C'est le premier film en tant que réalisateur que je découvre de Dennis Hopper et apparemment, c'est l'un des plus rares qu'on puisse dénicher. Avec cette oeuvre, le cinéaste évoque l'Amérique profonde, une Amérique remplie de désillusions, un pays où le revers de la médaille à l'American Dream existe forcément.

Cindy est une jeune fille garçon manqué, aimant les camions et la musique punk. Elle souffre finalement de l'absence de son père en prison pour être entré dans un bus de ramassage scolaire, tuant pour le coup quelques enfants. Sa mère est une droguée notoire semblant voguer d'hommes en hommes.

La grosse première heure du film est d'un niveau somme toute remarquable. C'est certes une Amérique désenchantée que l'on a à l'écran, mais Hopper parvient à trouver de la justesse dans son propos. Ce n'est jamais filmé de manière réaliste ou alors de façon misérabiliste. Au contraire, dans le maniement de la caméra, la façon dont il la laisse parfois aller rappelle plutôt du Terrence Malick. Mais la comparaison s'arrête évidemment là.

A travers une musique rock & roll, ce sont des personnages bruts que l'on a à l'écran. La jeune Cindy (surnommée Cebe) incarne cette jeunesse remplie de désillusions face au monde des adultes, lorsqu'on est mal entouré. En effet, cette gamine fugue, vole des voitures, fait la dure, mais continue à sucer son pouce en dormant!
On retrouve un casting de qualité avec un Dennis Hopper excellent dans le rôle de père alcoolique. Mais le prix de l'interprétation reviendrait certainement à la jeune Linda Sanz qui ne connaitra pourtant qu'une carrière éphémère. Elle était bourrée de talent, mais les studios ont préféré la bouder par la suite.

Il y a toutefois un "mais". La fin est pour moi ratée puisque le cinéaste choisit la voie de l'autodestruction. Le dernier quart d'heure révèle un éclatement familial qui était de toute façon déjà latent. La mère n'hésite pas à tromper son mari en se laissant toucher par le meilleur ami. Le père est prêt à donner sa fille à ce même homme pour qu'elle couche avec. Bref, c'est une fin assez bizarre à laquelle la jeune fille va y mettre fin de manière irrévocable. C'est un final un rien exagéré pour moi, peut-être trop sombre et sinistre.

Ca n'enlève cependant en rien les qualités présentes dans le film et notamment donc cette jeune fille qui avait son père comme idole et qui cherchera toujours à en avoir un à la maison, recherchant désespérément chez Elvis Presley par exemple, la figure d'un père. Dennis Hopper nous montre toutefois le côté face d'une Amérique, bien loin de l'image bien lisse que l'on peut avoir en tête.
batman1985
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le 22 juil. 2012

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