James Bond et Miss France vont faire de la plongée contre Jean-Marie Le Pen

Définitivement imposé dans le paysage cinématographique des Super-productions, James Bond revient pour un quatrième opus. Adapté d'un roman de Fleming, lui-même inspiré d'un scénario de Kevin McClory, Thunderball devait être le premier film de la saga, les producteurs s'étant finalement rétractés en raison du cout du projet. Parce que Oui, Thunderball est un film qui coûte bonbon, et ça se voit encore aujourd'hui malgré son âge. Look Up, Look Down, Look Out...Here comes the Biggest Bond of All!

Comme tous les films de la période Connery, Thunderball ne déroge pas à la règle et les années n'ont pas été des plus tendres avec ce Blockbuster. Mais si les presque cinquante ans du film se voient, ils se voient, à l'instar de Goldfinger et From Russia With Love, avec un plaisir inouï mélangé d'une nostalgie de cette époque au final inconnue. L'élégance de l'espion n'a rien perdu malgré le postiche que porte Sean Connery pour cacher sa calvitie (Si vous n'en croyez pas un mot, voyez des photos de tournage, et vous verrez l'écossais chauve comme un oeuf). Face à lui, amenez une flopée de méchants charismatiques, Guy Doleman pour la première partie du film en Comte Lippe, Luciana Paluzzi en plantureuse maîtresse femme à la rousseur flamboyante et bien sûr cet inquiétant borgne de Emilio Largo, incarné par l'excellent Adolfo Celi, acteur imposant au physique de rapace. Cette bande de sinistres personnages travaillent bien sûr pour le SPECTRE, et leur chef Blofeld, dont les mains caressant un chat restent ici le seul caractère physique que nous pouvons lui attribuer.
Ne nous penchons pas sur l'intrigue, des synopsis exhaustifs, il n'en existe que trop. Thunderball possède tous les atouts du bon opus de la franchise, scénario habile, mis en image par des moyens de taille et porté par des acteurs de talent dans des décors somptueusement exotiques. Pourtant, le film possède un caractère résolument Over The Top, c'est d'ailleurs le premier Bond qui va trop loin. Regardez cet opus, puis les deux premiers Austin Powers et vous verrez que les meilleurs gags de ces parodies, sont pour la plupart des références à cet opus. L'affiche d'époque était éloquente, présentant trois vignettes distinctes de Bond dans des situations des plus folles, Thunderball, c'est James Bond en Jet-Pack, Thunderball, c'est James Bond en plongée, Thunderball, c'est James Bond avec des femmes.
Pourtant les nombreuses qualités ne sont pas à mettre de côté. A commencer par l'intrigue, qui toujours dans le style de la menace terroriste mondiale, va chercher assez loin et permet à l'équipe de véritables défis techniques. Le film donne la part belle au dépaysement, s'ouvrant sur une séquence de bagarre dans un château français, pour continuer dans la campagne anglaise et finir par partir aux Bahamas. Là dessus, Bond a de la chance, comme d'habitude. Les neufs agents 00 en plein débrief se voient affectés aux quatres coins du monde, et Bond (qui arrive en retard!) se voit envoyer aux Bahamas, j'aurais adoré voir le point de vue d'un quelconque 00, affecté dans le détroit de Mourmansk. De plus, la clef de l'intrigue étant une femme, ça permet à 007 et nous autres spectateurs de se rincer l'oeil puisque c'est la française Claudine Auger (ex-miss france) qui se coltine le rôle de la gamine éplorée persécutée par son borgne de tuteur. Bikini ou robes de soirée, on ne saura rester de marbre face à ces yeux de biches et physique bien avantageux. Ce personnage permettant d'amener la dualité nécessaire entre Bond et son ennemi, les quelques séquences de Dialogues entre Connery et Celi seront des plus réussies, sous entendus étant de mise, on se délecte de ce jeu ambigüe auquel se prêtent ces deux acteurs aussi charismatiques que talentueux.
A cela, ajoutez-y des séquences d'actions de taille. Une bagarre très années 60 (accelerés et montage de charcutier) ouvrant l'aventure, qui se solde par une échapée-belle en Jet-Pack! Je ne sais toujours pas comment James Bond a eu le temps d'aller poser son Jet-Pack sur le toit du château, mais soit! Puis beaucoup de choses, vols de missiles nucléaires par le SPECTRE, infitration de la villa de Largo qui se termine dans une piscine de requins, puis un climax des plus fous opposant deux armées de plongeurs pour un rixe aquatiques des plus belles. Thunderball se voit devenir le premier calque de la saga. Quasiment tous les opus suivants suivent exactement le même déroulement. Dans le cas présent, c'est très joli et réussit, même si la mise en scène de Terence Young manque de peps quant au spectacle. Heureusement, on peut compter sur Peter Hunt, second monteur de la franchise pour imposer son style désormais daté mais non moins justifié et redonner un véritable rythme à ce véritable show de plus de deux heures.
Parler de Thunderball en omettant la partition de John Barry serait une pure hérésie. Si le thème principal de Tom Jones parait en deça du chef-d'oeuvre chanté par Shirley Bassey, il n'en est pas moins agréable. Mais c'est surtout les cuivres de l'orchestre qui nous feront frémir durant le film, accompagné des instruments à vents qui calment le jeu, pour reprendre à coups de percussions dans les moments de tensions. John Barry se prête au jeu du musicalement exhaustif pour accompagner ce blockbuster, c'est tout à son honneur, puisqu'il parvient à primer la variation sur la répétition et impose à nouveau son style.

Thunderball marque le véritable point d'orgue de la saga. Il impose un rythme narratif clair, offre un spectacle de taille et joue la carte de la surenchère avec Brio. C'est vers cette surenchère que la saga va s'orienter, perdant petit à petit toute crédibilité narrative, mais dans le cas présent, ça fonctionne toujours et c'est d'autant plus réussit que le film n'a pas énormément perdu de sa qualité malgré son âge avancé. Thunderball reste surement le plus gros Blockbuster d'action des années 60.

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le 21 avr. 2013

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ArthurMonkeyman

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