préfère accumuler ses tares sans jamais les reconnaître, s’enlisant par moment dans un sérieux gênant et retardant l’action à outrance. Pour finalement se terminer sur une course-poursuite qui n’atteint au combien jamais le panache de l’ouverture, un comble !


Le pire, c’est que le long-métrage ne peut même pas compter sur le reste pour sauver les meubles. Le casting ? Une réunion d’acteurs sans aucun charisme ni talent (Scott n’a hérité de son père que le nom), en totale roue libre. À croire qu’ils ont été pris selon les critères suivants : des beaux gosses et des jolies filles pour les héros, avoir une sale tête pour être les méchants. C’est une chose de prendre sur le physique, mais faut tout de même autre chose que l’apparence pour impressionner l’assistance ! La mise en scène ? Inexistante, impersonnelle. Pire, il semblerait même que le réalisateur Antonio Negret ait perdu ses repères en faisant ce film. En effet, n’ayant pour l’instant dirigé que des épisodes de séries TV (The 100, Arrow et Legends of Tomorrow), le bonhomme se retrouve projeté à la tête d’un long-métrage sans vraiment savoir comment en faire un. Les codes ne sont pas les mêmes et il faut s’y habituer, cela va de soi. Mais le résultat doit rester le même : livrer quelque chose de cohérent. Or, Overdrive part dans tous les sens question ton, rythme et mise en scène. Donnant l’impression de passer du coq à l’âne bien trop souvent. Un exemple ? Une scène où les personnages principaux sont menacés par l’antagoniste principal, pointant vers eux un fusil, prêt à tirer. Un moment sur le papier tendu, qui enchaîne aussitôt sur une explication du héros, façon manga. Une transition très bancale qui se réitère sur plus de 90 minutes de visionnage, enchaînant les flashbacks et séquences « imaginées par les personnages » histoire d’illustrer des propos, ce qui procure au film son aspect de mauvais brouillon inachevé. Et provoque chez le spectateur ennui et désintéressement…


En ce mercredi 16 août 2017, le choix est donc fait ! Malgré ses imperfections qui font de lui un sous-John Wick au féminin, vaut mieux se tourner vers Atomic Blonde, un divertissement d’action à la qualité assurée. Fuyez autant que possible Overdrive, une série B qui a tout d’une production Besson sans en être véritablement une au générique. En plus de votre temps et de votre argent, vous y perdrez également des neurones. À moins, bien sûr, que vous ne soyez pas difficile et que vous aimiez les cartes postales de Marseille et les beaux bolides, au quel cas ce film peut, éventuellement, vous combler. À condition de ne pas être difficile…


Critique sur le site Cineseries-mag --> https://www.cineseries-mag.fr/cinema/critiques-films/overdrive-de-antonio-negret-107303/

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